« Aujourd’hui, si vous n’avez pas d’argent, vous n’avez pas d’importance. C’est pourquoi le sang humain est versé au Nigeria dans l’indifférence générale. On peut tuer une femme enceinte sans que le criminel ne soit inquiété. Personne ne vient à notre secours », s’est-il lamenté.
Pour lui, le mépris de la société envers les faibles et les vulnérables traduit une véritable crise morale. « Si vous êtes handicapé physique ou mental, ce n’est pas votre faute. La société doit pouvoir prendre soin de vous », a insisté le Supérieur Provincial.
S’inspirant de ses expériences à l’étranger, il a estimé que le Nigeria devait apprendre des pays où l’État protège les plus fragiles. « J’ai vécu en Europe et je sais que le gouvernement prend soin des personnes handicapées, en leur assurant une allocation mensuelle et de quoi vivre. Ils fournissent de la nourriture à ceux qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Ici, au contraire, les pauvres sont abandonnés à eux-mêmes. C’est très douloureux », a-t-il expliqué.
Il a dénoncé comme une grave injustice la négligence dont sont victimes les défavorisés : « Vous qui nous gouvernez, regardez au-delà de votre confort. Voyez les souffrances de ceux dont vous prétendez être les dirigeants. Vos concitoyens souffrent », a-t-il martelé.
Le Père Nwankwo, également président national de la Famille Vincentienne au Nigeria (FAMVIN), s’est dit préoccupé par la croissance du nombre de déplacés internes qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance.
Selon lui, les déplacés « ne vont plus à leurs champs, ne peuvent plus rentrer chez eux ni subvenir à leurs besoins ». Livrés à la charité d’organisations comme l’Église, il a interpellé : « N’êtes-vous pas aussi leur gouvernement ? »
Il a dénoncé le contraste entre le confort des dirigeants et la détresse des citoyens : « Pourquoi diriger un peuple qui meurt alors que vous vivez dans l’abondance ? Vous avez des maisons, les autres n’en ont pas. Vous avez de la nourriture, les autres n’en ont pas », a-t-il souligné.
Le Supérieur Provincial Vincentien a également critiqué l’inégalité d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux postes politiques. « Ceux qui n’ont personne pour les soutenir ne vont pas à l’école, ne trouvent pas de travail. Pourquoi tolérer cela ? Ceux qui réussissent aux examens doivent aller à l’école. Mais à la place, vous imposez vos proches. Même pour des affaires nationales, vous favorisez vos gens », a-t-il dénoncé.
Il a aussi fustigé la monétisation de la politique qui, selon lui, écarte les plus qualifiés de la direction du pays. « Si vous me demandez 10 millions pour obtenir un formulaire de candidature, où puis-je trouver cette somme ? Suis-je un voleur ? Voilà pourquoi les philosophes et vrais leaders sont absents du pouvoir », a-t-il regretté.
Pour lui, l’avenir du Nigeria dépend de la justice : « Justice, justice, justice. Voilà ce dont le Nigeria a besoin. Nous, Vincentiens, ne devons jamais oublier ces personnes, mais le gouvernement doit assumer son devoir. L’Église restera toujours aux côtés des pauvres, mais la nation a besoin de dirigeants capables de garantir l’égalité et l’équité », a-t-il affirmé.