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Faites tout pour arrêter le "génocide de type Rwanda" en Éthiopie : Les chefs d'Église exhortent le pape François

Les membres du Conseil interreligieux de la diaspora du Tigré (TDIRC) demandent au pape François de prendre toutes les mesures possibles pour mettre fin aux affrontements en cours, qu'ils décrivent comme un génocide contre le peuple du Tigré.

Dans une déclaration du mercredi 1er décembre, les membres du TDRIC affirment que le gouvernement éthiopien et certains chefs religieux continuent d'encourager la rhétorique génocidaire dans les médias, ce qui s'est traduit par des meurtres horribles, des tortures et des arrestations arbitraires de Tigréens.

"Nous sommes convaincus que vous examinerez dans la prière cette question cruciale et que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher qu'un autre génocide de type rwandais ne soit commis sous les yeux du monde", disent-ils dans la déclaration lue lors d'un atelier organisé par le département de la promotion du développement humain intégral (PIHD) de l'Association des conférences épiscopales membres d'Afrique de l'Est (AMECEA).

Les chefs religieux expliquent que les habitants de la région la plus septentrionale de l'Éthiopie ont subi des "atrocités inimaginables" aux mains de l'armée éthiopienne et d'autres acteurs, notamment les forces armées érythréennes et les forces régionales amhara.

"Les civils de nombreuses villes, dont Mekelle, la capitale du Tigré, sont tués sans discernement par des bombardements aériens, et l'accès aux besoins fondamentaux tels que les médicaments, la nourriture, l'eau et les services de communication et bancaires reste bloqué par le gouvernement éthiopien", indiquent les membres de TDRIC. 

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Ils ajoutent qu'en dépit de la condamnation des organismes internationaux et des pays, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et les Nations unies, "le gouvernement éthiopien continue d'assiéger le Tigré dans toutes les directions."

Ils citent le rapport de situation de l'ONU de juin 2021 qui montre que "5,2 millions de personnes du Tigré ont été identifiées par l'ONU depuis juin 2021 comme ayant besoin d'une aide humanitaire immédiate et que 900 000 personnes du Tigré sont en situation de famine. Les fournitures médicales, le carburant et l'argent liquide dont on a tant besoin ont été complètement bloqués au cours des 12 derniers mois."

En conséquence, disent les chefs religieux, "les enfants meurent de famine, les gens ne peuvent pas se déplacer d'un endroit à l'autre, les banques n'ont plus d'argent liquide car il n'y a plus d'approvisionnement de leur banque nationale, et les très rares institutions de santé qui ont échappé à la démolition ne disposent pas de médicaments de base."

Ils dénoncent le fait que les agences humanitaires se sont vu refuser l'accès au Tigré, aggravant ainsi la situation humanitaire. 

"Comme si cela ne suffisait pas, le service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS), utilisé par les rares organisations humanitaires présentes dans le Tigré, a été intimidé par l'armée de l'air éthiopienne et a donc suspendu les vols nécessaires à destination et en provenance de Mekelle, la capitale du Tigré", indiquent les membres de TDRIC dans leur déclaration du 1er décembre. 

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Dans cette déclaration dont la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), le secrétaire d'État du Vatican, le nonce apostolique en Éthiopie, la Conférence des évêques catholiques d'Éthiopie et la Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE) ont reçu copie, les membres de la TDIRC affirment que les patients atteints de maladies chroniques au Tigré succombent aux effets du siège. 

"Entre-temps, la guerre continue de dévorer de nouvelles vies et de dégrader les moyens de subsistance, tant au Tigré qu'ailleurs en Éthiopie. Le gouvernement éthiopien a refusé toute forme de règlement négocié. Au lieu de cela, le gouvernement éthiopien et ses alliés mobilisent le reste de l'Éthiopie pour qu'elle se dresse contre le peuple du Tigré", déclarent les acteurs confessionnels en Éthiopie.  

Dans leur déclaration du 1er décembre signée par le président du conseil d'administration de TDIRC, le révérend Tekeste Araya, les chefs religieux exhortent le pape François à réitérer ses précédents appels à la paix dans le pays de la Corne de l'Afrique et à "continuer à prier pour la paix, les Tigréens persécutés et les autres Éthiopiens".

Ils demandent en outre au pape "d'exiger du gouvernement éthiopien et de ses alliés qu'ils mettent fin au profilage ethnique, au harcèlement, à la discrimination et à la détention massive dans toutes les régions d'Éthiopie et qu'ils libèrent tous les Tigréens et autres Éthiopiens détenus illégalement".

Les membres du TDIRC demandent au pape d'exhorter le gouvernement éthiopien à mettre fin aux massacres aveugles, en particulier dans le Tigré occidental, à cesser de créer des installations semblables à des camps de concentration et à préparer les civils tigréens sans défense à des attaques génocidaires, à des abus et à les prendre en otage.

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Les membres de TDRIC demandent également au pape d'intervenir en demandant au gouvernement éthiopien de cesser d'utiliser l'aide humanitaire comme une arme de guerre et de permettre un "accès humanitaire sans entrave" à la population du Tigré.