Wukari, 05 juillet, 2025 / 4:10 (ACI Africa).
Mgr Mark Maigida Nzukwein affirme que les familles et les communautés déplacées, confrontées quotidiennement à des menaces de violence au Nigeria, ont un besoin urgent de soutien spirituel et matériel.
Depuis sa nomination par le pape François en 2022 comme premier évêque du diocèse de Wukari, situé dans l’État nigérian de Taraba, Mgr Nzukwein a été témoin de la destruction d’au moins 325 lieux de culte catholiques par des extrémistes islamiques.
« Les chrétiens souffrent énormément ici », a confié l’évêque à CNA dans une interview. « La première chose dont nous avons besoin, c’est du soutien spirituel à travers la prière. »
« Ensuite, bien sûr, nous avons besoin d’un soutien matériel pour aider à la réhabilitation de certains de nos fidèles traumatisés par les violences répétées », a-t-il ajouté.
Des rapports publiés cette année par les organisations Aide à l’Église en Détresse et Portes Ouvertes indiquent que les attaques violentes contre des victimes sans défense, dont beaucoup sont chrétiennes, sont en forte augmentation dans ce pays africain.
Selon l’évêque de Wukari, le sentiment de peur et d’impuissance constitue une grande souffrance, affectant le bien-être physique et spirituel de ceux qu’il accompagne.
« Plus de 300 000 personnes sont déplacées », a-t-il déclaré à CNA. « Je me rends dans certaines de ces communautés pour y célébrer la messe, même si elles vivent désormais dans des écoles. »
« Mais d’un autre côté, nous nous réjouissons de constater une croissance, même dans ces camps de personnes déplacées internes (PDI) », a-t-il souligné.
« Les gens expérimentent la joie de leur foi », a-t-il poursuivi. « Ils savent qu’ils souffrent, mais ils savent aussi que Dieu est présent et que cela ne durera pas éternellement. »
Face à la crise multidimensionnelle persistante au Nigeria, le Père George Ehusani, originaire de l’État de Kogi, a collaboré avec la Commission nationale des universités du pays pour ouvrir un nouveau campus de l’Institut Psycho-Spirituel à Abuja. L’objectif est de former des leaders chrétiens et des laïcs à l’accompagnement des personnes traumatisées.
« Ces initiatives sont absolument nécessaires, mais il est très difficile de trouver des financements pour organiser ces ateliers et formations », a-t-il expliqué à CNA.
Dans la région du Centre-Nord du pays, souvent qualifiée de « grenier du Nigeria », de nombreuses familles chrétiennes ont vu leurs maisons et leurs exploitations agricoles confisquées par la force.
Elizabeth, membre de l’Église du Christ dans les Nations, dont la famille vit à Jos, dans l’État de Taraba, a déclaré à CNA lors d’un entretien téléphonique que les organisations internationales devraient concentrer leurs efforts sur le soutien aux agriculteurs, dont les « moyens de subsistance » ont été détruits.
« Une grande partie de la nourriture du Nigeria vient du nord — de lieux comme le Plateau ou le Bénoué — et, en raison de la fréquence croissante des attaques, les gens ne peuvent plus aller cultiver comme d’habitude », a-t-elle affirmé. « Les denrées alimentaires deviennent très chères, et cela finit par toucher tout le monde. »
Elizabeth a confié à CNA que de nombreuses personnes sont désormais « habituées » aux attaques violentes visant les communautés chrétiennes.
Évoquant l’attentat à la bombe contre l’église catholique St. Finbarr de Jos en 2012, elle a raconté qu’elle assistait à une messe dans une église voisine lorsqu’elle a soudainement ressenti une « vibration dans le sol » sous ses pieds.
« Vous entendez l’explosion, vous savez ce qui se passe, et vous restez simplement à l’église — je veux dire, nous sommes chrétiens, non ? », a-t-elle déclaré. « Vous vous dites juste : ‘Eh bien, si ma paroisse est la prochaine, cela signifie simplement que je serai avec le Seigneur.’ »
« C’est la réalité quotidienne des chrétiens dans le nord du Nigeria.»

