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La synodalité est "l;'antidote au cléricalisme" dans l'Église : Selon un cardinal mauricien

Le cardinal Maurice Piat (à gauche) et le père Jean Maurice Labour lors d'une conférence de presse pour dévoiler la lettre pastorale sur le Carême, le 04 mars 2022. Crédit : Diocèse de Port Louis Le cardinal Maurice Piat (à gauche) et le père Jean Maurice Labour lors d'une conférence de presse pour dévoiler la lettre pastorale sur le Carême, le 04 mars 2022. Crédit : Diocèse de Port Louis

L'évêque du diocèse de Port Louis à Maurice, le cardinal Maurice Piat, a déclaré, dans sa dernière lettre pastorale pour la période de Carême, que le synode sur la synodalité et les préparatifs en cours font partie des initiatives de l'Église catholique pour contrer le cléricalisme.

Dans la lettre pastorale du vendredi 4 mars, le cardinal Piat souligne les effets du cléricalisme dans l'Église d'aujourd'hui et propose de marcher ensemble avec les fidèles comme une voie appropriée.

"Afin d'agir sur la cause profonde du mal, le pape François nous demande clairement d'adopter la synodalité comme mode de vie et de fonctionnement dans l'Église", déclare le cardinal Piat.

Le cardinal mauricien ajoute en référence à la synodalité : " Cette expression signifie 'marcher ensemble'. Il s'agit d'adopter l'habitude de réfléchir, discerner et décider ensemble entre laïcs, prêtres et religieux à différents niveaux de la vie de l'Église."

"Cette manière de faire est essentielle aujourd'hui comme antidote au cléricalisme et comme moyen de permettre un véritable renouveau de l'Église sous l'action de l'Esprit", affirme le cardinal Piat dans sa lettre pastorale de 17 pages, qu'il a dévoilée le 4 mars.

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Le membre de la Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains) ajoute : "C'est dans cet esprit que le pape François a convoqué toute l'Église à un synode d'octobre 2021 à octobre 2023. Il ne nous invite pas à discuter du thème de la synodalité mais à vivre une expérience concrète de marche ensemble dans l'Église pour discerner les étapes que chaque diocèse, chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque mouvement/service peut franchir pour avancer sur ce chemin de conversion pour une refondation de la vie ecclésiale."

"La fécondité de ce voyage dépend en grande partie du choix que nous faisons d'entreprendre ou de participer à des processus d'écoute, de dialogue et de discernement communautaire auxquels chacun d'entre nous peut contribuer", affirme le cardinal Piat.

Il poursuit en soulignant les effets du cléricalisme dans l'Eglise : "Si l'Eglise a un rôle à jouer en temps de crise, c'est de participer à la recherche d'un vivre ensemble démocratique plus sain dans notre pays. Pour jouer ce rôle, l'Église elle-même doit se remettre en question et reconnaître qu'elle a aussi ses faiblesses."

"Nous ne pouvons pas oublier les souffrances vécues par les mineurs et les adultes vulnérables à cause des abus sexuels, des abus de pouvoir et des abus de conscience commis par un nombre important de prêtres et de personnes consacrées", souligne le cardinal mauricien de 80 ans.

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Il ajoute : "Face à la douleur de nos frères et sœurs blessés dans leur chair comme dans leur esprit, pendant trop longtemps, l'Église n'a pas su écouter suffisamment le cri des victimes, ni les protéger comme elle aurait dû le faire."

Ces blessures profondes, précise le cardinal Piat, sont "difficiles à guérir, et pour lesquelles on ne demandera jamais assez de pardon."

Faisant référence à la lettre pastorale d'août 2018 du pape François aux fidèles, le cardinal Piat affirme que le Saint-Père nous invite "à reconnaître qu'à la source de ces abus et du manque de considération pour les victimes se trouve le poids d'une culture imprégnée de cléricalisme, où trop de pouvoir est concentré sur les seuls prêtres, où les décisions sont préparées et prises dans des cercles trop restreints, où la peur de la réputation de l'Église a conduit à négliger une écoute et un respect élémentaires pour les personnes blessées par des abus."

"Cette culture, héritée du passé et insuffisamment remise en question, a donné lieu à des formes d'autorité tordues sur lesquelles se sont greffés divers types d'abus (abus de pouvoir, abus économiques, abus sexuels)", ajoute-t-il.

Au cœur de toutes les souffrances endurées par les victimes, et de toute la honte ressentie par le peuple de Dieu, le cardinal Piat affirme : "Il y a le désir de trouver dans la crise l'appel et le déclencheur pour refonder le chemin de la vie chrétienne et ecclésiale."

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"Si la source de tout le mal causé par les abus est cette concentration du pouvoir de décision entre les mains du clergé, notre responsabilité n'est pas seulement de nous convertir personnellement", dit le cardinal Piat, et ajoute : "Nous devons aussi reconnaître que ce chemin de conversion est impensable sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu."

Pour aller de l'avant, le cardinal Piat affirme que le Synode sur la synodalité "invite les différents groupes et tendances de l'Église à entrer en dialogue."

Le Synode sur la synodalité, poursuit l'Ordinaire local de Port Louis, "invite également l'Eglise à s'ouvrir à l'écoute de ceux qui ne fréquentent pas l'Eglise, de nos frères et soeurs des autres Eglises chrétiennes et des autres religions. Eux aussi peuvent avoir des choses à nous dire".

Dans ce type de parcours, précise le cardinal, "il y a souvent des surprises et nous devons nous y préparer avec une grande confiance dans l'Esprit."

"J'exhorte mes frères et sœurs chrétiens à participer à ce Synode. Apportez votre expérience de vie dans l'Église, avec ses joies et ses peines, partagez votre espérance, votre discernement. Rejoignez vos frères et sœurs, y compris ceux d'autres confessions, qui cherchent également un chemin de lumière", dit-il.

"Pour faire un bon voyage ensemble, nous devons à la fois parler franchement et courageusement et entrer dans l'humilité de l'écoute. N'ayez pas peur du questionnement mutuel entre prêtres, religieux et laïcs", dit le cardinal Piat.

Il ajoute : "Cette façon de marcher ensemble est un art qui ne peut se développer dans l'Église sans des leaders formés (prêtres, religieux et laïcs) qui exercent un nouveau style de leadership qui n'est plus vertical et clérical mais plus horizontal et collaboratif."

"Un leadership de service qui considère l'autorité non pas comme une force imposante mais comme une force qui libère la créativité et encourage la participation de tous, selon le charisme de chacun", précise le cardinal Piat dans sa lettre pastorale du 4 mars.