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En RDC, les évêques de la province ecclésiastique de Kisangani dénoncent l'insécurité et le mauvais état de la route

Mgr Marcel Utembi, archevêque métropolitain de Kisangani, présentant son discours lors de la clôture de la Rencontre le 4 mars 2021. CENCO Mgr Marcel Utembi, archevêque métropolitain de Kisangani, présentant son discours lors de la clôture de la Rencontre le 4 mars 2021.
CENCO

Les multiples cas d'insécurité et le mauvais état des routes font partie des préoccupations des évêques catholiques de la province ecclésiastique de Kisangani en République démocratique du Congo (RDC).

Dans une déclaration publiée le lundi 8 mars à l'issue de leur assemblée épiscopale provinciale de Kisangani (ASSEPKIS), les évêques demandent instamment aux autorités compétentes de s'attaquer au "phénomène des groupes armés" et de travailler à l'amélioration des infrastructures.

"Nous déplorons avec regret la situation d'insécurité qui prévaut dans toute notre province et qui se traduit par divers phénomènes tels que : les groupes armés (locaux et étrangers) qui sévissent particulièrement en Ituri", déclarent les membres de l'ASSEPKIS.

Ils déplorent également "le fait que la situation socio-économique des populations des quatre provinces administratives ne cesse de se dégrader de jour en jour" et attribuent cela "au déficit d'une administration peu soucieuse des conditions de vie des populations".

"Cette détérioration du tissu économique est accélérée par la destruction du réseau routier dans toute la province qui rend difficile la mobilité des personnes et des biens", disent les évêques dans leur déclaration collective obtenue par ACI Afrique.

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"Nous dénonçons le manque de contrôle sur les mouvements migratoires (internes et externes) dans nos territoires", ajoutent les membres de l'ASSEPKIS.

Ils ajoutent : "L'absence de politique d'accueil et d'intégration des réfugiés centrafricains, sud soudanais et autres est souvent la cause de la souffrance des populations locales, car ces groupes de migrants semblent être protégés par certaines autorités nationales et provinciales".

Les dirigeants de l'Eglise catholique condamnent également "l'inertie des services de l'Etat dans les zones de conflit, alors qu'ils étaient censés rassurer la population qu'ils sont appelés à assurer la sécurité".

"Nous avons l'impression que ces services, ainsi que les autorités locales, passent des accords avec des groupes armés et des agresseurs contre la population pacifique qui ne peut plus vaquer à ses occupations", déplorent les membres de l'ASSEPKIS dans leur déclaration du 8 mars.

Ils ajoutent : "Le dysfonctionnement de ces services aggrave certains conflits entre les populations, notamment le conflit foncier, qui devient récurrent entre certaines ethnies dans nos provinces administratives, ce qui démontre d'une certaine manière l'impuissance et la faiblesse de l'Etat". "Cela conduit souvent à des morts multiples parmi nos populations, ce que nous déplorons, car la vie humaine semble être méprisée, même si elle est sacrée par nature", affirment les évêques dans leur déclaration de quatre pages.

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"Toutes ces situations d'instabilité dans nos communautés alimentent la cruauté et cultivent la haine entre des populations qui ont toujours vécu et sont appelées à vivre ensemble", dénoncent les évêques dans leur déclaration intitulée "Qu'avez-vous fait de votre frère ?

Ils poursuivent en présentant "leurs condoléances aux diocèses qui ont perdu certains agents pastoraux, ainsi qu'aux familles qui ont perdu les leurs dans des situations tragiques et parfois dans des violences inexplicables".

"Notre compassion s'adresse également aux communautés chrétiennes qui ne peuvent plus travailler pacifiquement pour l'annonce de l'Evangile en raison de l'insécurité qui règne dans certaines paroisses, où le déplacement de populations est monnaie courante, ainsi que du pillage des paroisses et des presbytères", ajoutent-ils.

Pour aller de l'avant, les membres de l'ASSEPKIS demandent aux autorités de "s'engager à mettre fin au phénomène des groupes armés et à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens".

Ils invitent en outre les autorités à "travailler à l'amélioration de la situation socio-économique de la population en entretenant les routes et en sécurisant la navigation fluviale pour le bien de notre peuple".

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Les évêques encouragent les agents pastoraux à "être de vrais témoins de la miséricorde et de la réconciliation ; et à ne pas se décourager dans leur mission d'évangélisation, malgré les difficultés et les épreuves qu'ils subissent dans certaines régions".

Ils appellent en outre les agents pastoraux à "raviver l'espoir des fidèles en cette période de crise aux multiples facettes, en les exhortant à ne pas écouter ou suivre ceux qui prêchent la haine".

"Nous invitons chacun à être plus responsable de son frère où qu'il soit afin de sauvegarder ce qui est important : la vie et la valeur de la personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu", affirment les évêques dans la déclaration.

"Nous implorons la miséricorde de Dieu, notre Père, de nous éclairer dans la construction de nos provinces, afin que la dignité et la valeur de la vie humaine soient respectées", ont déclaré les évêques à l'issue de leur réunion de quatre jours présidée par l'archevêque métropolitain de Kisangani, Mgr Marcel Utembi.

Etaient également présents les vicaires généraux, le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), les recteurs des trois maisons provinciales de formation, les responsables provinciaux de l'Union des Supérieurs Majeurs (USUMA), de l'Association des Supérieurs Majeurs (ASUMA), du Conseil d'Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC) et du Bureau provincial des Ecoles Catholiques de la Convention.