Accra, 09 juillet, 2025 / 2:12 (ACI Africa).
Pour parvenir à une paix durable dans toutes les régions du Ghana, les citoyens doivent être prêts à emprunter un chemin qui mène véritablement à la paix, a déclaré Peter Kodwo Appiah Cardinal Turkson.
Dans une interview accordée à Channel One TV du Ghana, le Cardinal ghanéen, Chancelier de l’Académie pontificale des sciences et des sciences sociales à Rome, a fait allusion aux diverses formes de conflits violents dans cette nation d’Afrique de l’Ouest, souvent fondés sur des désaccords liés à la chefferie, des divisions ethniques, et des rivalités autour des ressources, entre autres.
Par exemple, la tension prolongée à Bawku, une ville de la région du Haut-Est du Ghana, à la frontière du Burkina Faso, a été marquée par des violences armées et des pertes en vies humaines. En novembre dernier, les membres de la Conférence des Évêques Catholiques du Ghana (GCBC) avaient dénoncé le déplacement des populations et la perte de vies humaines et de moyens de subsistance, ainsi que d’autres conséquences négatives.
Les Évêques catholiques du Ghana avaient averti que le conflit violent persistant à Bawku risquait de conduire à une crise humanitaire, ce qu’ils ont qualifié de « préoccupation profonde pour l’Église catholique et tous les Ghanéens épris de paix ».
Dans l’interview télévisée publiée le mardi 8 juillet, le Cardinal Turkson a médité sur les paroles du prophète Jérémie rapportées en Jérémie 6,16, et a décrit l’orientation sociale et morale actuelle du Ghana comme étant à la croisée des chemins.
« Si Jérémie nous dit que nous sommes à la croisée des chemins et que nous devons trouver le chemin qui mène à la paix, cela signifie qu’en ce moment, nous empruntons peut-être un chemin qui ne mène pas à la paix », a déclaré le Cardinal basé au Vatican.
Il a ajouté : « Parler de paix alors qu’on suit un chemin qui ne mène pas à la paix, c’est induire les gens en erreur. »
Si le Ghana « est sérieux dans sa volonté de redéfinir sa boussole morale et démocratique, il doit aussi être prêt à réexaminer les symboles qu’il célèbre », a estimé le Cardinal Turkson à propos de son pays natal, où il a commencé son ministère épiscopal en mars 1993 comme Archevêque de l’Archidiocèse de Cape Coast.
Il s’est interrogé sur le fait que la principale porte d’entrée internationale du pays, l’aéroport international de Kotoka, porte le nom d’une figure connue pour avoir mené un coup d’État militaire (Emmanuel Kwasi Kotoka, un acteur clé du coup d’État de 1966 qui renversa le gouvernement de Kwame Nkrumah).
« C’est ironique que nous ayons un document qui décourage les coups d’État dans la sous-région, mais que le nom sur notre aéroport, le premier point d’entrée au Ghana, soit celui d’un auteur de coup d’État. Cela ne colle pas », a déclaré le Cardinal ghanéen de 76 ans.
Il a poursuivi : « Pour nous au Ghana, c’est une conversation. Je ne critique personne. C’est une introspection que nous devons faire. Revisiter le passé : est-ce que les coups d’État ont promu la démocratie ou le bien commun ? Nous pouvons évaluer tout cela. »
Pour lui, il serait contradictoire que le Ghana se désolidarise des « coups d’État tout en idolâtrant une figure qui les incarne ».
« Les gouvernements du passé avaient peut-être une raison de le faire, mais si nous voulons redémarrer, alors il est bon de revoir l’histoire dans son ensemble », a-t-il encore affirmé.
Dans l’interview publiée le 8 juillet, le Cardinal Turkson a souligné qu’un examen complet de l’histoire du Ghana permettrait de mettre en lumière les « valeurs et les éléments » qui sapent les fondements de son système de valeurs.
Plus tôt, le 1er juillet, lors de la première Journée nationale de prière et d’action de grâce du Ghana, le Cardinal Turkson avait appelé les Ghanéens à s’unir avec un sens renouvelé de « solidarité fraternelle » pour faire face aux défis auxquels ils sont confrontés.
Dans son discours lors de cet événement où il était invité d’honneur et principal célébrant, le Cardinal a souligné que le Ghana devait replanifier son cheminement national, fixer de nouveaux objectifs et buts, et ce, sans céder au désespoir.
« Nous ne cédons pas au désespoir ; au contraire, nous embrassons les valeurs de notre passé, ainsi que les religions et les fois que nous pratiquons, et nous formulons les types de solutions et de situations qui peuvent nous aider tous à atteindre le bien commun », a-t-il conclu.

