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Les journalistes d’une radio catholique au Mozambique se cachent dans la brousse après une attaque des insurgés

Certains journalistes de la radio communautaire São Francisco de Assis au Mozambique se cachent avec leurs familles dans la brousse après que leur station de radio ait été attaquée par les insurgés. Page Facebook Forum national des radios communautaires (FORCOM) Certains journalistes de la radio communautaire São Francisco de Assis au Mozambique se cachent avec leurs familles dans la brousse après que leur station de radio ait été attaquée par les insurgés.
Page Facebook Forum national des radios communautaires (FORCOM)

Les dirigeants du Forum national des radios communautaires (FORCOM) au Mozambique ont exprimé leurs inquiétudes quant au bien-être d'un groupe de journalistes catholiques de la province de Cabo Delgado, dans le diocèse de Pemba, qui se cachent dans la brousse depuis au moins dix jours après que les insurgés ont attaqué leur station de radio.

"Le Forum national des radios communautaires (FORCOM) a reçu la nouvelle dégoûtante de l'évacuation forcée de toute l'équipe éditoriale de la radio communautaire São Francisco de Assis des installations de la radio suite à une attaque menée par les insurgés dans le district de Muidumbe, province de Cabo Delgado", affirment les responsables du FORCOM dans un communiqué publié le 9 novembre.

Ils ajoutent : "Le 31 octobre, les insurgés ont occupé l'église paroissiale du Sacré-Cœur de Jésus où se trouve la station de radio, forçant les neuf journalistes, ainsi que leurs familles, à fuir et à se réfugier pendant plus de dix jours dans la brousse, en direction des districts les plus proches, Mueda et Montepuez, supposés être plus sûrs."

Citant le père Edgard Silva Júnior, coordinateur de la station de radio, la direction du FORCOM déclare : "On soupçonne que toute la structure de la station de radio a été complètement détruite par les hommes armés. L'équipement qui a été sauvé est en train d'être transporté dans la ville de Pemba". 

"Les informations détenues par le FORCOM indiquent que la plupart des journalistes dans les bois sont au secret et survivent dans des conditions déplorables et d'insécurité", déplore la direction du FORCOM dans la déclaration du 9 novembre vue par le correspondant de ACI Afrique.

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Selon la direction du FORCOM, "Grâce aux efforts déployés par la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus, il a été possible de prendre contact avec les journalistes Daniel Nantuma et Beatriz João qui ont marché pendant des jours vers Mueda, et Costa Marcelino et Hilário Tomás, qui se dirigent vers le poste administratif de Nairoto, district de Montepuez, province de Cabo Delgado".

La violente insurrection qui se déroule dans la province mozambicaine de Cabo Delgado depuis 2017 a eu un impact négatif sur la vie de plus de 600 000 personnes, avec plus de 200 000 déplacés dans toute la région, selon UNReliefweb.

Ces dernières semaines, au moins 7 402 personnes déplacées sont arrivées sur 127 bateaux sur la plage de Paquitequete, a indiqué l'Organisationinternationalepour les migrations (OIM) des Nations unies.

En octobre, Mgr Luiz Fernando Lisboa du diocèse de Pemba au Mozambique, dans la province de Cabo Delgado, a lancé un appel à l'aide pour des milliers de familles déplacées, déclarant qu'elles vivaient "une profonde crise humanitaire".

Dans leur déclaration du 9 novembre, les responsables du FORCOM soulignent certains des messages qu'ils ont reçus de certains journalistes de radio catholiques qui se cachent dans la brousse au sein du diocèse catholique de Pemba.

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"Bonjour, Révérend (Père). Nos maisons à l'Aldeia 24 de Março ont été incendiées. Ils sont en train de tuer. Dommage pour cette fois. Père, si vous avez de l'argent, je vous demande de faire sortir des membres de ma famille ici, à Montepuez", écrit l'un des journalistes au coordinateur de la station de radio, le père Edgard.

Le journaliste raconte : "Nous sommes toujours dans la brousse. La situation est très compliquée."

 

"Nous mourons de soif et de faim, trois jours avec mes neveux sans rien manger. Alors, nous demandons de l'aide", lance le journaliste au père Edgard et ajoute : "Père, la situation est encore mauvaise. Je suis dans les bois depuis cinq jours avec ma famille, nous sommes en mauvaise posture. Mon père a été décapité".

"De ce que j'ai vécu ces quatre jours d'attentats terroristes, tout indique que cette fois-ci, il sera compliqué pour nous de retourner y vivre. Les tirs ne cessent pas et les maisons sont incendiées", explique encore le journaliste dans son message.

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Selon les dirigeants du FORCOM, "la violence armée a atteint des niveaux jamais vus auparavant, avec l'assaut et l'occupation des principaux villages des districts".

"La FORCOM met en place des mécanismes pour garantir le soutien nécessaire aux journalistes qui sont dans les bois et préserver leur intégrité physique et leur sécurité", indiquent les responsables de la FORCOM dans leur message.

Ils ajoutent : "La FORCOM souligne que le droit à l'information est un principe inconditionnel dans le cadre de la matérialisation des droits de l'homme et qu'il est inscrit dans la Constitution de la République du Mozambique et dans la loi sur le droit à l'information comme un droit fondamental et irréductible. ”

Ils invitent le gouvernement mozambicain à "garantir la sécurité de ses citoyens", ajoutant que "les conditions nécessaires soient créées pour garantir les droits de l'homme des communautés des zones touchées à Cabo Delgado".

"Nous demandons que les conditions soient créées pour le fonctionnement de la radio communautaire de São Francisco de Assis, afin que le personnel puisse continuer à remplir sa mission de développement, de protection et de promotion des droits de l'homme des communautés locales", déclarent les responsables de la FORCOM dans leurs déclarations du 9 novembre obtenues par le correspondant d’ACI Afrique.