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Selon l’épiscopat, l'intention du Kenya de fermer les camps de réfugiés est "malheureuse et regrettable"

Vue aérienne du camp de réfugiés de Kakuma au Kenya. Crédit : Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) Vue aérienne du camp de réfugiés de Kakuma au Kenya. Crédit : Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)

L'intention du gouvernement kenyan de fermer les camps de réfugiés de Dadaabet de Kakuma, dans la région nord du pays, est "malheureuse" et "regrettable", ont déclaré les évêques catholiques de ce pays d'Afrique de l'Est.

Dans une déclaration collective diffusée dimanche 11 avril, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) appellent le gouvernement kenyan à "mettre de côté cette idée malheureuse" et à se concentrer sur la sécurité des réfugiés.

"Il est très malheureux et regrettable que l'intention des autorités kenyanes de fermer les camps de réfugiés de Dadaab et de Kakuma dans un court délai intervienne à un moment où ces personnes ont besoin d'aide", indiquent les membres du KCCB dans leur déclaration datée du 9 avril.

Ils ajoutent : "C'est le moment de protéger et d'accueillir les personnes les plus vulnérables de notre société. En tant que nation craignant Dieu, nous devons obéir aux commandements de Dieu d'aimer nos voisins. C'est pourquoi, en tant que Kényans, nous devrions considérer comme un privilège de montrer cet amour en accueillant les réfugiés et les demandeurs d'asile du monde entier."

Dans la déclaration de deux pages signée par le président du KCCB, Mgr Philip Anyolo, les évêques catholiques "applaudissent le gouvernement du Kenya pour avoir accueilli et protégé les réfugiés et les demandeurs d'asile au fil des ans".

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L'accueil des réfugiés et des demandeurs d'asile "a été un bon geste pour ces personnes qui se sentaient beaucoup plus en sécurité au Kenya", déclarent les membres du KCCB, qui ajoutent : "Il est non seulement nécessaire, mais aussi important et humain de soutenir les plus vulnérables de notre société, en leur donnant une autre chance d'avoir un endroit qu'ils peuvent appeler maison."

Le 24 mars, le secrétaire du Cabinet de l'Intérieur et de la Coordination du gouvernement national, le Dr Fred Matiang'i, a annoncé l'intention du gouvernement de fermer les deux camps et a lancé un "ultimatum" de deux semaines au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour qu'il présente un plan de fermeture.

"Le HCR est préoccupé par l'impact que cette décision aurait sur la protection des réfugiés au Kenya, y compris dans le contexte de la pandémie actuelle de COVID-19", a déclaré la direction de l'agence pour les réfugiés le 24 mars en réponse à la fermeture prévue du camp et s'est engagée à dialoguer avec les autorités kenyanes.

Le 8 avril, la Haute Cour du Kenya a temporairement bloqué la fermeture des deux camps pour une période de 30 jours, à la suite d'une pétition déposée par un politicien local contestant la décision du gouvernement.

Situé dans le diocèse de Lodwar au Kenya, le camp de réfugiés de Kakuma, qui existe depuis 29 ans, est le plus grand de son genre au monde. Il accueille environ 200 000 personnes, dont la majorité a fui la guerre civile dans la plus jeune nation du monde, le Sud-Soudan.

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Le camp de Dadaab, créé en 1991, est quant à lui la troisième plus grande installation de réfugiés au monde, avec un nombre de réfugiés et de demandeurs d'asile estimé à 218 873, selon les statistiques du HCR.

La majorité des habitants du camp, situé sur le territoire du diocèse de Garissa au Kenya, sont des réfugiés qui ont fui la guerre civile en Somalie voisine.

En 2016, le gouvernement kényan avait tenté de fermer le camp de Dadaab, invoquant des problèmes de sécurité en raison de sa proximité avec la Somalie en proie à des conflits. La décision de la Haute Cour kényane a bloqué cette démarche, qu'elle a qualifiée d'inconstitutionnelle.

Plutôt que de fermer les camps, les évêques catholiques du Kenya souhaitent que le gouvernement dirigé par Uhuru Kenyatta "mette de côté cette idée malheureuse et augmente plutôt la sécurité et tout autre soutien aux réfugiés ainsi qu'aux organismes qui travaillent directement avec eux pour s'assurer qu'ils reçoivent leurs besoins fondamentaux".

Les évêques ajoutent dans leur déclaration du 9 avril : "Le gouvernement devrait reconsidérer sa position et traiter tous les réfugiés avec soin et préoccupation, surtout en cette période de pandémie de COVID-19 où l'humanité est confrontée à de graves défis économiques et psychologiques. Soyons les gardiens de nos frères et sœurs".

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"Le retour forcé des réfugiés en Somalie, où l'insécurité et les attaques contre les civils persistent, entraînera davantage de souffrances pour de nombreuses femmes et enfants vulnérables", déclarent les membres de la KCCB dans leur déclaration collective partagée avec ACI Afrique.

Ils rappellent au gouvernement kenyan qu'en vertu du droit international, les réfugiés "peuvent être rapatriés de leur plein gré lorsque les conditions changent et qu'un gouvernement libre et démocratique respectant les droits de l'homme, la bonne gouvernance et l'État de droit est en place".

"Ce n'est toujours pas le cas en ce qui concerne la Somalie dont la population est majoritairement accueillie dans le camp de Dadaab. Le principe de non-refoulement doit être respecté", ajoutent les évêques catholiques du Kenya dans leur déclaration intitulée "Appel au gouvernement du Kenya de ne pas fermer les camps de réfugiés de Dadaab et de Kakuma".

Selon l'opinion réfléchie des membres du KCCB, "la situation complexe des réfugiés au Kenya nécessite une approche globale des solutions, qui incluent une protection continue de ceux qui ont besoin d'asile et un soutien adéquat pour ceux qui pourraient choisir de rentrer volontairement."

"Pour faciliter des retours durables, il est important que les rapatriés reçoivent le soutien nécessaire, qui comprend des aides financières et des articles de secours de base", indiquent les évêques catholiques du Kenya dans leur déclaration du 9 avril.

Selon les évêques, le gouvernement kenyan "devrait continuer à travailler avec les autres parties prenantes et embrasser le dialogue afin de garantir une solution durable pour le bien commun des réfugiés."