Advertisement

« L’Afrique prisonnier de sa justice en souffrance», a besoin de la justice «transformée par la miséricorde», selon un évêque du Togo

Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, évêque du diocèse d'Atakpamé (Togo), délégué du 4ème Congrès panafricain sur la miséricorde divine à Ouagadougou au Burkina Faso: 21 novembre 2019 ACI Afrique Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, évêque du diocèse d'Atakpamé (Togo), délégué du 4ème Congrès panafricain sur la miséricorde divine à Ouagadougou au Burkina Faso: 21 novembre 2019
ACI Afrique

Un évêque du Togo, un pays d’Afrique de l’Ouest, a critiqué le système judiciaire institutionnalisé par de nombreux pays africains, le qualifiant de «victime de la justice», et proposé un système juridique orienté vers la cohésion sociale, «transformé par la miséricorde».

«Je voudrais proposer à l'Afrique une justice de dépassement de soi, qui peut être transformée par la miséricorde, mais à travers des étapes qui, compte tenu de la situation sur le continent, semblent particulièrement importantes», a déclaré à ACI Afrique, Mgr Nicodème Anani Barrigah-Benissan, évêque du diocèse d'Atakpamé, au Togo, dans une interview mercredi 20 novembre peu après avoir échangé avec les délégués du Congrès panafricain sur la Miséricorde Divine au Burkina Faso.

Après avoir réfléchi avec les délégués du Congrès sur le thème «L’Afrique emprisonnée dans une justice qui souffre», Mgr Barrigah a déclaré à ACI Afrique que le système juridique en Afrique «doit être essentiellement une justice libre, attachée au droit, soucieuse d’équité, orientée vers la cohésion sociale et la société, naturellement, transformée par la miséricorde, comme l'a clairement montré l'exhortation post-synodale du pape Benoît XVI « Africae Munus ».

Dans son opinion réfléchie basée sur son expérience de dirigeant d'une église africaine, la justice ne peut véritablement imprégner la vie du peuple de Dieu sur le continent «que si elle est transformée par la miséricorde, animée par l'amour de Dieu qui conduit au dépassement de soi».

Le système de justice en Afrique doit être centré sur « la cohésion sociale et la justice sociale doit être au cœur de notre vie pastorale », a déclaré le prélat togolais de 56 ans.

Advertisement

Il a ensuite invité les Africains à s'accepter les uns les autres dans leur diversité afin de parvenir à une justice efficace pour tous: « Les Africains d'aujourd'hui doivent d'abord accepter leurs frères et sœurs dans leurs différences sans diaboliser ou chercher à tout prix à les dominer ».

Il a plaidé pour le respect mutuel des droits et des libertés entre les citoyens d'Afrique, ce qui permet une participation active dans les affaires de la société, indépendamment de l'appartenance ethnique et d'autres facteurs distinctifs.

« C'est observer un minimum de justice sociale en ne s'emparant pas de tout par des moyens frauduleux ; c'est permettre à chaque citoyen de participer à la vie sociale sans exclure ceux qui ne font pas partie de notre groupe ethnique, de notre religion ou de notre parti politique », a dit Mgr Barrigah.

Il a ajouté en référence à la signification d'un système de justice qui permet le respect mutuel des droits et des libertés,  « Cela signifie aussi organiser des élections libres, transparentes et justes ; cela signifie accepter de s'asseoir au dialogue en toute sincérité ; cela signifie mettre la politique au service du bien commun ; cela signifie tendre la main pour construire ensemble les conditions d'une véritable démocratie ».

« Nos pays ont besoin d'une liberté qui leur permette de prendre leur destin en main : la liberté politique, économique et militaire », a conclu Mgr Barrigah.

Plus en Afrique