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Une entité catholique au Tchad dispense une éducation à l'hygiène menstruelle aux élèves réfugiés

Plus de 6.000 réfugiés et personnes déplacées internes (PDI) fréquentant les écoles locales du Tchad bénéficient de l'éducation sur la gestion de l'hygiène menstruelle (MHM) menée par le Service Jésuite des Réfugiés (JRS), une entité internationale pour les réfugiés de la Compagnie de Jésus (Jésuites).

Dans un rapport publié mercredi 12 janvier, les responsables du JRS affirment que l'accès aux kits MHM est essentiel pour les filles car il les protège non seulement de la honte publique mais aussi de l'abandon ou de l'absence de l'école.

Grâce au programme MHM, qui est mis en œuvre en partenariat avec Education Cannot Wait, l'UNICEF et le ministère tchadien de l'éducation et de la formation professionnelle, les responsables du JRS affirment que les femmes seront habilitées à contribuer davantage dans leurs communautés respectives.

"Avec une attention, des soins et des ressources appropriés, les jeunes femmes peuvent se sentir habilitées à poursuivre leur scolarité, à gagner en confiance et en indépendance, et à contribuer plus que jamais à leur communauté", déclare la direction du JRS.

Dans le rapport, Hazida, 14 ans, qui a bénéficié de la formation, raconte son expérience lorsqu'elle a eu ses premières règles et dit qu'elle se sentait honteuse.

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" La première fois que j'ai eu mes règles, j'ai eu peur ; je pensais que j'étais malade. Pourtant, ma grand-mère m'avait déjà parlé des règles. Et ma mère m'a expliqué ce qu'il fallait faire quand j'avais mes règles", raconte Hazida.

Elle ajoute : "Le kit MHM du JRS m'a beaucoup aidé dans ma vie quotidienne. Et j'ai appris pendant la formation comment utiliser les serviettes hygiéniques et me protéger."

Kaikai, également âgée de 14 ans, qui a bénéficié de la formation, affirme que certaines filles de son village pleurent lors de leur première expérience des règles, mais la formation MHM les a rendues "plus à l'aise".

" Certaines filles du village pleuraient quand elles avaient leurs règles, mais après la formation du JRS sur la MHM, nous sommes plus à l'aise avec cela. Avant, je ne savais pas qu'il était possible d'aller à l'école pendant mes règles", déclare Kaikai dans le rapport.

Elle ajoute : "L'école est importante pour devenir médecin ou même ministre. Nos parents ne savent pas lire et écrire. Alors, nous pouvons leur lire leurs cartes (médicales)".

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Kaikai dit que ses parents accordent tellement d'importance à l'éducation qu'ils vendent parfois leurs animaux pour payer l'école. Elle dit qu'ils ont été ravis quand elle a reçu les kits MHM du JRS.

L'écolière qui envisage de devenir sage-femme déclare : "Je veux devenir sage-femme parce que certaines femmes ont beaucoup de problèmes lors de l'accouchement, et je veux les soulager. Je veux aussi sensibiliser les gens à la SMM".

Elle recommande l'amélioration des latrines dans leur école afin que les filles puissent les utiliser pour changer les serviettes hygiéniques plutôt que d'utiliser les buissons.

Pour sa part, M. Souhadi, un enseignant de profession âgé de 33 ans qui a participé à la formation MHM, dit qu'il a été contraint de commencer à s'occuper des enfants dont les règles tombent un jour d'école.

Souhadi, qui enseigne à l'école primaire de Malmairi depuis six ans, raconte sa rencontre avec une fille qui a commencé à avoir ses règles en classe.

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"La fille était dans la salle de classe, assise sur le tapis. C'était la deuxième pause, et nous étions sur le point de rentrer à la maison. Quand elle s'est levée, ses camarades de classe ont remarqué qu'elle était tachée de sang. Certains ont refusé de prendre le tapis sur lequel la fille était assise", dit-il, et il ajoute qu'elle avait honte, assise, et ne voulait pas se lever.

Souhadi explique : "Je me suis approché de la jeune fille pour la consoler. Je lui ai dit qu'elle ne devait pas avoir honte, qu'elle n'était pas la seule à avoir ses règles et qu'elle ne serait pas la dernière non plus. Que c'est naturel pour toutes les femmes et les filles".

Il raconte qu'avec d'autres enseignants, ils ont lavé le tapis et convaincu la jeune fille de la nécessité de venir à l'école le lendemain.

Souhadi affirme que la jeune fille a tenu sa promesse de venir à l'école et que, depuis, elle n'a jamais été absente.

"La formation MHM du JRS a été très riche et bénéfique pour tous les enseignants. Nous avons appris à trouver les mots justes pour rassurer les filles sur ce qui leur arrive. Il y a des choses que nous ne savons pas, mais nous nous sentons maintenant mieux préparés à soutenir les filles pendant leurs règles", déclare M. Souhadi dans le rapport du 12 janvier.

Fondé le 14 novembre 1980 par le père jésuite Andrew Arrupe, le JRS a pour mission "d'accompagner, de servir et de défendre les réfugiés et autres personnes déplacées de force, afin qu'ils puissent guérir, apprendre et déterminer leur propre avenir".