«Leur souffrance est notre souffrance» : un responsable du Vatican s'exprime sur la persécution des chrétiens au Nigeria

« Nous nous unissons à eux dans la prière, et nous appelons également ceux qui ont le pouvoir et l’autorité à agir, à mettre fin à ces tueries et actes de violence dans le pays », a déclaré ce haut responsable du Vatican d’origine nigériane.

L’insécurité est endémique au Nigeria, où les enlèvements, les meurtres et d'autres formes de persécution contre les chrétiens demeurent fréquents, en particulier dans les régions du nord.

Le 13 juin, des militants islamistes peuls ont attaqué la ville de Yelewata, dans l’État de Benue, tuant au moins 200 personnes dans ce que des organisations humanitaires internationales ont qualifié de « pire massacre » dans cette région du Nigeria.

Lors de cette attaque largement condamnée, le pape Léon XIV a exprimé sa proximité spirituelle avec les victimes du massacre. Les assaillants auraient ciblé des chrétiens déplacés à l’intérieur du pays, incendié les bâtiments où des familles s’abritaient, et attaqué à la machette tous ceux qui tentaient de fuir.

Dans l’interview accordée le 27 juin à ACI Afrique, Mgr Nwachukwu a déclaré : « La violence ne doit jamais définir l’identité du peuple nigérian. Ce sont tous des frères d’une même nation. »

Il a ajouté : « Pendant des décennies, les Nigérians ont vécu et travaillé côte à côte sans s’entretuer. Nous prions et demandons la fin de ces tueries, et nous disons aux victimes : vous n’êtes pas seuls. »

Soutenant l’initiative nationale de prière de neuf jours récemment lancée par les membres de la Conférence épiscopale du Nigeria (CBCN), Mgr Nwachukwu a souligné que la prière seule ne suffisait pas.

« La prière est essentielle, mais nous devons aussi l’accompagner d’actions : dialogue, engagement, aide aux victimes, et appel constant à la justice. Une véritable prière ne se limite pas aux mots ; elle doit conduire à de bonnes œuvres », a-t-il dit.

L’ancien diplomate du Vatican, qui a servi comme nonce apostolique de novembre 2012 jusqu’à sa nomination comme secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation en mars 2023, a mis en garde contre la réduction de la prière à une simple formalité religieuse, exhortant les croyants à en faire un canal de guérison.

« Nous devons venir en aide à ceux qui ont tout perdu », a-t-il déclaré.

Réfléchissant au rôle de l’œcuménisme et de la coopération interreligieuse en temps de crise, Mgr Nwachukwu a souligné l’importance de l’unité et de la collaboration.

« Lorsque la pièce est froide, les gens se rapprochent pour partager la chaleur. C’est ce qui se passe en temps de crise. La crise devrait nous rapprocher — chrétiens de toutes confessions, musulmans et tous ceux qui désirent la paix. C’est un moment de consolation, de solidarité et de coopération », a-t-il déclaré.

Mgr Nwachukwu a ajouté : « L’œcuménisme doit nous conduire à la solidarité dans les moments de crise. La crise ne doit pas nous diviser mais nous unir, en tant que frères et sœurs partageant une même foi sous des perspectives différentes, ou une même nation avec des religions différentes. »

Il a invité tous les Nigérians, en particulier les chrétiens, à réfléchir profondément et à assumer une responsabilité personnelle dans la quête de la paix et de la justice.

« Souvent, nous attendons que d’autres résolvent nos problèmes, mais la solution commence par chacun de nous », a affirmé le prélat catholique.

Il a souligné la nécessité d’une transformation personnelle et d’une conversion au Nigeria, affirmant : « Ce n’est pas seulement pour les politiciens ou les responsables gouvernementaux ; c’est pour chaque citoyen. Le changement commence dans le cœur. »

Évoquant l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique, officiellement lancée par le pape François la veille de Noël 2024 avec l’ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, Mgr Nwachukwu a déclaré : « C’est l’Année de l’Espérance, et l’espérance ne déçoit pas lorsqu’elle est ancrée dans le Christ. Nous devons tous devenir des ambassadeurs de paix. »

Il a souligné la responsabilité universelle dans la construction de la paix : « Nous devons prêcher la repentance personnelle, la conversion du cœur, la culture du cœur. Si chacun refuse de faire le mal, même au sein d’un groupe, la violence cessera. »

« De la chaire au marché, du bureau gouvernemental au champ rural, de la salle de classe au coin de rue, nous devons tous devenir des ambassadeurs de paix et de justice », a déclaré Mgr Nwachukwu à ACI Afrique, le 27 juin.