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Un évêque catholique du Soudan du Sud appelle à la fin des violences qui perdurent

L'évêque du diocèse catholique de Tombura-Yambio (CDTY) au Soudan du Sud a écrit une lettre émouvante au gouvernement de la plus jeune nation du monde, appelant à une action audacieuse pour mettre fin aux conflits prolongés dans le comté de Tombura, situé dans son évêché.

Dans cette lettre transmise à ACI Afrique mardi 29 juillet, Mgr Eduardo Hiiboro Kussala déplore que le peuple de Dieu dans ce comté ait enduré quatre années de sanglants affrontements, de destruction de maisons, de désintégration des familles et de perte d'innombrables rêves.

« Notre peuple vit sous des bâches en plastique, boit de l'eau insalubre, marche dans la peur et enterre ses proches en silence », dit-il, ajoutant : « Ce n'est pas un inconvénient politique, c'est une tragédie humanitaire et un échec moral. »

Mgr Hiiboro précise que le message contenu dans la lettre adressée au gouvernement sud-soudanais et aux personnes de bonne volonté n'a pas pour but de condamner, mais de « réveiller la conscience d'une nation ».

« Nous écrivons en tant que bergers, en tant que concitoyens et en tant qu'enfants d'un seul Dieu... Que Tombura soit notre point de basculement, un lieu sacré où la nation choisit la guérison plutôt que la haine, la vérité plutôt que la propagande, et l'espoir plutôt que le désespoir », déclare l'ordinaire local du CDTY, exhortant le gouvernement sud-soudanais à prendre l'initiative de restaurer le peuple de Dieu dans le pays.

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Depuis juin 2021, Tambura serait en proie à des violences ethniques, principalement entre les communautés Azande et Balanda qui vivent dans le comté. Les tensions sont liées à la représentation politique, aux rôles traditionnels d'autorité et à l'accès à la terre.

Selon des informations locales, les élites politiques du clan Avungara (affilié aux Azande) auraient soutenu des commandants tels que James Nando, une ancienne figure de l'opposition azande devenue pro-gouvernementale, alimentant ainsi la violence par procuration.

Malgré un accord de paix local signé avec les chefs communautaires en 2022, de nombreux combattants seraient restés armés dans les forêts voisines. Les civils ont exprimé leur crainte d'être victimes de meurtres nocturnes, même après le désarmement supposé.

Dans sa lettre, Mgr Hiiboro, qui préside la Commission pour le développement humain intégral de la Conférence épiscopale catholique du Soudan et du Soudan du Sud (SSS-CBC), appelle le gouvernement du pays, depuis les plus hautes instances jusqu'aux chefs locaux, à agir avec audace, compassion et détermination.

Il exhorte ensuite les dirigeants du pays, qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, à déclarer le comté de Tombura zone d'intervention nationale urgente pour la paix et à déployer des forces de protection afin de mettre fin à toutes les violences et de rétablir la loi.

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Il appelle également au désarmement et au démantèlement de « toute personne illégale détenant des armes à feu », à la déclaration de la fin des sponsors cachés et à la nécessité d'un espace ouvert pour un dialogue inclusif impliquant les chefs, les jeunes, les femmes, les églises et la société civile.

Mgr Hiiboro souhaite également que les dirigeants du pays trouvent sans délai des moyens de mettre fin aux discours de haine, à la désinformation et à l'incitation tribale, et qu'ils garantissent l'accès à l'aide humanitaire et reconstruisent les services sociaux, les infrastructures sanitaires, les écoles et l'approvisionnement en eau potable.

L'évêque sud-soudanais appelle également le peuple de Dieu dans le pays à jouer un rôle dans la résolution des conflits dans la région, décrivant la violence et ses effets comme une douleur commune qui doit être traitée collectivement.

« Tombura n'est pas seule. Quand un membre souffre, c'est tout le corps qui souffre. Ce n'est pas une tragédie qui touche Tombura, c'est une blessure qui touche tout le Soudan du Sud. Nous sommes tous frères et sœurs. Il n'y a pas de « eux », il n'y a que « nous » », dit-il.

Mgr Hiiboro appelle les anciens à « se lever avec sagesse et conseil », les mères et les femmes à être des voix de guérison et de résistance morale, et les jeunes à rejeter toute tentative de les utiliser comme armes de destruction, mais à choisir la paix et à construire le Soudan du Sud.

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Il exhorte en outre les communautés religieuses de la région à rester unies dans la vérité et la réconciliation, et met en garde la communauté internationale contre le risque de détourner le regard, soulignant que la paix a besoin de partenaires, principalement pour sauver des vies.

Dans sa déclaration, Mgr Hiiboro avertit que l'inaction persistante face à la crise menace l'avenir même des habitants de la région, et met en garde : « Si la violence à Tombura continue, le coût sera insupportable. »

Il explique que l'inaction persistante entraînera la disparition de toute la communauté, l'escalade de la haine tribale dans toutes les régions, l'érosion de la confiance dans le gouvernement et l'unité nationale, et la perte de générations de jeunes à cause de l'amertume, de la vengeance ou de la violence.

Au contraire, l'évêque sud-soudanais affirme qu'une action collective pour résoudre les conflits permettra de guérir et de renaître, et que les enfants retourneront à l'école, les familles dans leurs foyers et les agriculteurs dans leurs champs.

Le renforcement de la confiance entre les tribus, entre les citoyens et leur gouvernement, et la renaissance de l'âme sud-soudanaise dans la justice font également partie des fruits qui, selon l'évêque catholique, seront récoltés si un effort collectif est fait pour rétablir la paix dans le pays.

Pour sa part, l'évêque de CDTY, qui est également président du Conseil interconfessionnel pour l'initiative de paix de l'État de l'Équatoria occidental, s'engage à accompagner pastoralement le peuple de Dieu jusqu'à ce que la paix règne dans le pays.

Il s'engage à parler jusqu'à ce que la vérité soit entendue, à accompagner les victimes et les familles endeuillées, à offrir l'Église comme plateforme de réconciliation et de dialogue, à prier sans cesse pour la paix et à travailler main dans la main avec tous ceux qui la recherchent.

« Je ne me tairai pas. Je n'abandonnerai pas. Je crois que Tombura renaîtra. Je crois que le Soudan du Sud peut devenir une nation de paix », déclare Mgr Hiiboro dans la déclaration qu'il a partagée avec ACI Africa le 29 juillet.

Alors que le pays célèbre la Journée des martyrs le mercredi 30 juillet, l'évêque catholique du Soudan du Sud déclare : « Ne déshonorons pas leur sacrifice par davantage de sang. Honorons-les en apportant la paix là où règne la douleur, et la vie là où règne la mort.

Que Tombura devienne le signe que le Soudan du Sud choisit la vie. Le moment est venu. Choisissez la paix. Construisez la paix. Vivez la paix », déclare Mgr Hiiboro.

Silas Isenjia