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Le président du SCEAM parmi les responsables catholiques appelant à une « profonde conversion écologique »

Les responsables des Conférences épiscopales et Conseils catholiques d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes appellent à « une profonde conversion écologique » dans le Sud global à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2025 (COP30), prévue du 10 au 21 novembre au Brésil.

Dans leur déclaration du mercredi 10 septembre, les dirigeants de l’Église catholique, parmi lesquels le cardinal Fridolin Ambongo Besungu du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), le cardinal Filipe Neri Ferrão de la Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie (FABC), et le cardinal Jaime Spengler du Conseil Épiscopal Latino-Américain (CELAM), affirment que le peuple de Dieu qu’ils représentent « ne restera pas silencieux » face aux injustices écologiques, en particulier dans le Sud global.

Le terme « Sud global » désigne un ensemble de pays, notamment en Afrique, en Amérique latine, dans les Caraïbes ainsi que dans certaines régions d’Asie et d’Océanie. Ces pays partagent souvent des expériences historiques communes, liées au colonialisme, et se concentrent sur le développement socio-économique et politique. Bien que ce groupe de pays ne soit pas formellement organisé, le terme représente une identité collective de nations qui cherchent à accroître leur influence dans les affaires mondiales, contestant les institutions et récits dominés par l’Occident, souvent par des alliances stratégiques.

Dans leur déclaration du 10 septembre, les trois cardinaux se réfèrent à l’encyclique de François sur la sauvegarde de la maison commune, Laudato Si’, ainsi qu’à l’appel du pape Léon XIV à vivre une écologie intégrale avec justice, déclarant : « nous appelons à une profonde conversion écologique ».

Les responsables catholiques jugent regrettable que dix ans après la publication de Laudato Si’ et la signature de l’Accord de Paris, les dirigeants mondiaux n’aient pas répondu avec l’urgence nécessaire aux injustices climatiques.

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« L’Église ne restera pas silencieuse. Nous continuerons à élever la voix aux côtés de la science, de la société civile et des plus vulnérables, avec vérité, courage et cohérence, jusqu’à ce que justice soit faite », affirment-ils.

Dans leur déclaration conjointe, les trois présidents rappellent que la crise climatique « est une réalité urgente, avec un réchauffement global atteignant 1,55 °C en 2024. Ce n’est pas seulement un problème technique : c’est une question existentielle de justice, de dignité et de soin de notre maison commune ».

« La science est claire : nous devons limiter le réchauffement global à 1,5 °C pour éviter des effets catastrophiques. Nous ne devons jamais abandonner cet objectif. Ce sont le Sud global et les générations futures qui en subissent déjà les conséquences », ajoutent-ils.

Les dirigeants ecclésiaux soulignent la nécessité de rejeter « les fausses solutions comme le capitalisme ‘vert’, la technocratie, la marchandisation de la nature et l’extractivisme », qui perpétuent selon eux exploitation et injustice.

Dans leur message adressé au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à la présidente de la 80e Assemblée générale de l’ONU, Annalena Baerbock, et au secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, les responsables exigent équité, justice et protection dans la lutte contre la crise climatique.

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En matière d’équité, ils exhortent les nations riches à régler leur dette écologique par un financement climatique juste, sans alourdir la dette du Sud global, afin de compenser les pertes et dommages en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Océanie.

Pour la justice, ils demandent à l’ONU de promouvoir la décroissance économique et la sortie progressive des énergies fossiles, en mettant fin « à toute nouvelle infrastructure liée aux énergies fossiles et en taxant correctement ceux qui en ont profité, ouvrant une nouvelle ère de gouvernance qui inclut et priorise les communautés les plus affectées par les crises climatiques, la perte de biodiversité et les migrations climatiques comme défis de justice et de droits humains ».

Ils appellent aussi à « écouter et défendre les peuples autochtones, les écosystèmes et les communautés appauvries, en reconnaissant la plus grande vulnérabilité des femmes, des filles, des marginalisés, ainsi que des générations futures et des régions particulièrement touchées comme les îles du Pacifique en Océanie ».

Dans leur texte, les dirigeants de l’Église catholique exhortent les décideurs à « respecter l’Accord de Paris, à s’engager à de nouvelles et meilleures CDN en ligne avec le seuil de 1,5 °C et la justice climatique, et à mettre en œuvre ces CDN à la hauteur de l’urgence de la crise climatique ».

Les décideurs doivent aussi garantir un financement climatique suffisant, expliquent-ils, afin de permettre la réparation des pertes et dommages et de bâtir des communautés résilientes — sans aggraver l’endettement du Sud global.

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« Utilisez la COP30 comme une occasion de convenir d’un mécanisme multilatéral commun visant à accélérer et à soutenir les transitions des personnes et des communautés en facilitant l’accès au financement et à l’assistance technique pour des transitions justes qui favorisent un développement centré sur l’humain, dans le respect de la biodiversité, et en prenant des mesures pour lever les obstacles à la transition », plaident-ils.

Les trois présidents souhaitent également voir les décideurs transformer le système économique vers « un modèle réparateur qui privilégie la solidarité, le bien-être des populations et garantit les conditions d’une vie durable sur la planète ».

Encourageant à privilégier le bien commun plutôt que le profit, les dirigeants ecclésiaux exhortent les responsables à promouvoir des politiques climatiques et environnementales ancrées dans les droits humains et les droits de la nature.

Le partage et la mise en œuvre de solutions technologiques éthiques, décentralisées et appropriées, l’atteinte de zéro déforestation d’ici 2030, la restauration des écosystèmes aquatiques et terrestres vitaux, et la fin de la perte de biodiversité figurent aussi parmi leurs propositions aux décideurs.

« Nous vous invitons, vous, les décideurs et toutes les personnes de bonne volonté, à unir vos forces pour renforcer les processus multilatéraux démocratiques, tels que l’Accord de Paris, et restaurer la confiance dans la coopération et le dialogue, nous unissant en tant qu’humanité, Nord et Sud, pour le bien-être de la planète », affirment-ils.

Les responsables de l’Église expriment leur confiance dans le fait qu’un dialogue authentique, fondé sur la vérité et la justice, peut orienter la communauté internationale vers les profondes transformations requises.

« L’urgence de ce moment ne laisse aucune place au retard, aux compromis ou aux demi-mesures : que nos efforts communs à la COP30 et au-delà suscitent une véritable espérance, sauvegardent la création et garantissent un avenir digne pour les générations à venir », concluent-ils.

Silas Isenjia