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Mozambique : Le calvaire des personnes déplacées à la recherche d'un refuge malgré la crise

Carte montrant la région troublée de Cabo Delgado au Mozambique. Crédit : Domaine Public Carte montrant la région troublée de Cabo Delgado au Mozambique. Crédit : Domaine Public

Les personnes déplacées dans le cadre des violences actuelles à Cabo Delgado, la province septentrionale du Mozambique, passent des mois loin de chez elles dans leur tentative angoissante de fuir la région déchirée par la guerre, selon l'organisation catholique de paix et de charité Denis Hurley Peace Institute (DHPI).

Selon l'organisation qui suit l'évolution de la violence dans un certain nombre d'autres pays africains, des dizaines de personnes sont restées bloquées à Paquitequete, une plage de la ville de Pemba, après avoir navigué vers le sud à la recherche d'un refuge.

Selon la direction de DHPI, les personnes déplacées fuient des attaques prolongées dans les villages des districts de Palma et Nangade à Cabo Delgado.

"Les personnes déplacées continuent d'arriver par bateau à Pemba. Ces dernières semaines, la plage de Paquitequete, dans la ville de Pemba, a continué à recevoir des personnes déplacées", déclare Johan Viljoen, le directeur de DHPI, dans un rapport partagé avec ACI Afrique.

Il ajoute dans le rapport du lundi 7 juin : "Chaque jour, au moins 100 personnes débarquent sur la plage de Paquitequete, après environ cinq jours de voyage risqué par la mer et en voiliers."

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Selon le responsable du DHPI, une initiative de paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), il y a des cas où le voyage en mer dure 10 jours.  

"Sans assistance et sans destination précise, certains déplacés restent sur la plage de Paquitequete pendant une semaine, tout en essayant de localiser des membres de leur famille", explique M. Viljoen, ajoutant que ceux qui ne parviennent pas à localiser des membres de leur famille et qui ne sont pas acheminés vers les centres de transit ou de réinstallation finissent par rester plus longtemps sur la plage.

Sur la plage, les personnes déplacées qui cherchent refuge se débrouillent "sans les conditions minimales de survie", indique-t-il dans le rapport du DHPI.

Viljoen ajoute qu'il y a au moins 30 personnes qui sont sur la plage de Paquitequete depuis plus de trois mois.

Pendant ce temps, les autorités tanzaniennes continuent de refuser l'entrée aux réfugiés civils fuyant les combats dans la région de Cabo Delgado, selon le rapport du 7 juin de la direction du DHPI.

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Le mois dernier, l'organisation a indiqué que les personnes déplacées ne comprenaient pas pourquoi elles étaient refoulées par les autorités tanzaniennes alors qu'il était prouvé que les militants responsables des attaques dans le nord traversaient librement vers les régions méridionales du pays d'Afrique de l'Est.

"Les civils de Cabo Delgado sont de plus en plus nombreux à penser que soit la Tanzanie n'agit pas, soit les autorités du pays soutiennent l'insurrection en cours chez son voisin, le Mozambique", a déclaré M. Viljoen dans une interview accordée le mois dernier à ACI Afrique.

Ceci après l'apparition d'images d'un groupe de militants traversant la forêt de Namoto, dans le sud de la Tanzanie.

Le responsable de l'organisation de paix et de bienfaisance, qui apporte un soutien humanitaire aux réfugiés déplacés dans l'archidiocèse catholique de Nampula et le diocèse de Pemba, a ajouté : "Les habitants de Cabo Delgado se demandent pourquoi ils ne sont pas autorisés à entrer en Tanzanie alors que les insurgés ont été repérés entrant dans le pays en toute impunité. Apparemment, les autorités tanzaniennes laissent passer les militants sans aucun obstacle."

Dans le message du 7 juin, M. Viljoen fait référence à un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) selon lequel la Tanzanie a effectivement refusé l'asile à quelque 3 800 Mozambicains fuyant des attaques armées à Palma, Cabo Delgado, au cours du mois de mai.

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Selon le rapport du HCR du 4 juin, "en mai, près de 3 800 Mozambicains ont été renvoyés de force de Tanzanie par le poste frontière de Negomano, selon les autorités mozambicaines."

Le HCR a parlé de rapports " inquiétants " et a exhorté les pays voisins à respecter l'accès à l'asile pour les personnes fuyant la violence généralisée et le conflit armé dans le nord du Mozambique.

  1. Viljoen souligne l'augmentation des attaques à Palma et indique que les forces mozambicaines ont lancé des contre-offensives dans certaines de ces attaques.

 "Les escarmouches se poursuivent au Mozambique, les plus récents accès de violence ayant été signalés au cours de la semaine dernière", indique-t-il, ajoutant que le 28 mai, des insurgés ont attaqué Quiwiya, une ville côtière située à environ 15 kilomètres au nord-est de Palma.

Un autre échange entre les militaires et les militants a eu lieu le 30 mai à Muidumbe.

Le responsable du DHPI déclare, à propos de l'échange militaire : "L'offensive n'a duré que deux jours parce qu'il n'y a pas eu de soutien logistique pour les renforts et les approvisionnements comme le demandaient les commandants."

Viljoen prévient que les "offensives par à-coups" ne font que renforcer les insurgés, car ils apprennent les faiblesses de l'armée et sont capables d'adapter leurs opérations en conséquence.