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« Plan dangereux » : des cadres et évêques catholiques du Tchad dénoncent le projet de code pastoral

Les membres de l’Union des Cadres Chrétiens du Tchad (UCCT) ont exprimé leur soutien au récent rejet du projet de Code pastoral par les évêques catholiques, avertissant que la législation proposée menace la paix, l’unité et la survie des agriculteurs dans ce pays enclavé à la croisée de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale.

Dans une déclaration publiée mercredi 10 septembre, les membres de l’UCCT affirment que la législation controversée reflète la « volonté manifeste et persistante des autorités de promouvoir des initiatives qui favorisent la division entre les citoyens, au lieu d’accomplir leur mission fondamentale d’assurer la sécurité, la cohésion et le bien-être de la population ».

« Comment en sommes-nous arrivés à un gouvernement qui, plutôt que de prendre des mesures constructives pour le développement, consacre son énergie à entretenir la discorde et l’injustice ? », s’interrogent les cadres laïcs.

Ils ajoutent : « Le projet de Code pastoral démontre suffisamment, d’une part, la mauvaise volonté politique de créer des conditions pour une paix durable et une justice sociale, et d’autre part, un parti pris flagrant en faveur des éleveurs. »

« L’UCCT appelle le gouvernement, s’il est sincèrement engagé pour la paix et la justice, à le prouver en abandonnant ce plan dangereux pour la République », déclarent les cadres catholiques.

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La démarche du ministère de l’Élevage visant à réintroduire une révision du Code pastoral relance le débat. Rédigé initialement en 2014 et adopté par l’Assemblée nationale en 2015, le texte n’avait jamais été promulgué par l’ancien président Idriss Déby Itno en raison d’une forte opposition interne.

Le gouvernement a défendu le Code pastoral comme un cadre de régulation des activités d’élevage. Mais ses détracteurs, dont les évêques catholiques, estiment qu’il favorise les éleveurs au détriment des agriculteurs, qui constituent la majorité de la population. Les autorités affirment désormais vouloir engager toutes les parties prenantes pour parvenir à un consensus.

Dans une déclaration conjointe publiée le 31 août, les évêques de Doba, Goré, Koumra, Moundou et Sarh ont rejeté le projet de Code pastoral, le qualifiant de texte « tue-paysans ».

« L’Église catholique, dont la vocation et la mission dans la société consistent à servir la vérité, la justice et la paix, exige que ce projet funeste de Code pastoral soit simplement jeté à la poubelle et que cesse la mascarade des ateliers — qui ne servent qu’à justifier et valider un projet trahissant la communauté agricole représentant plus de 80 % de la population tchadienne », ont déclaré les évêques catholiques.

Ils ont également appelé à une nouvelle approche : non pas l’élaboration d’un seul Code pastoral, mais la mise en place de deux textes distincts – un Code pastoral et un Code agricole – construits dans un dialogue direct avec les communautés villageoises et non imposés d’en haut. Ils ont décliné l’invitation à l’atelier officiel de relecture organisé à Sarh.

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Dans leur déclaration du 10 septembre, les membres de l’UCCT affirment « adhérer pleinement à la récente déclaration des évêques du Tchad concernant le projet de Code pastoral ».

Ils remettent en question le processus d’élaboration du texte, demandant : « Si l’objectif réel était de produire un texte équilibré et consensuel, pourquoi alors exclure d’autres parties prenantes, en particulier le ministère de l’Agriculture, et choisir d’avancer unilatéralement ? »

Les cadres catholiques reprochent en outre au gouvernement de s’appuyer sur un projet déjà déclaré inconstitutionnel, notant qu’une telle démarche risque de miner la capacité même des dirigeants à « penser au bien commun ».

Ils exhortent les autorités à engager un processus inclusif respectant à la fois les agriculteurs et les éleveurs.

« Les cadres chrétiens, avec tous les mouvements catholiques, resteront vigilants et mobilisés contre toute tentative d’imposer des lois ou des politiques qui compromettent la paix, la justice et la coexistence pacifique entre les communautés du Tchad », déclarent les membres de l’UCCT.

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S’adressant directement au président Mahamat Idriss Déby Itno, les cadres catholiques lui rappellent son rôle constitutionnel de « garant de l’unité nationale, de la cohésion sociale, de l’intégrité territoriale et de la protection de tous les citoyens », insistant sur le fait qu’un véritable leadership doit rejeter les projets de division et privilégier le bien-être de tous les Tchadiens.

Charles Muchiri a contribué à la rédaction de cet article.

ACI Afrique