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Les évêques du Kenya exhortent le gouvernement à soutenir le traité des Nations unies sur les sociétés transnationales

Les évêques catholiques du Kenya ont appelé le gouvernement à soutenir le deuxième projet révisé du traité des Nations unies sur les sociétés transnationales (STN) et les droits de l'homme, qui vise à prévenir les violations des droits de l'homme dans le contexte des activités commerciales.

"Nous réitérons notre engagement pour 2019 en faveur du traité contraignant sur les entreprises et les droits de l'homme et demandons instamment au gouvernement kenyan de soutenir pleinement le deuxième projet révisé afin de garantir les aspirations de la communauté", déclarent les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) dans leur déclaration collective du mercredi 4 novembre, partagée avec ACI Afrique.

En présentant leurs arguments, les évêques reconnaissent qu'avec une quatrième révolution industrielle "fermement en marche", les STN continueront à mener leurs affaires à l'échelle mondiale, d'où "l'urgente nécessité de mettre en place un mécanisme pour s'assurer que leurs activités favorisent un développement humain intégral ancré sur le respect (des) droits de l'homme".

Au milieu de la révolution industrielle, les membres du KCCB déclarent : "2020 à 2030 est la "Décennie d'action" au cours de laquelle personne ne devrait être laissé de côté pour assurer que les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales respectent les droits de l'homme pour le bien commun de la société".

Le deuxième projet révisé du traité des Nations unies sur les sociétés transnationales (STN) et les droits de l'homme est un projet du Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui vise à élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour réglementer les STN et autres entreprises en matière de droits de l'homme.

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Le projet a été discuté lors de la sixième session du Groupe de travail intergouvernemental des Nations unies sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en ce qui concerne les droits de l'homme, qui s'est tenue du 26 au 30 octobre au siège des Nations unies à Genève, en Suisse.

"Il y a des progrès et une plus grande prise de conscience en ce qui concerne le traité par rapport à l'année dernière, lorsque nous avons transmis notre soumission", déclarent les évêques catholiques du Kenya dans la déclaration signée par le président de la Commission catholique justice et paix (CJPC) de la KCCB, Mgr John Oballa Owaa.

Ils mettent en évidence les divers effets du changement climatique qui affectent la nation d’Afrique de l’est, tels que les glissements de terrain, les inondations et les sécheresses parfois extrêmes, qu'ils attribuent à certaines activités des sociétés transnationales qui "ne tiennent pas compte de la conservation de l'environnement dans leurs activités".

"Les autorités locales, les mouvements sociaux régionaux et mondiaux devraient travailler de concert pour lutter efficacement contre le changement climatique dont les impacts sapent les droits de l'homme, en particulier ceux des pauvres", affirment les membres du KCCB dans leur déclaration de quatre pages.

Ils déplorent ce qu'ils appellent la capture des intérêts publics et étatiques par l'élite par le biais des intérêts des entreprises, une tendance qui, selon eux, "devrait être condamnée car elle érode les fruits tant désirés des investissements directs étrangers (IDE) des sociétés transnationales (STN)".

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Pour que l'impact des investissements étrangers se fasse sentir au niveau local, "l'ouverture, la transparence et le droit à l'information doivent être encouragés à tous les niveaux", recommandent les prélats dans la déclaration du 4 novembre.

Ils reconnaissent que certaines STN ont, par le passé, été de connivence avec des acteurs de haut niveau du gouvernement tout en extrayant les ressources naturelles des communautés au mépris de la conservation de l'environnement, et notent qu'en tant que bons intendants, les STN "ont la responsabilité de répondre et de travailler avec toutes les parties prenantes pour remédier aux caprices que le marché expose les membres les plus vulnérables de la société".

Pour éviter l'exploitation des personnes vulnérables, les membres du KCCB "s'opposent fermement à l'accaparement incessant des terres et au déplacement des communautés sans compensation adéquate. ”

Ils ont également demandé au gouvernement national de "veiller à l'harmonisation des lois qui régissent la gestion des terres, comme les terres communautaires, afin de sauvegarder les intérêts des pauvres et des marginaux".

Ils recommandent également que les contrats des STN soient rendus publics et que les entreprises ayant un passé de violation des droits de l'homme dans d'autres pays africains se voient interdire de faire des affaires au Kenya.

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"Les sociétés et autres entreprises, y compris les entités gouvernementales, ont la responsabilité centrale de veiller à ce que les intérêts des communautés soient prioritaires et que le principe du consentement préalable, libre et éclairé soit inscrit dans le traité contraignant", affirment les membres du KCCB dans leur déclaration du 4 novembre.

Faisant référence à la hiérarchisation des intérêts des communautés par les entreprises, ils ajoutent : "Cela garantira les intérêts des communautés et les protégera contre les manipulations et les incitations qui conduisent à des conflits au sein de la communauté".

En appelant à une conduite responsable des STN, les membres du KCCB font référence à la dernière encyclique du pape François "Fratelli tutti", dans laquelle ils disent que le Saint-Père "vient de nous rappeler que nous sommes essentiels et utiles les uns aux autres par l'amitié sociale, le partenariat, la fraternité et la fraternité".

La réalisation de l'appel du Saint-Père est possible "en brisant les liens de la servitude au XXIe siècle et en travaillant à l'amélioration de la qualité de la dignité humaine dans toutes ses dimensions", disent-ils.

"Poussés par la responsabilité du devoir pastoral et le souci des pauvres pour la réalisation du bien commun, nous continuerons à travailler avec le gouvernement du Kenya pour garantir que les sociétés transnationales soient tenues responsables de leurs activités", déclarent les évêques catholiques du Kenya dans leur déclaration du 4 novembre, partagée avec ACI Afrique.

L'appel des membres du KCCB au gouvernement kenyan pour qu'il soutienne le traité révisé des Nations unies sur les sociétés transnationales fait suite à un appel similaire au gouvernement du Ghana où les dirigeants de Caritas Ghana ont affirmé que le soutien au traité "ouvre la voie à la justice pour les victimes, en obligeant les sociétés multinationales à rendre des comptes".