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Un archevêque catholique de Zambie appelle à un journalisme responsable et éthique à l'approche des élections de 2026

Mgr Benjamin Phiri, archevêque de l’archidiocèse catholique de Ndola en Zambie, a exhorté les professionnels des médias de ce pays d’Afrique australe à résister au sensationnalisme et à la déformation des faits.

Dans son homélie du dimanche 29 juin, solennité des apôtres Pierre et Paul, Mgr Phiri a plaidé pour un journalisme responsable et éthique alors que le pays se prépare aux élections générales prévues en août 2026.

« Lorsque vous rapportez les faits pour éduquer, vous ne mentez pas. Vous dites les choses telles qu’elles sont », a-t-il déclaré lors de la messe marquant le 40e anniversaire de la paroisse Saint-Pierre Apôtre de Mushili, située dans son archidiocèse métropolitain.

L’archevêque a critiqué les journalistes dont les récits alimentent davantage les conflits au lieu de contribuer à leur résolution, en raison de la tendance à « monter les uns contre les autres ».

« Vous voulez que tel parti politique se batte contre tel autre ; vous voulez que cette personne-là s’oppose à une autre. Est-ce cela qu’on vous enseigne à l’école de journalisme ? » a-t-il lancé.

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« Si vous êtes catholique et que c’est ce que vous faites, je suis très déçu. Car ce n’est pas ce que vous êtes censé faire », a-t-il affirmé, plaidant pour un journalisme constructif. Il a ajouté : « Oui, vous faites votre travail, mais vous le faites mal. Faites des reportages responsables, factuels et constructifs. »

Le prélat, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2011 comme évêque auxiliaire du diocèse de Chipata, a mis en garde les professionnels des médias contre la diffusion d’informations nuisibles ou la quête de « célébrité » au détriment de l’harmonie et de l’intérêt général.

« Votre journal, votre station de radio ou votre chaîne de télévision deviendra peut-être célèbre parce que vous excellez à attrister les gens. Mais vous recevrez votre propre jugement », a-t-il averti.

Et de prévenir : « S’il y a des troubles sociaux et que des gens meurent, le sang est sur vos mains. Car c’est vous qui avez mal présenté les faits, provoqué l’émotion des gens au point qu’ils en arrivent à se tuer. Vous en êtes responsable. »

Dans son homélie du 29 juin, l’archevêque zambien, à la tête de l’archidiocèse de Ndola depuis juin 2024, a également mis en garde le peuple de Dieu contre le risque que les divergences idéologiques ne conduisent à la violence.

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« Nous nous approchons des élections. Je sais que nous avons ici des croyances et idéologies différentes », a-t-il déclaré, tout en soulignant que ces différences ne sont pas mauvaises en soi, mais qu’elles doivent être vécues « conformément à la volonté de Dieu ».

Il a déploré les conséquences de ces divergences, en particulier en période électorale, notant qu’elles ont déjà conduit à des conflits violents, des blessures, voire à la mort, entre personnes partageant pourtant la même foi.

« L’un croit d’une manière, l’autre d’une autre, et soudain, nous nous battons, nous nous tuons. Quelle folie ! Nous adorons pourtant tous le même Dieu », a-t-il souligné.

Le prélat de 66 ans a mis en doute la valeur éternelle des idéologies politiques : « Une idéologie vous mènera-t-elle au ciel ? Et voilà que vous vous battez, que vous vous tuez, que vous vous piétinez à cause d’une idéologie. Vous êtes passés à côté de l’essentiel. »

« Si ce que vous faites va à l’encontre de la volonté de Dieu, le salut ne sera pas pour vous. Je dis cela parce que nous, chrétiens, parlons souvent beaucoup de christianisme, mais nos cœurs sont très éloignés les uns des autres et de Dieu », a-t-il regretté.

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Par ailleurs, Mgr Phiri s’est aussi exprimé sur le fléau de la corruption dans la fonction publique zambienne. Il a exhorté les agents publics à ne pas utiliser leur position pour exploiter les autres ou s’enrichir personnellement, mais à cultiver l’intégrité.

« Tout ce que vous recevez en plus, vous emportez votre vie avec », a-t-il mis en garde.

Il a souligné que la corruption a rendu difficile l’accès à l’emploi ou à l’éducation sans pots-de-vin ni relations personnelles.

« Aujourd’hui, il est très difficile de trouver un emploi à moins de connaître quelqu’un ou de payer. Il est difficile de trouver une place dans une école, sauf si vous connaissez quelqu’un ou que vous payez. N’ai-je pas le droit, si je suis qualifié, de trouver un emploi ? Ou que mon enfant obtienne une place, s’il est qualifié ? », a-t-il interrogé.

Selon les statistiques de 2022, la Zambie compte plus de 19,6 millions d’habitants. Les élections générales sont prévues pour le 13 août 2026, afin d’élire le président, les membres de l’Assemblée nationale, les conseillers et les présidents des conseils.

Nicholas Waigwa