
En 2014, des voleurs de bétail présumés avaient tendu une embuscade dans la zone de Kapedo, tuant 20 policiers kényans, dont des réservistes, dans ce que les responsables gouvernementaux avaient décrit comme « l’un des pires massacres de forces de l’ordre en une seule attaque » depuis le massacre de 42 policiers à Baragoi en 2012, dans le diocèse de Maralal.
Dans l’entretien du 19 septembre, Mgr Mbinda a déclaré que l’Église catholique avait « tenté d’entrer même dans ces zones de conflit, sans crainte, simplement pour promouvoir la paix et dialoguer avec les parties prenantes, les guerriers, les anciens, et tous ceux avec qui nous pouvons parler afin de restaurer la paix ».
« Le gouvernement est aussi présent avec ses moyens, et nous apprécions son soutien à sa manière. Mais pour nous, nous voulons privilégier la voie de la prière et celle du plaidoyer afin que nous puissions instaurer la paix parmi ces communautés en guerre », a-t-il ajouté.

Abonnez-vous à notre newsletter quotidienne
Utilisez le formulaire ci-dessous pour nous indiquer où nous pouvons envoyer les dernières actualités d'ACI Afrique.
Il a ensuite attribué les conflits persistants dans le North Rift à la marginalisation historique, au manque d’éducation et à des pratiques culturelles profondément enracinées.
Le premier évêque spiritain kényan a confié à ACI Afrique : « Un facteur clé que nous devons reconnaître est que ces zones périphériques ont longtemps été isolées et ont manqué le développement observé ailleurs au Kenya. L’éducation n’est presque pas arrivée dans ces lieux, de sorte que beaucoup de gens ont eu peu d’opportunités pour gagner leur vie. »
« En conséquence, les raids sont devenus un moyen de survie. Par exemple, un homme qui n’avait pas de bétail pour payer une dot pouvait voler un voisin afin de se marier », a-t-il expliqué.

Mgr Mbinda a également relevé que « des cycles de vengeance » et « des rôles traditionnels entrent en jeu, la culture guerrière incitant les jeunes hommes à se déplacer entre communautés pour provoquer des réactions et voler du bétail ».
Pour briser ce cycle, il a souligné la nécessité de l’éducation formelle, du plaidoyer et d’un réexamen des traditions néfastes. Il a lancé un appel aux anciens et aux leaders de la région du North Rift en proie aux conflits afin qu’ils assument la responsabilité de guider leurs communautés vers la paix.
Pour lui, « si nous collaborons pour aborder ces questions, nous pouvons identifier les traditions qui doivent être ajustées ou totalement abandonnées, en particulier celles qui ne favorisent pas la paix, afin de construire et de maintenir une harmonie durable ».

« La paix est primordiale (et) bénéfique pour chacun de nous », a insisté Mgr Mbinda, exhortant le peuple de Dieu du Turkana, du West Pokot et des diocèses voisins en Ouganda, au Soudan du Sud et en Éthiopie à donner la priorité à la paix plutôt qu’au conflit.
Il a conclu : « Chacun de nous doit être un ambassadeur de paix, prêchant la paix à partir de son propre cœur, et ensuite en étant aussi ambassadeur de paix là où il se trouve, afin que nous puissions coexister et marcher ensemble, comme le Synode nous y a invités. »