Advertisement

L'Église catholique en RDC affirme que la persécution se poursuit 25 ans après l'assassinat d’un l'archevêque

L'archidiocèse catholique de Bukavu, en République démocratique du Congo (RDC), subit toujours des persécutions des années après le meurtre horrible de Mgr Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo, a déclaré l'Ordinaire local de l'archidiocèse.

Mgr Munzihirwa aurait été tué par les forces de l'Alliance des forces démocratiques (ADF) lorsque les rebelles ont pris Bukavu en 1996.

En commémorant les 25 ans de l'assassinat du membre de la Compagnie de Jésus (SJ-Jésuites) à l'âge de 70 ans, Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque de l'archidiocèse de Bukavu, a dénoncé les persécutions que son siège épiscopal subit ces derniers temps aux mains des groupes armés.

Dans un message adressé mercredi 13 octobre à la fondation caritative pontificale Aide à l'Église en Détresse (AED) États-Unis, l'archevêque Rusengo a affirmé que les attaques contre l'Église locale ont augmenté ces derniers temps, rendant son ministère impossible.

"Il y a eu une dizaine d'attaques distinctes par des hommes armés sur nos paroisses, nos presbytères et nos couvents rien que cette année", déclare l'archevêque Rusengo dans le rapport de l'AED.

Advertisement

Selon l'Ordinaire local de Bukavu, sept paroisses, une école, un centre de santé et un couvent ont été attaqués entre mars et octobre 2021, dans les villes de Karhale, Ciherano, Burhiba, Cahi, Nyamugo, Kadutu, Kanyamulande, Mugogo et Cirirri, la dernière ayant été attaquée la semaine dernière, le 6 octobre.

 "Les conséquences de toutes ces attaques sont énormes, sans parler des traumatismes et des cicatrices physiques et psychologiques qu'elles ont laissés, heureusement sans aucune perte de vie réelle", déclare l'archevêque congolais. 

L'organisation caritative pontificale rapporte que depuis des années, les provinces de la partie orientale de la RDC sont terrorisées par les milices rebelles.

"Les conflits ethniques, les mouvements de population et le désir d'accéder à de précieuses ressources minérales ont joué un rôle important dans tout cela", rapporte l’AED, et ajoute : "Ces dernières années, on a également constaté un élément croissant d'islam radical."

L'archevêque Rusengo a déploré que de nombreuses attaques se produisent à proximité des lieux où sont stationnées les forces de l'ordre.

Plus en Afrique

L'archevêque congolais a déclaré à l'AED que si la terrible situation actuelle est due au manque de ressources, au chômage et à la pauvreté dans laquelle la population est forcée de vivre, il convient également "de considérer les conditions de vie des soldats et de la police, sans oublier la nature poreuse de nos frontières avec les pays voisins et l'absence de toute véritable autorité gouvernementale sur l'ensemble de notre territoire".

L'organisation caritative pontificale note qu'il y a une "absence totale" de sécurité assurée par l'État à Bukavu, et que l'Église catholique est l'un des rares organismes à s'élever contre l'injustice et la violence dans la région.

Pour cette raison, l'archevêque qui est à la tête de l'archidiocèse congolais depuis juin 2006 estime que les attaques semblent "viser particulièrement les structures de l'Eglise".

L'archevêque Rusengo pose, en référence aux attaques, la question suivante : "S'agit-il d'une tentative de museler l'Église, étant donné qu'elle est l'une des rares agences qui élève encore la voix pour plaider la cause de cette population qui souffre ? N'oublions pas non plus qu'en parlant de l'Église, nous parlons de Dieu, qui n'est pas accueilli par les autorités politiques et économiques séculaires. Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?"

L'archevêque, âgé de 65 ans, a appelé le peuple de Dieu placé sous son autorité pastorale à s'organiser pour protéger les églises et les institutions catholiques contre de futures attaques.

Advertisement

Il a en outre appelé les fidèles du monde entier à "persévérer dans la prière" afin de consoler la souffrance, à prier pour la conversion de ceux qui causent cette souffrance et à persuader les autorités d'"assumer leurs responsabilités au nom de tous".

Pendant ce temps, le peuple de Dieu en RDC se souvient du serviteur de Dieu, Mgr Munzihirwa, qui est né en 1926 à Lukumbo, dans l'est du pays, et a été élevé à la dignité épiscopale en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse de Kasongo le 10 mars 1986.

L'agence Fides avait déjà rapporté que le 15 septembre 1993, il avait été nommé administrateur apostolique de l'archidiocèse de Bukavu, tout en restant l'Ordinaire local du diocèse de Kasongo en RDC.

Selon le service d'information de Propaganda Fide, Mgr Munzihirwa était connu pour sa franchise, son courage et sa force dans la dénonciation du mal, de l'injustice et de l'occupation illégale du territoire congolais par des groupes armés étrangers qui commettaient des crimes et des violences contre la population locale.

L'archevêque jésuite aurait été tué le 29 octobre 1996 et son corps abandonné dans les rues où des séminaristes l'ont trouvé.

"L'archevêque est mort dans une situation de pauvreté totale. Les rues étaient désertes, les gens étaient terrés dans leurs maisons et les cadavres gisaient dans les rues de la ville", peut-on lire dans un ancien rapport de l'Agenzia Fides.

Le rapport cite une déclaration de novembre 1996 du cardinal Joseph Tomko, à l'époque préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples et envoyé spécial du pape au Burundi, qui a déclaré : "Mgr. Munzihirwa est mort en martyr ! Il était un prophète ! L'Afrique, le Congo, les Grands Lacs et en particulier l'archidiocèse de Bukavu ont perdu une perle précieuse. Malheur à ceux qui pensent placer leur trône sur des tombes".