« Ce programme nous a éclairées. Nous avons désormais les compétences pour accompagner les survivants dans leur processus de guérison — et nous rentrons aussi guéries. Celle qui prend soin des malades est aussi blessée d’une certaine façon. Les soins sensibles aux traumatismes profitent à la fois aux survivants et aux accompagnateurs », a confié Sœur Ani.
Dans des entretiens séparés avec les participantes à cette formation, celles-ci ont partagé l’impact de l’atelier. Sœur Clara Azubike, des Sœurs de Saint-Louis (SSL), qui dirige un centre d’accueil à Lagos, a noté que beaucoup de rapatriés accueillis y restent traumatisés, certains incapables de dormir sans lumière à cause des expériences vécues en captivité.
« La formation m’a aidée à être sensibilisée au traumatisme et à reconnaître les signes d’un traumatisme profond. L’écoute est une compétence essentielle que nous rapportons chez nous », a-t-elle déclaré à ACI Afrique.
Pour sa part, Sœur Monica Onwuneli, des Sœurs Missionnaires de Notre Dame des Apôtres (MSOLA), a affirmé que l’atelier lui a apporté de nouvelles perspectives dans l’accompagnement des survivants.
« Certaines filles ont du mal à pardonner. L’une d’elles, que j’ai accompagnée, est revenue d’Europe complètement brisée après son périple dans le désert et la mer. Aujourd’hui, elle est mariée et mère de deux enfants. Pour moi, c’est une joie et une preuve que la guérison est possible », a-t-elle témoigné.
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S’adressant aussi à ACI Afrique le 16 août, Sœur Béatrice Akuweze Acholike, des Servantes du Saint Enfant Jésus (HHCJ), a souligné l’importance de la guérison psycho-spirituelle.
« Une leçon qui m’a marquée durant cette formation est que des personnes guéries en guérissent d’autres. C’est mon message aux autres Sœurs. Nous devons d’abord nous pardonner à nous-mêmes, puis transmettre le message du pardon aux survivants. La traite n’est pas seulement la prostitution ; elle implique aussi le prélèvement d’organes et d’autres crimes. La pauvreté et la cupidité en sont les plus grands moteurs », a-t-elle indiqué.
Sœur Acholike a reconnu que les soins sensibles aux traumatismes sont essentiels non seulement pour les survivants mais aussi pour les accompagnateurs.
« Travailler avec les survivants nous expose à un traumatisme secondaire. Ce programme nous a aidées à guérir afin d’être de meilleures compagnes pour ceux que nous servons », a-t-elle ajouté.
Dans une autre interview accordée à ACI Afrique en marge de la formation, Sœur Okachi Antonia Ibe, des Missionnaires Médicales de Marie (MMM), a décrit cette expérience comme un réveil personnel.
« Je pensais savoir comment gérer le traumatisme, mais ce programme m’a montré que même les accompagnateurs sont traumatisés. Le Nigeria lui-même est traumatisé, et cela affecte les filles dont nous nous occupons. La formation m’a aidée à travailler sur ma propre guérison, ce qui est nécessaire avant de pouvoir aider les autres », a-t-elle dit.
Sœur Okachi a insisté sur la nécessité de la résilience chez les survivants, déclarant : « Nous devons leur apprendre à ne pas perdre espoir malgré ce qu’ils ont traversé. Avec Dieu, tout est possible. Nous devons aussi nous pardonner mutuellement et nous pardonner à nous-mêmes comme partie intégrante du processus de guérison. »