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Les bouches parlent de paix, "mais sur le terrain pleines d'atrocités" : Un évêque catholique sud-soudanais

Mgr Erkolano Lodu Tombe Mgr Erkolano Lodu Tombe

Les parties belligérantes du conflit au Soudan du Sud ne doivent pas se contenter de parler de paix, elles doivent passer de la parole aux actes, a déclaré un évêque catholique sud-soudanais.

"Nos bouches sont pleines du mot paix, mais nos activités sont pleines d'atrocités et d'absence de paix", a déclaré Mgr Erkolano Lodu Tombe lors de la sainte messe à la cathédrale du Christ Roi du diocèse de Yei.

Mgrw1 Tombe, qui présidait la célébration eucharistique du 19 septembre, a expliqué que le fait de ne pas joindre le geste à la parole "risque de nous réduire tous à des menteurs dans ce pays. Nous parlons tous de paix et nous voulons la paix et ce qui se passe, c'est la guerre, l'insécurité et pas de paix."

"C'est trop douloureux pour nous, en tant que vos dirigeants dans l'Église, nous ne pouvons pas vous laisser seuls, mais nous vous appelons à parler de paix, à travailler et à faire la paix", a souligné l'évêque sud-soudanais.

Après des décennies de conflit violent, le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan le 9 juillet 2011.

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La célébration de l'indépendance durement acquise a toutefois été de courte durée. Depuis décembre 2013, lorsque les luttes politiques intestines entre le président Salva Kiir et son unique vice-président de l'époque, le Dr Riek Machar, ont dégénéré en violences dans la capitale du Soudan du Sud, Juba, le peuple de Dieu de cette nation d'Afrique centrale et orientale a été soumis à une myriade de défis.

Le violent conflit entre les deux factions gouvernementales s'est étendu à d'autres parties du pays, notamment à Bentiu et à Bor, entraînant le déplacement de centaines de milliers de personnes "dès le premier mois de conflit", selon Mercy Corps, une entité d'aide humanitaire mondiale opérant dans des contextes de transition.

Selon l'entité non gouvernementale qui opère dans des contextes transitoires connaissant diverses formes d'instabilité, le Soudan du Sud, où au moins 3,7 millions de personnes ont fui leurs foyers ancestraux, connaît la troisième plus grande crise de réfugiés, après la Syrie et l'Afghanistan.

Quelques accords de paix ont été signés au cours des années de guerre civile, le plus important ayant été l'accord revitalisé de septembre 2018 sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS).

Les accords de paix ont été violés à plusieurs reprises, la situation dans la plus jeune nation du monde restant très instable, avec des flambées de violence signalées de temps à autre, parfois déclenchées par des conflits intercommunautaires.

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Dans son message au cours de la célébration eucharistique du 19 septembre, Mgr Tombe a appelé à l'honnêteté des agents de sécurité en déclarant : "Nos soldats, nos policiers et nos groupes armés, tous, soyons honnêtes et non menteurs ; nous voulons la paix, nous parlons de paix, et nous faisons la guerre, l'insécurité."

L'évêque sud-soudanais, qui est à la tête du diocèse de Yei depuis novembre 1986, a fait remarquer que personne ne croira le peuple du Soudan du Sud parce qu'il parle de paix tout en faisant la guerre.

S'exprimant également lors de la célébration eucharistique du 19 septembre à la cathédrale Christ the King, le secrétaire général du diocèse de Yei, le père Emmanuel Lodongo Sebit, a appelé les dirigeants à donner la priorité aux intérêts des citoyens avant les leurs.

Faisant référence au récent message pastoral des évêques catholiques du Soudan du Sud, le père Sebit a déclaré : "Nous devons être des serviteurs dans notre leadership, des serviteurs dans nos familles en tant que père et mère, des serviteurs dans nos communautés en tant qu'aînés et chefs."

"Les évêques catholiques du Soudan du Sud nous appellent, un appel au leadership serviteur, un style de dirigeants pour servir le peuple, pas pour servir mon propre intérêt ou l'intérêt de ma petite clique, mais l'intérêt du bien commun de tous", a déclaré le membre du clergé du diocèse de Yei au Soudan du Sud.

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Les représentants du gouvernement, y compris " les gouverneurs (d'État), les ministres, les commissaires, le président " sont censés " donner l'exemple ; pas le serviteur qui pense d'abord à lui-même ou qui pense à la petite clique de personnes qui le soutiennent, qui sont toujours le cercle de sa vie ".

Dans leur message pastoral publié le 15 septembre, les membres du Secrétariat des évêques catholiques du Soudan du Sud (SSCBS) ont souligné la nécessité d'une paix véritable dans le pays en déclarant : "La paix est la seule véritable direction du progrès humain - et non les tensions causées par des nationalismes ambitieux, ni les conquêtes par la violence, ni les répressions, qui servent de pilier à un faux ordre civil."

"La violence n'est pas le remède à notre monde brisé. Contrer la violence par la violence conduit au mieux à des migrations forcées et à d'énormes souffrances, car de vastes quantités de ressources sont détournées à des fins militaires et loin des besoins quotidiens des jeunes, des familles en difficulté, des personnes âgées, des infirmes et de la grande majorité des personnes dans notre monde", ont déclaré les évêques catholiques du Soudan du Sud, en faisant référence au message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2017.

Ils ont encouragé "tous nos fidèles et toutes les personnes de bonne volonté, en particulier nos sœurs et frères œcuméniques et interconfessionnels, à être forts dans la foi et l'espérance et à continuer à travailler pour la justice et la paix."