Le système permet également la traduction grâce à Vulgate AI. Sanders raconte avoir découvert un document pontifical non traduit sur saint Thomas More : « Je ne savais pas que cela existait. C’était en latin, et il n’avait jamais été traduit. Nous l’avons intégré dans Vulgate, et soudain, j’ai pu le lire. »
« Quand on se rend sur place et qu’on voit un livre être scanné, puis qu’une heure plus tard ce même ouvrage est consultable partout dans le monde et dans n’importe quelle langue, c’est là qu’on comprend la portée de ce que cela signifie », a-t-il ajouté.
Pour l’instant, la Bibliothèque du Vatican adopte une approche plus prudente de l’intelligence artificielle et de la robotique. Janz explique pourquoi il estime que les manuscrits nécessitent une intervention humaine plutôt qu’automatisée.
Pour les chercheurs, dit-il, « ce qui rend un manuscrit intéressant, c’est qu’à un endroit précis, il contient un mot différent des autres — parfois une seule lettre qui change complètement le sens. C’est cette petite différence qui fait toute la valeur du livre. » Ce type de travail exige une exactitude absolue, ajoute-t-il. Même une transcription automatisée à 99,9 % de précision serait « pratiquement inutile ».
Sanders dit être « entièrement d’accord » que pour « le travail profond et minutieux de la critique textuelle, le manuscrit original demeure l’autorité ultime et l’expert humain irremplaçable ». Mais, ajoute-t-il, « réduire le rôle de l’IA à la simple transcription, c’est passer à côté de son potentiel révolutionnaire ».
Abonnez-vous à notre newsletter quotidienne
Utilisez le formulaire ci-dessous pour nous indiquer où nous pouvons envoyer les dernières actualités d'ACI Afrique.
« L’IA, même avec un taux de précision de 99,9 %, transforme ces collections silencieuses en une base de données dynamique et interrogeable de la connaissance humaine », explique-t-il. « Elle permet à un chercheur de demander : “Montrez-moi tous les manuscrits du XVe siècle qui traitent du commerce avec l’Empire ottoman”, et d’obtenir instantanément des résultats issus de collections du monde entier. Elle identifie des schémas et des liens conceptuels auparavant indétectables. L’IA trouve les aiguilles dans la botte de foin, et le chercheur peut alors se concentrer sur l’analyse précise des originaux inestimables. »
Pour la Bibliothèque du Vatican, la numérisation s’intègre également dans les efforts de conservation de ces textes historiques. « Chaque manuscrit qui passe au scanner est d’abord examiné par notre atelier de conservation pour s’assurer qu’il peut supporter la numérisation », précise Janz. « Une fois numérisé, il y retourne pour vérifier que rien n’a changé. »
« Nous avons découvert de nombreux manuscrits nécessitant des réparations ou des restaurations grâce à ce processus d’examen systématique », a-t-il ajouté.
La Bibliothèque du Vatican ne tourne cependant pas complètement le dos à l’IA. Elle développe un projet de catalogage des illustrations des manuscrits médiévaux, rendant les images consultables par thème. En collaboration avec des chercheurs japonais, elle entraîne également des modèles d’apprentissage automatique à transcrire l’écriture grecque médiévale. « Il fera des erreurs et nous lui indiquerons lesquelles… Peut-être qu’un jour, il atteindra un niveau de fiabilité acceptable », explique Janz.
À l’avenir, Janz souhaiterait que la technologie permette de disposer de transcriptions de tous les manuscrits dans leurs langues historiques, accessibles aux chercheurs.
Quant à l’IA, il reste prudent : « Nous y sommes plutôt ouverts, mais nous partageons les mêmes inquiétudes que tout le monde à ce sujet. »
À l’intérieur de la Salle Sixtine de la Bibliothèque du Vatican, une série de fresques retrace la longue histoire des bibliothèques et du savoir : Moïse recevant la Loi, la bibliothèque d’Alexandrie, les apôtres rédigeant les Évangiles. Sanders voit dans son projet d’IA la continuité de cette mission : garantir que la sagesse du passé soit « partagée le plus largement possible ».
« Si nous voulons progresser en tant que civilisation, nous devons apprendre de ceux qui nous ont précédés », conclut-il. « Une partie de ce projet consiste à veiller à ce que leurs réflexions et leurs intuitions soient accessibles aujourd’hui. »