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Nigeria: Un évêque catholique dénonce le laxisme du gouvernement et de la communauté internationale dans leur réponse aux attaques

Mgr Julius Yakubu Kundi, évêque du diocèse catholique de Kafanchan, au Nigeria. Mgr Julius Yakubu Kundi, évêque du diocèse catholique de Kafanchan, au Nigeria.

L'évêque du diocèse catholique nigérian de Kafanchan a dénoncé le laxisme du gouvernement et de la communauté internationale dans leur réponse aux attaques incessantes dans le pays d'Afrique de l'Ouest.

Le 20 mars, des bandits ont attaqué Agban Kagoro, dans la zone de gouvernement local de Kaura, dans l'État de Kaduna, et auraient incendié au moins 200 maisons et tué 32 personnes.

Dans un communiqué publié mardi 22 mars, Mgr Julius Yakubu Kundi affirme que les attaques incessantes contre le peuple de Dieu les forcent à croire que les chrétiens de la région "deviennent progressivement une espèce en voie de disparition vouée à l'extermination."

"Il est tout à fait scandaleux qu'alors que le pogrom contre les chrétiens du sud de Kaduna et de la Middle Belt se métamorphose en génocide, les récits du gouvernement et de la communauté internationale le présentent comme un affrontement ethnique qui peut être confortablement maîtrisé par les forces de l'ordre du Nigeria", déclare Mgr Kundi dans la déclaration partagée avec ACI Afrique.

Il demande : "Quel est le nombre de morts acceptable pour qualifier un génocide selon le droit international ? Quel est le critère utilisé par la communauté internationale pour attribuer une valeur à une vie ?"

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Mgr Kundi affirme que la population du sud de Kaduna est dans l'angoisse en raison des attaques incessantes.

"Le gémissement du peuple est assourdissant, les menaces qui nous assaillent de différentes directions augmentent et nous avons été poussés à bout dans notre recherche d'une solution durable", déclare l'Ordinaire de Kafanchan dans la déclaration du 22 mars.

L'évêque catholique nigérian ajoute : "Notre peuple ne se sent pas protégé par le gouvernement et, en l'absence d'efforts clairs pour appréhender ces meurtriers, la confiance des citoyens dans le gouvernement et sa capacité à les défendre diminue de jour en jour."

Mgr Kundi déclare qu'il est temps pour le gouvernement et les agents de sécurité de la nation ouest-africaine de "faire rapidement plus que les habituelles dénonciations morales et assurances que les choses sont sous contrôle".

Dans la déclaration du 22 mars intitulée "Assez de l'effusion de sang", l'évêque catholique de 54 ans affirme que le peuple de Dieu de son diocèse jouissait d'une paix relative avant l'attaque du 20 mars.

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"Alors que notre peuple reconstruisait sa vie et espérait un retour à la normale, nous étions loin de nous douter que nos ennemis passaient des nuits blanches à élaborer des plans bien pensés pour nous anéantir", déplore le chef de l'Église catholique.

Il poursuit en faisant référence aux dernières attaques : "Venu de nulle part, notre calme relatif a été perturbé lorsque, vers 20 heures le 20 mars, ces hommes maléfiques ont débarqué dans notre communauté de Kagoro et ont brutalement assassiné plus de 20 personnes".

Mgr Kundi ajoute : "Nous avions poussé un soupir de soulagement après les attaques brutales des personnes pacifiques de Zaman Dabo et de Tsonje, qui n'ont eu lieu que les 1er et 12 février dans les zones de gouvernement local de Zangon Kataf et de Jema'a cette année."

"Combien de temps cela va-t-il durer et quand tout cela va-t-il finir ?", pose l'évêque catholique.

Dans ce contexte, Mgr Kundi dit partager la douleur de la population de Kagoro.

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"Je souhaite assurer à tout notre peuple épris de paix que nous ressentons votre douleur", déclare l'évêque catholique nigérian, et ajoute : "Que les âmes de tous ceux qui ont perdu la vie entre les mains de ces hommes maléfiques des ténèbres et celles de tous les fidèles décédés par la miséricorde de Dieu reposent en paix."

Il poursuit en appelant les habitants de Kagoro à coexister harmonieusement les uns avec les autres en disant que ce sera le plus grand honneur pour les personnes décédées.

"Nous avons toujours vécu ensemble et en paix. Nous devons nous unir pour nous assurer que nous survivrons à ces agents des ténèbres qui menacent de submerger nos communautés", a déclaré Mgr Kundi.

L'évêque catholique, qui est à la tête du diocèse de Kafanchan depuis son ordination épiscopale en février 2020, ajoute : "Il est temps pour les gens de laisser tomber tout élément de division qui menace de nous séparer. C'est le moment d'embrasser notre humanité commune."

S'adressant au peuple de Dieu, Mgr Kundi déclare qu'il est temps pour eux "de former une force commune qui combattra jusqu'à l'immobilité les hommes assoiffés de sang dont le seul grand rêve est d'anéantir les colonies indigènes à travers notre nation et de nous balkaniser davantage selon des lignes religieuses".

Dans sa déclaration, le chef de l'Église catholique nigériane exhorte la population à s'abstenir d'attaques de représailles en disant : "Nous les laissons, eux et leurs commanditaires, entre les mains de Dieu, notre créateur qui voit tout."

"Je demande donc à chacun d'entre nous, chrétiens ou musulmans, à travers et au-delà des murs limités des différences, de rester calme et de se tenir ensemble", déclare Mgr Kundi.

Il poursuit en encourageant le peuple de Dieu à rester optimiste quant à un avenir plus pacifique malgré les attaques.

"Nous sommes confrontés à de véritables défis, mais nous n'abandonnerons pas. Nos épreuves sont nombreuses, mais nous ne reviendrons pas en arrière. Nous sommes peut-être temporairement abattus, mais nous ne sommes certainement pas sortis", déclare l'Ordinaire du lieu du diocèse de Kafanchan au Nigeria.

Il poursuit : "Même si notre douleur peut durer toute la nuit - même si elle s'étend au-delà d'une seule nuit - je sais que, quel que soit le temps que cela prendra, le jour se lèvera et la joie viendra avec le matin".

"Courage mes chers amis", dit l'évêque catholique, et ajoute en référence aux paroles de St-Paul aux Corinthiens, "Nous sommes pressés de toutes parts mais non écrasés, perplexes mais non désespérés, persécutés mais non abandonnés, terrassés mais non détruits."