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Le pape Léon XIV arrive au Liban, apportant un message de paix à une nation meurtrie par la guerre

Le ciel au-dessus du Liban, autrefois dominé par les échanges de missiles et les raids aériens incessants pendant le conflit de 2023-2024 entre le Hezbollah et Israël, s'est ouvert dimanche non pas à des avions de combat, mais à l'avion transportant le pape Léon XIV. En atterrissant au pays des cèdres, le Saint-Père entame une mission visant à prêcher l'Évangile de la paix à une nation longtemps meurtrie par les conflits et l'instabilité.

Les combats le long de la frontière sud du Liban ont repris en octobre 2023, dans le sillage de la guerre de Gaza. Le Hezbollah, une milice chiite soutenue par l'Iran et formée après l'invasion israélienne du Liban en 1982, est devenu le principal acteur de la nouvelle confrontation avec Israël. Bien qu'un accord fragile conclu fin novembre 2024 ait réduit les hostilités, les violences intermittentes se sont poursuivies et le cessez-le-feu reste incertain jusqu'à ce que la résolution 1701 des Nations unies, exigeant le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, soit pleinement mise en œuvre.

Après avoir atterri à Beyrouth, le cortège du pape devait se rendre au palais présidentiel en traversant l'une des zones les plus sensibles du pays sur le plan politique. Dahieh, le bastion du Hezbollah dans le sud de Beyrouth, a subi de lourds bombardements et une série d'assassinats au cours de l'année écoulée. Le secrétaire général de longue date du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et son successeur potentiel, Hashem Safieddin, ont été tués lors de frappes distinctes en 2024. Pas plus tard que le 23 novembre, un raid aérien israélien dans la banlieue a tué un commandant local et cinq autres personnes et blessé 28 autres.

Malgré les tensions, plusieurs religieux chiites ont publiquement salué la visite du pape Léon, et les municipalités de Dahieh ont invité les habitants à l'accueillir le long du parcours du cortège.

Les blessures du Liban vont au-delà de son conflit le plus récent. Des années de paralysie politique et d'effondrement économique ont profondément affaibli le pays. Des manifestations de masse ont éclaté en 2019 contre la corruption et le sectarisme, tandis que la pandémie de COVID-19 et l'explosion catastrophique du port de Beyrouth en août 2020 ont aggravé les souffrances.

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Historique carrefour entre le christianisme et l'islam, le Liban reste une mosaïque de communautés liées par une identité nationale commune mais fragile. Les chrétiens — notamment les maronites, les grecs orthodoxes, les catholiques melkites et les arméniens — continuent de jouer un rôle essentiel dans la vie culturelle et sociale, même si l'émigration et l'instabilité ont réduit leur nombre.

Le système politique confessionnel du Liban, établi pendant le mandat français et officialisé dans le Pacte national non écrit de 1943, a réparti le pouvoir entre les communautés religieuses du pays. Bien que visant à préserver la coexistence, cet arrangement a également renforcé les rivalités sectaires. La guerre civile libanaise (1975-1990), alimentée par le conflit israélo-arabe et l'afflux massif de réfugiés palestiniens, a fait environ 150 000 morts et a remodelé le paysage politique du pays.

L'accord de Taëf de 1989 a mis fin à la guerre en rééquilibrant le pouvoir entre chrétiens et musulmans et en limitant l'autorité de la présidence maronite. Mais il n'a pas résolu les problèmes sous-jacents de corruption, d'ingérence étrangère et de fragmentation sectaire. Les troupes syriennes, déployées en tant que garantes de la paix, sont restées jusqu'en 2005.

Aujourd'hui, le pays du Cèdre reste un délicat patchwork d'identités, d'espoirs et de tensions non résolues. Dans ce paysage complexe et meurtri, le pape Léon arrive en pèlerin de paix, apportant un message de réconciliation et de renouveau à un pays qui aspire à la stabilité et à un avenir fondé sur la justice et la confiance mutuelle.

Elias Turk