Johannesburg, 05 août, 2025 / 11:56 (ACI Africa).
Le Président de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC), le Cardinal Stephen Brislin, a exprimé sa proximité spirituelle avec les prêtres étrangers contraints de quitter l’Afrique du Sud en raison de l’expiration supposée de leurs visas.
Dans une interview accordée à ACI Afrique en marge de la 20ᵉ Assemblée plénière du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), tenue à Kigali, capitale du Rwanda, l’archevêque de Johannesburg a salué en particulier le sacrifice de deux prêtres catholiques originaires d’Ouganda, récemment forcés d’abandonner leur ministère dans le pays après avoir été frustrés dans leur processus de renouvellement de visa.
« À ces prêtres, je voudrais d’abord dire merci pour leur service rendu à l’Église en Afrique australe », a déclaré le Cardinal Brislin en faisant référence au Père Stephen Syambi, qui exerçait son ministère dans le diocèse catholique de Klerksdorp avant d’être contraint de partir le 16 juillet, et au Père Jude Thaddeus, qui servait dans le diocèse catholique de De Aar avant d’être expulsé en mai dernier.
Il a ajouté, à propos des deux prêtres rapatriés : « Nous apprécions vraiment les sacrifices qu’ils ont faits et le fait qu’ils aient accepté de quitter leur pays d’origine pour venir en Afrique du Sud. »
Le Président de la SACBC a assuré au P. Stephen et au P. Jude Thaddeus que tout n’était pas perdu, ni pour eux ni pour les missions sud-africaines qu’ils ont laissées « sans pasteur », en déclarant :
« Ne perdez pas espoir. Essayons de résoudre cette affaire. Essayons de faire renouveler vos visas, même si vous devez désormais le faire depuis votre pays d’origine. Mais ne baissons pas les bras. »
Il a souligné que le fait que des prêtres catholiques viennent d’autres pays africains pour servir le peuple de Dieu en Afrique du Sud, où les vocations sont en baisse, est aussi « un signe de l’unité de l’Afrique ».
« Je pense que plus nous ferons pour construire des ponts entre les pays et les cultures d’Afrique, mieux ce sera pour nous tous. Cela nous rendra beaucoup plus forts et beaucoup plus unis », a confié le cardinal sud-africain à ACI Afrique lors de l’interview du 2 août, en marge de l’Assemblée plénière du SCEAM, tenue du 30 juillet au 4 août.
Exprimant également sa proximité spirituelle avec les fidèles des missions sud-africaines restées sans prise en charge pastorale après le départ du P. Stephen et du P. Jude Thaddeus, le Cardinal Brislin a lancé un message d’espérance :
« Mon message est simple : ne perdez pas espoir. Vous recevrez un accompagnement pastoral, peut-être pas autant que si vous aviez votre curé, mais nous travaillons très dur pour essayer de résoudre ce problème. »
Âgé de 68 ans, le cardinal, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2007 comme évêque du diocèse de Kroonstad, a jugé regrettable que les questions de visa et de permis de travail entravent l’évangélisation dans le pays.
« Nous avons actuellement de nombreux problèmes, non seulement concernant les prêtres qui ne parviennent pas à renouveler leur visa, mais aussi pour les nouveaux prêtres venant d’autres pays qui ont du mal à obtenir leur permis de travail », a-t-il déclaré à ACI Afrique.
Le Cardinal Brislin a imputé la gravité de la situation à l’hostilité croissante envers les étrangers en Afrique du Sud :
« Nous avons bien une lettre de dérogation du ministre de l’Intérieur qui devrait rendre le processus très simple. Mais avec la montée de la xénophobie, le gouvernement veut montrer qu’il est plus strict envers les immigrés, notamment ceux venant d’autres pays africains. Par conséquent, certaines personnes deviennent excessivement zélées, et les prêtres, les sœurs religieuses et les frères religieux se voient refuser leurs visas. »
Promettant de s’attaquer à ces difficultés, le président de la SACBC a indiqué :
« Nous avons bien l’intention de rencontrer le ministre de l’Intérieur dès que possible afin de traiter cette question. »
Il a toutefois appelé les prêtres et religieux à faire preuve de diligence dans leurs démarches administratives :
« Parfois, ils n’essaient pas de renouveler leurs visas à temps. Ils doivent faire leur demande au moins trois mois avant l’expiration. »
« Malheureusement, nous avons eu quelques cas — pas nombreux — de prêtres qui ne se sont même pas souciés de renouveler leur visa, et bien sûr, ils deviennent alors persona non grata et sont bannis de l’Afrique du Sud pendant cinq ans environ », a-t-il expliqué.
Le Cardinal Brislin a reconnu qu’il y a une dépendance croissante envers les prêtres étrangers en Afrique du Sud, rejoignant ainsi les propos de Mgr Joseph Mary Kizito, évêque référent pour le département des migrants et réfugiés de la SACBC.
« Nous constatons des retards dans le traitement des documents tels que les visas. De nombreux prêtres ont quitté le pays parce qu’ils n’ont pas pu obtenir les documents prouvant qu’ils ne vivent pas ici illégalement », a déclaré Mgr Kizito à ACI Afrique lors d’un entretien le 15 juillet.
Évêque du diocèse catholique d’Aliwal depuis sa consécration en février 2020, cet évêque ougandais a estimé que cette tendance — prêtres retournant dans leurs pays d’origine — est néfaste pour un pays déjà confronté à une pénurie de prêtres.
Lors de l’interview du 2 août au Centre de Conférences de Kigali (KCC), le Cardinal Brislin a confirmé les propos de Mgr Kizito :
« Oui, il y a une dépendance en Afrique australe vis-à-vis des prêtres étrangers, en particulier en Afrique du Sud. »
« Nous n’avons pas beaucoup de vocations sacerdotales actuellement, et cela dure depuis des années, surtout depuis notre indépendance en 1994 », a confié le président de la SACBC à ACI Afrique, ajoutant : « Je pense que les choses changeront certainement à l’avenir. »
« Mais non seulement nous dépendons de prêtres venant d’ailleurs, mais en plus, nous accueillons cela avec joie, car cela fait partie de notre identité catholique », a-t-il affirmé, en soulignant que la richesse de l’Église catholique a toujours été de « ne pas se limiter à une seule nation… ou à un seul groupe culturel. »
« Nous sommes une Église catholique universelle qui rassemble des personnes du monde entier, et nous croyons qu’il est bénéfique pour l’Église d’avoir des prêtres venus d’autres pays, tout comme par le passé nous avons accueilli des missionnaires irlandais ou allemands », a expliqué le Cardinal Brislin.
Lors de cette même interview du 2 août, le cardinal sud-africain, créé cardinal lors du consistoire du 30 septembre 2023, a également évoqué le Jubilé des jeunes à Rome, auquel ont participé des pèlerins de la région SACBC, comprenant le Botswana, l’Eswatini et l’Afrique du Sud.
S’adressant à ces jeunes pèlerins venus de trois pays, le président de la SACBC a déclaré :
« Nous nous réjouissons de ce merveilleux pèlerinage de jeunes. C’est un signe d’espérance pour l’avenir. C’est le signe d’une Église vivante, d’une Église qui n’est pas seulement pour les personnes âgées, mais une Église particulièrement portée par la vitalité de la jeunesse. »
« En Afrique, nous sommes une Église remplie de jeunes », a-t-il affirmé, appelant les jeunes du continent à être des acteurs de changement.
« Apportez le changement dans le monde », a exhorté le Cardinal Brislin dans cette interview du 2 août.
Et d’ajouter à l’adresse de la jeunesse africaine :
« Apportez un changement positif sur les réseaux sociaux. Apportons l’amour, la paix et l’unité. Abandonnons toutes ces choses horribles qui divisent, qui suscitent la jalousie et la haine, et accueillons dans les cœurs l’amour de Jésus-Christ. »

