« Chaque fois que je dois voyager sur des routes reculées ou à travers la brousse, je demande la protection de Dieu. Tout le monde a peur, c’est la vérité. Les gens risquent leur vie par amour de l’Évangile », affirme-t-elle dans un rapport de l’AED publié le lundi 14 juillet.
Sœur Ermelinda raconte un épisode au cours duquel elle a été poursuivie par un lion alors qu’elle effectuait une mission pastorale. Elle se souvient d’un moment où, avec une autre sœur, elles ont dû emmener un bébé au centre de santé le plus proche.
« L’autre sœur conduisait la moto, et j’étais assise derrière, tenant le bébé, lorsqu’un lapin a traversé la route. À notre horreur, un lion l’a poursuivi », raconte-t-elle. « Le lion pensait que nous avions pris le lapin et s’est lancé à notre poursuite. J’ai dit à ma sœur d’accélérer, ce qu’elle a fait. Je croyais que c’était fini pour nous trois, mais après dix minutes de poursuite, le lion a abandonné. Ma sœur maîtrisait parfaitement la moto ! Mais c’est Dieu qui veillait sur nous ; c’est Lui qui nous a sauvées ce jour-là. »
Selon Sœur Ermelinda, les souffrances endurées par les déplacés dans les camps de Lichinga sont insupportables. « On lit la douleur sur leurs visages. Ils ont été arrachés à leur habitat naturel ; ils ont tout perdu, y compris des membres de leur famille. Il y a plus de femmes que d’hommes, car beaucoup d’hommes ont été tués ou enlevés par les terroristes. »
Elle affirme que la situation est si désespérée que certaines familles marient leurs filles de 10 ans dans l’espoir que leurs maris leur apporteront un soulagement face à la pauvreté. « Elles essaient de fuir la misère, mais tombent dans une autre forme de misère », déplore-t-elle.
Les Sœurs de l’Immaculée Conception sont la première congrégation féminine du Mozambique. Fondée en 1948 pour évangéliser les régions les plus reculées du pays, la congrégation a traversé des périodes difficiles après l’indépendance du Mozambique, marquées par la persécution du gouvernement marxiste. Depuis, elle a prospéré et compte aujourd’hui 48 sœurs, 7 novices et 12 postulantes.
Les temps ont changé, confie Sœur Ermelinda à l’AED, précisant qu’aujourd’hui, les sœurs craignent davantage les groupes armés et les terroristes que les idéologues marxistes.
Elle cite l’exemple des sœurs vivant dans les camps et s’occupant des déplacés. « Elles n’ont jamais abandonné le peuple. Depuis le début des attaques terroristes, elles sont restées. C’est héroïque ; elles accompagnent le peuple dans les bons comme dans les mauvais moments. Ce témoignage nous donne de l’espoir, surtout en cette année jubilaire de l’Espérance », affirme-t-elle.
Elle souligne que le terrorisme et les conflits ne sont pas les seules menaces dans le nord du Mozambique, où la faim constitue également un danger constant.
En plus de leur travail d’évangélisation, les Sœurs de l’Immaculée Conception prennent en charge des dizaines d’orphelins, de veuves et de jeunes filles vulnérables dans leurs missions à Niassa et ailleurs.