Advertisement

Nigérians en « nuits blanches face à l’insécurité » : appel à l’action des évêques d’Abuja

Les évêques catholiques de la province ecclésiastique d’Abuja, au Nigeria, appellent à une action immédiate pour mettre fin à l’insécurité persistante dans leurs sièges épiscopaux, un phénomène qui, selon eux, cause au peuple de Dieu de la nation ouest-africaine des « nuits blanches ».

Dans une déclaration publiée à l’issue d’une réunion de trois jours qui s’est achevée le jeudi 21 août, les Ordinaires locaux de l’archidiocèse catholique d’Abuja et des diocèses de Gboko, Idah, Katsina-Ala, Lafia, Lokoja, Makurdi et Otukpo se sont exprimés sur l’attaque terroriste armée barbare du 14 juin et l’incendie criminel de la résidence des prêtres dans le diocèse de Katsina-Ala.

« Nous continuons à passer des nuits blanches à cause de l’insécurité persistante dans notre province. Nous déplorons les pertes en vies humaines et en biens et prions pour une société pacifique », déclarent les évêques catholiques dans leur message, publié à l’issue de leur rencontre au diocèse d’Otukpo, dans la nouvelle maison épiscopale d’Akpegede.

Ils ajoutent : « Nous avons tous vécu des expériences douloureuses de l’insécurité sous toutes ses formes et avons également élevé nos voix tant au niveau national qu’international pour attirer l’attention de nos dirigeants et de la communauté internationale afin qu’ils nous écoutent et agissent. »

Les évêques catholiques déplorent qu’il soit désormais évident que la personne ordinaire est laissée à elle-même pour pleurer ses pertes, sans aucune capacité d’autoprotection.

Advertisement

Pour illustrer la gravité de l’insécurité dans la province ecclésiastique d’Abuja, ils mettent en avant l’attaque terroriste armée du 14 juin contre la communauté de Yelewata, dans la zone administrative locale (LGA) de Guma, État du Bénue, qui a causé la mort de plus de 200 habitants et déplacé au moins 3 000 personnes.

Ils expriment leur solidarité spirituelle avec le diocèse catholique de Katsina-Ala après l’incendie de la résidence des prêtres de la paroisse Saint-Paul d’Ayetwar, attribué à une milice peule armée.

Les évêques catholiques font aussi référence à la profanation de l’église, du secrétariat et à la destruction d’autres installations et véhicules le 11 août, événements qui ont entraîné la suspension des activités paroissiales.

« Nous sommes attristés par l’aggravation des enlèvements, la fermeture de nos églises, l’augmentation incessante du nombre de personnes déplacées internes et la pauvreté croissante dans notre province », affirment les évêques catholiques.

Dans leur déclaration cosignée par leur président, Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque d’Abuja, et leur secrétaire, Mgr David Ajang du diocèse de Lafia, les évêques se sont également penchés sur les défis auxquels fait face la province, notamment la prolifération des sectes religieuses et l’implication de certains prêtres en politique.

Plus en Afrique

À propos de la prolifération des sectes, ils disent : « Nous avons observé avec une vive inquiétude la présence active de certaines unions pieuses dans la province, et même de certaines sectes religieuses étranges. »

« S’il ne nous appartient pas d’étouffer les inspirations de l’Esprit Saint, il est de notre devoir de guider et de rediriger ces inspirations. Nous avertissons que ces personnes doivent être conscientes des courants religieux qui rôdent au nom du Christ », poursuivent les évêques.

Avec la prolifération de nombreuses sectes religieuses dans la nation ouest-africaine, les évêques avertissent que si ces sectes ne sont pas en union avec l’Église catholique romaine, quiconque s’y associe le fait à ses propres risques.

« Compte tenu des activités des unions pieuses présentes dans nos diocèses, nous continuons à les encourager à utiliser leurs habits religieux uniquement lors de leurs réunions et programmes exclusifs de congrégation », disent-ils.

Concernant une partie du clergé engagé dans la politique partisane, les évêques rappellent : « Une fois encore, nous aimerions rappeler la position de l’Église sur l’implication des prêtres en politique. Le canon 285 § 3 et le canon 287 § 2 du Code de 1983 découragent les clercs catholiques d’occuper des charges politiques. »

Advertisement

Les responsables de l’Église catholique expriment toutefois leur engagement indéfectible à promouvoir les vocations sacerdotales, affirmant : « Nos prêtres sont le fruit d’une solide formation reçue dans nos maisons de formation. »

« Nous continuerons à faire de notre mieux pour soutenir les instituts de formation afin qu’ils fassent encore davantage. Nous ne nous lasserons pas non plus de saluer le sacrifice consenti par les formateurs dans la formation de prêtres de qualité », poursuivent-ils.

Les évêques exhortent également les séminaristes à mettre à profit leur temps de formation pour bien se préparer à « l’énorme tâche missionnaire qui les attend dans notre monde en mutation rapide ».

« Nous avons besoin de prêtres saints, solides et dotés d’un bon caractère », affirment les évêques catholiques de la province ecclésiastique d’Abuja, qui appellent aussi les laïcs à continuer de soutenir les évêques afin de maintenir la finalité pour laquelle le séminaire a été établi.

« Nous déplorons toutefois les difficultés économiques croissantes dans le pays et la dévaluation incessante de notre monnaie, qui constituent un grand défi pour l’entretien général de l’institution », disent-ils.

Dans leur déclaration, les responsables catholiques saluent cependant le gouvernement nigérian pour les progrès réalisés dans le développement des infrastructures, tout en mettant en garde les Nigérians contre le vandalisme des réseaux routiers.

« Nous félicitons le gouvernement à tous les niveaux pour les travaux en cours sur l’autoroute Abuja-Enugu et d’autres passages souterrains interétatiques ainsi que les réseaux routiers dans nos États. Cela contribuera assurément à la sécurité des usagers de la route et facilitera les activités économiques », affirment les évêques catholiques.

Ils exhortent le gouvernement nigérian à tous les niveaux à maintenir les efforts de développement sans compromettre la qualité des matériaux afin d’en assurer la durabilité.

« Nous appelons tous les chefs de communauté, les forces de sécurité et les personnes de bonne volonté dans les zones concernées par ces réseaux routiers à veiller à leur protection et à éviter tout vandalisme », concluent-ils.

Silas Isenjia