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Forum du G20 : un évêque sud-africain affirme la valeur des communautés religieuses

Mgr Thulani Victor Mbuyisa du diocèse catholique de Kokstad, en Afrique du Sud, souligne le rôle vital des communautés religieuses dans la gouvernance mondiale, y compris leur contribution au Groupe des Vingt (G20), le forum intergouvernemental composé de 19 pays souverains, de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA).

Dans un message publié le vendredi 20 juin intitulé « Le moment G20 de l’Afrique – un appel moral à la justice et à la solidarité mondiale », Mgr Mbuyisa qualifie les enjeux de gouvernance de « spirituels » et insiste sur la responsabilité de l’Église de s’impliquer activement dans les débats sur la gouvernance et la justice.

« Certains peuvent se demander : que viennent faire les Églises dans les discussions sur la dette, le climat ou la justice économique ? Notre réponse est simple : ce sont des questions spirituelles », affirme-t-il dans son message, en prélude au Symposium sur la justice mondiale et la solidarité, prévu les 23 et 24 juin à l’Université du Cap, en Afrique du Sud.

Il insiste : « Nous ne venons pas les mains vides au G20. Les communautés religieuses gèrent plus de 40 % des services de santé en Afrique. Elles éduquent des millions d’enfants. Elles bénéficient de la confiance des communautés. »

Le membre sud-africain de la Congrégation des Missionnaires de Mariannhill (CMM) souligne que les communautés de foi ont le pouvoir de « mobiliser », mais surtout, « elles peuvent dire la vérité, même lorsque cette vérité dérange. »

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« La faim n’est pas seulement un échec politique — c’est une atteinte à la dignité humaine. L’exclusion de l’éducation n’est pas qu’une inégalité — c’est un vol du potentiel donné par Dieu. La dette impayable n’est pas qu’une mauvaise planification — c’est une forme moderne d’oppression », affirme-t-il.

L’évêque sud-africain, qui préside la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC), met en garde contre la tentation pour le G20 de rester « une plateforme des riches et des puissants pour renforcer le statu quo ».

Selon lui, le G20 « doit devenir un vecteur de transformation, de solidarité et d’espérance. Pour l’Afrique, ce n’est pas simplement un agenda politique — c’est un appel à la conscience ».

Il souligne que l’Afrique, malgré sa population la plus jeune au monde, des mouvements de renouveau dynamiques, et des communautés riches en résilience et en foi, se trouve « à la croisée des chemins », accablée par « des systèmes financiers injustes, une dette paralysante, une dégradation écologique et une négligence mondiale ».

« Cette tension définit la condition africaine de notre temps : une abondance de potentiel, mais contrainte par des règles extérieures et des inégalités internes », explique Mgr Mbuyisa, justifiant la tenue en Afrique du Sud du symposium réunissant des leaders religieux, des acteurs de la société civile, des universitaires et des décideurs politiques.

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Il ajoute : « Notre objectif commun est d’apporter la voix de l’Afrique — et son âme — au cœur de l’agenda du G20. Cette initiative est coordonnée sous l’égide du réseau Solidarity for One Humanity, One Future. »

« Comme le pape François nous le rappelait constamment, un véritable leadership mondial commence non pas par la domination, mais par le dialogue. Dans Fratelli Tutti, il nous a exhortés à construire une ‘politique meilleure’, enracinée dans ‘l’amour social’ et ‘le sentiment d’appartenir les uns aux autres’. Ce n’est pas un idéalisme naïf », déclare-t-il, soulignant que le dialogue est « le seul chemin vers un avenir durable, pacifique et humain ».

Mgr Mbuyisa critique l’architecture financière mondiale actuelle, qualifiant la dette croissante de l’Afrique de « scandale moral » qui prive des millions de personnes de services essentiels.

Il déplore le fait que les obligations de remboursement de la dette en Afrique contraignent de nombreux gouvernements à consacrer plus de ressources au remboursement qu’à la santé ou à l’éducation.

« Ce n’est pas que les pays africains sont irresponsables, mais le système financier mondial est truqué contre eux. Les créanciers privés imposent des taux d’intérêt exorbitants. Les institutions multilatérales imposent des conditions rigides », explique-t-il.

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Rappelant l’appel de feu le pape François en faveur de la justice de la dette, il invite les dirigeants du G20 à se souvenir que « la dette ne doit pas être remboursée au prix de sacrifices insupportables ».

Il insiste sur la nécessité d’une réforme complète de la dette, déclarant : « En 2025, alors que l’Église se prépare à célébrer l’Année jubilaire — une tradition biblique fondée sur le pardon des dettes — nous devons pousser le G20 à s’engager pour un véritable allègement de la dette et la création d’un cadre équitable d’insolvabilité internationale. »

Concernant la présidence sud-africaine du G20, Mgr Mbuyisa y voit une « opportunité morale profonde », bien au-delà d’une simple responsabilité géographique.

Il déclare : « Que la présidence sud-africaine du G20 ne soit pas retenue pour ses communiqués polis et ses séances photo, mais comme le moment où l’Afrique s’est levée — non pas seulement pour demander, mais pour diriger. »

« Levons-nous, avec courage et conviction, pour construire un monde où la justice ne soit pas seulement un slogan, mais une réalité vivante », implore-t-il.

Mgr Mbuyisa conclut en soulignant que le Symposium du G20 sur la justice mondiale et la solidarité ne doit pas être vu comme un « événement parallèle », mais comme une « étincelle ».

« C’est une étincelle. De là, nous espérons allumer un mouvement enraciné dans l’appel de l’Évangile à la justice et dans la tradition africaine d’Ubuntu : je suis parce que nous sommes », conclut-il.

Nicholas Waigwa