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L'évêque élu du diocèse de Rumbek, au Soudan du Sud, envisage la renaissance d'un centre de traitement des traumatismes

Mgr Christian Carlassare Mgr Christian Carlassare

L'évêque élu du diocèse de Rumbek au Soudan du Sud, qui a survécu à une tentative d'assassinat en avril, envisage de faire revivre le centre de guérison des traumatismes qui a fourni une assistance psychosociale aux agents pastoraux, notamment aux membres du clergé et aux religieux et religieuses de cette nation d'Afrique centrale et orientale. 

Dans un "message de Noël" publié par les Missionnaires Comboniens, Mgr Christian Carlassare, qui se remet des blessures subies lors de la fusillade du 26 avril, reconnaît qu'il a reçu un immense soutien de la part de diverses personnes de bonne volonté.

Le membre des Missionnaires Comboniens note que la reprise du programme Healing of the Healer (HTH) de la Conférence des évêques catholiques du Soudan (SCBC), que le diocèse catholique de Rumbek (DOR) accueillait, profiterait à d'autres personnes ayant vécu des expériences similaires à la sienne.

"À la lumière de ce qui m'est arrivé, je pense qu'il est important pour le diocèse de Rumbek de donner une nouvelle vie au centre de guérison des traumatismes promu dans le passé par notre Mgr César Mazzolari", déclare Mgr. Carlassare dit en référence à l'évêque catholique auquel il devrait succéder et qui est décédé en juillet 2011.

L'évêque élu qui a fêté ses 44 ans le 1er octobre explique la nécessité de l'initiative de guérison des traumatismes au Soudan du Sud qui a sombré dans la guerre civile en 2013 en disant : " Dans un contexte de conflit, toutes les personnes portent les blessures d'une culture ou d'un environnement qui perpétue la violence par la loi dans laquelle ce sont les plus forts qui survivent au détriment des plus faibles. "

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"Je crois qu'il est nécessaire de rouvrir le centre d'écoute où des personnes compétentes peuvent proposer des chemins de réconciliation, de justice et de paix", affirme encore Mgr. Carlassare dit encore dans son message de Noël publié lundi 29 novembre.

Lorsqu'il a été nommé évêque du diocèse de Rumbek le 8 mars, Mgr. Carlassare a décrit sa nomination comme une illustration du "Dieu des surprises".

Le prêtre d'origine italienne aurait été la cible principale de deux hommes armés qui ont accédé à sa chambre aux premières heures du 26 avril en tirant plusieurs balles sur sa porte dans la résidence des pères de la cathédrale Sainte-Famille du diocèse de Rumbek. Il a été touché aux deux jambes.

Son ordination épiscopale, qui devait avoir lieu le dimanche de Pentecôte, le 23 mai, a depuis été "reportée à 2022, à une date qui reste à déterminer", a annoncé le nonce apostolique au Kenya et au Soudan du Sud, Mgr Bert van Megen, dans un communiqué daté du 30 octobre.

Le diocèse de Rumbek est actuellement sous la direction de Mgr. Matthew Remijio, du diocèse de Wau au Soudan du Sud, après sa nomination comme administrateur apostolique le 5 mai.

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Dans son message de Noël, Mons. Carlassare partage les expériences qui ont précédé la tentative d'attentat contre sa vie et note que l'année a été "la plus inhabituelle" de sa vie.

"L'année 2021 a été l'année la plus inhabituelle de ma vie", dit-il, et il explique : "Je l'ai commencée par une célébration prolongée de Noël qui a duré environ deux semaines au cours desquelles j'ai rencontré diverses communautés chrétiennes : d'abord dans la cathédrale de Malakal, puis avec les personnes déplacées dans le camp de l'ONU à l'extérieur de la ville, et les jours suivants, en visitant les communautés chrétiennes de Koradaar, Palloch et Mellut qui n'avaient pas reçu la visite d'un prêtre depuis un certain temps."

L'évêque élu raconte avoir été témoin d'immenses souffrances parmi les communautés qu'il a visitées.

"J'ai vu tant de pauvreté et d'abandon, tant de frustration face à l'insécurité et à la paix encore lointaine. Seules la résilience des gens et la solidarité ont été les signes d'un Noël vrai et vécu", raconte Mgr. Carlassare raconte dans son message qui a été publié le 29 novembre. 

Il décrit sa nomination du 8 mars comme évêque du diocèse de Rumbek comme inattendue. Cette nomination, note-t-il, a été suivie de peu par la fusillade.

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Mgr Carlassare décrit également la tentative d'assassinat comme un moment de révélation au cours duquel il a pris conscience de sa "propre faiblesse". "

"Cet incident, c'est le moins que l'on puisse dire, a bouleversé mes plans et mes attentes. J'ai fait l'expérience de ma propre faiblesse. Non seulement la faiblesse physique due à la blessure subie et à la lente réhabilitation qui, grâce à Dieu, a porté de bons fruits et m'a permis de bien récupérer. Mais aussi la faiblesse due au fait que je n'ai pas été en mesure de promouvoir la paix, l'unité et la coopération auxquelles j'aspirais tant. Ce n'était certainement pas de ma seule faute", dit-il. 

La tentative d'assassinat, ajoute l'évêque élu, lui a également rappelé sa "pauvreté et la nécessité d'être humble".

"Le pardon doit être cultivé comme un choix personnel qui coûte des sacrifices", poursuit-il, avant d'ajouter : "C'est le point de départ du chemin ascendant de la réconciliation, qui est toujours un parcours communautaire et qui ne peut être forcé mais doit mûrir comme un engagement commun."

"Il est bien connu que la violence n'est vaincue que par la douceur. En fait, il est préférable d'être blessé que de faire mal, en portant ses blessures sans rancune. La douleur avec laquelle j'ai commencé ce ministère amènera peut-être les gens à l'accueillir. Je souhaite donc cultiver l'espérance", dit Mgr. Carlassare.

Dans ce message, le missionnaire combonien, qui a exercé son ministère dans le diocèse de Malakal au Sud-Soudan depuis son arrivée dans cette nation d'Afrique centrale et orientale en 2005, laisse entendre que ses projets futurs pour le diocèse de Rumbek incluront la recherche d'un chemin vers la paix et la vie en communion.

"En 2022, nous organiserons dans le diocèse des retraites pour les agents pastoraux avec des sessions animées par le groupe Solidarité avec le Soudan du Sud qui favoriseront l'écoute et le partage pour dépasser l'hostilité et promouvoir la communion. Il faudra ensuite poursuivre avec des programmes de formation de leaders locaux qui pourront prendre à cœur la résolution de conflits locaux ou de violences familiales", précise l'évêque élu du diocèse de Rumbek. 

Il ajoute, en référence aux retraites envisagées qui seront facilitées par Solidarité avec le Soudan du Sud (SSS), "Ce processus est fondé sur la dignité de chaque personne en dépassant les trois dichotomies communes : la dichotomie ethnique entre les clans et les tribus, la dichotomie sociale entre ceux qui sont puissants et ceux qui ne comptent pour rien dans la société, et la dichotomie anthropologique entre les hommes et les femmes dans une société fortement patriarcale."

Dans son message de Noël 2021, Mgr. Carlassare explique la signification de la saison festive pour le peuple du Sud-Soudan.

"Au Soudan du Sud, Noël est la fête par excellence car elle intervient après la récolte, dans une période de relative prospérité. La population se rassemble, sans distinction de croyance ou de classe sociale, pour célébrer la vie", explique l'évêque élu.

Il ajoute : " La communauté en sort vivifiée, renforcée et, dans une certaine mesure, même renaissante. Il est beau alors de célébrer la vie de Jésus et, en lui, la naissance d'une humanité nouvelle."

Il affirme que la sainte famille de Nazareth fournit un bon exemple de "grande douceur et de disponibilité malgré la violence ambiante."

"Jésus s'est rendu présent et proche de chaque personne avec une telle douceur qu'il n'a même pas semblé être Dieu, mais il a été complètement humain, nous montrant comment nous devrions aussi être. Et c'est pour cette raison qu'aujourd'hui je le vois se rendre présent sur les visages de tant d'enfants et de jeunes de Rumbek qui regardent l'Église comme la famille de Nazareth : prête à les accueillir, à protéger leur vie et à leur donner une opportunité, une espérance", a déclaré Mgr. Carlassare. 

Il implore en référence aux enfants et aux jeunes du diocèse de Rumbek : "Je prie pour que, répondant généreusement à notre appel et à notre mandat chrétien, nous puissions partager avec eux la vie nouvelle que nous avons reçue de Jésus, une vie enfin libérée de tant de contraintes, de peurs et d'incertitudes."

Il reconnaît avec reconnaissance les femmes et les hommes religieux aux côtés du clergé diocésain et des collaborateurs laïcs impliqués dans "l'œuvre d'évangélisation et de promotion humaine" dans le diocèse de Rumbek.

" L'intervention dans le domaine de l'éducation est le fleuron du diocèse qui veut promouvoir la formation intégrale de la personne et la transformation sociale à partir des jeunes eux-mêmes qui sont la plus belle ressource du pays ", explique Mgr. Carlassare. 

Il exprime sa gratitude à tous ceux qui lui ont offert "un soutien, que je continue à recevoir de différentes manières et qui devient maintenant une source d'espoir pour le diocèse de Rumbek."

"Je vous laisse donc avec mes vœux les plus sincères de joyeux Noël pour qu'en levant la tête nous puissions enfin contempler Sa lumière. Nous ne sommes pas seuls, l'Enfant Jésus est notre espérance. Il nous enseigne l'humanité pour que nous puissions surmonter toute hostilité et vivre l'hospitalité", dit le missionnaire combonien dans son message de Noël 2021.