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Un archevêque catholique au Nigeria met en garde contre la collecte de fonds excessive dans l’Église

Mgr Ignatius Ayau Kaigama du diocèse catholique d’Abuja a mis en garde contre la soumission des fidèles à de nombreuses taxes, avertissant que la collecte excessive de fonds pousse les gens hors de l’Église.

Lors de son homélie du samedi 26 juillet, Mgr Kaigama a recommandé que les catholiques vivant et travaillant dans différentes régions du pays ne soient pas soumis à « d’autres taxes ecclésiales » après avoir contribué financièrement dans une région.

« Ceux venant de l’Est qui vivent dans le Nord travaillent dur pour soutenir notre Église dans le Nord, mais beaucoup rencontrent des difficultés à leur retour chez eux. Croyez-nous quand nous recommandons qu’ils sont des catholiques très actifs parmi nous et qu’ils ne doivent pas être soumis à d’autres taxes ecclésiales dans leur région d’origine », a déclaré Mgr Kaigama lors de la messe du jubilé d’argent sacerdotal de l’évêque auxiliaire d’Enugu, Ernest Anaezichuku Obodo.

Il a aussi exprimé son inquiétude au sujet de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, célèbre internationalement, qui a cessé de fréquenter l’Église catholique au Nigeria en raison d’un trop grand accent mis sur les questions financières. « Elle a arrêté de fréquenter l’Église catholique au Nigeria (j’espère qu’elle a recommencé) parce que les activités sont devenues ‘trop axées’ sur l’argent, les collectes et les actions de grâce », a-t-il rapporté.

Se référant à la Première lettre à Timothée, Mgr Kaigama a conseillé aux fidèles de rejeter l’exploitation à travers les collectes dans les églises, qualifiant l’argent de « racine de tous les maux ».

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Dans son homélie, Mgr Kaigama a aussi appelé le clergé et les religieux du pays à discipliner leur corps et à maîtriser leur désir des choses matérielles « pour que, après avoir prêché aux autres, nous ne soyons pas disqualifiés nous-mêmes ».

« Nous devons rester vigilants pour éviter de tomber dans le carriérisme cancéreux dans notre sacerdoce, qui fait que le choix des évêques ou la nomination des prêtres devient parfois une affaire de clan ou de politique », a-t-il ajouté lors de l’événement tenu à l’église catholique Sainte-Marie à Udi, Enugu.

Concernant le mauvais usage de la foi, il a mis en garde les prêtres contre la célébration de la messe d’une manière contraire aux traditions de l’Église au nom de la « créativité » ou de « ministères » contraires à l’enseignement de l’Église.

« Tout responsable d’un ministère qui se met en dehors de l’autorité et de la communion de l’Église risque d’introduire des pratiques étrangères à notre Église », a-t-il déclaré.

Mgr Kaigama a invité les fidèles à se méfier des ministres qui adoptent des pratiques étranges pour gagner en popularité, soulignant que « certaines de leurs paroles et pratiques étranges expliquent pourquoi parfois le catholicisme est présenté de manière dépréciative, et pourquoi prêtres et religieux sont ridiculisés, surtout sur les réseaux sociaux ».

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S’adressant aux jubilaires, il a souhaité : « En célébrant cette étape, que le Seigneur renouvelle votre force, approfondisse votre joie et continue à vous utiliser comme des instruments de Sa miséricorde et des phares d’espérance pour tous ceux qui vous sont confiés. »

Au cours du jubilé d’argent, il a également encouragé les fidèles à soutenir les missions des serviteurs de Dieu non seulement par les applaudissements mais aussi par la prière, la compréhension et la collaboration malgré leurs faiblesses.

« Ne cherchez pas leurs défauts ou des occasions de les abattre. Encouragez-les plutôt et priez pour eux », a-t-il insisté.

Il a rappelé que les prêtres « portent leurs propres blessures tout en soignant les blessés », souffrent de dépression, d’anxiété et d’épuisement, comme le prophète Élie qui a un jour désespéré, prié pour mourir, et même Jésus qui, dans son agonie, a ressenti une grande tristesse.

Se référant au récent discours du pape Léon XIV aux évêques italiens, il a souligné l’importance pour les serviteurs de Dieu d’être proches du peuple, de partager la vie, de marcher avec les plus petits, de servir les pauvres.

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« Nous appelons les évêques et les prêtres à être proches du peuple, à “sentir comme les brebis” », a-t-il dit, appelant aussi les dirigeants politiques à veiller aux besoins du peuple de Dieu au Nigeria.

« Veillez à ce que les ressources nationales soient équitablement réparties et que toutes les régions soient représentées équitablement au gouvernement, sans marginalisation d’aucune partie du pays. L’injustice est la racine de nombreuses crises et freine le progrès. Les dirigeants politiques doivent garantir honnêteté, transparence et responsabilité », a-t-il expliqué.

Il a invité les responsables à accomplir les œuvres de miséricorde corporelle : nourrir les affamés, donner de l’eau aux assoiffés, soigner les malades, aider les sans-abri, éduquer les enfants de la rue, s’occuper des prisonniers, des pauvres, des retraités, construire et entretenir routes, écoles et hôpitaux, et se soucier d’abord du peuple avant leur confort personnel.

« Alors que nous demandons une bonne gouvernance aux élus, nous demandons aussi un changement de mentalité chez les Nigérians qui considèrent les ressources publiques comme à utiliser sans limite », a conclu Mgr Kaigama.

Sabrine Amboka