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Les évêques catholiques du Mozambique appellent à un effort commun pour lutter contre le "malheur" de l'insécurité

Les membres de la Conférence épiscopale du Mozambique (CEM) ont mis en garde contre le recours exclusif à l'armée pour faire face au "malheur" de l'insécurité dans ce pays d'Afrique australe, et ont appelé à des efforts conjoints.

Dans leur message obtenu par ACI Afrique jeudi 17 novembre, les évêques catholiques font référence aux attaques terroristes dans certaines parties du pays, et disent : "Nous devons unir nos forces pour trouver des moyens de résoudre ce malheur, sans compter uniquement sur l'utilisation de la force militaire."

"La poursuite de cette souffrance inhumaine est inacceptable et fait échouer le rêve d'être une nation de paix, d'harmonie et d'indépendance, juste et solidaire", affirment les membres de la CEM.

Dans leur appel à la paix, les évêques catholiques font écho aux paroles du pape François lors de sa visite au Royaume de Bahreïn, affirmant : "Le Dieu de la paix ne conduit jamais à la guerre, n'incite jamais à la haine, ne soutient jamais la violence."

Ils poursuivent en référence au message de paix du Saint-Père : "Nous, qui croyons en Lui (Dieu), sommes appelés à promouvoir la paix à travers des instruments de paix, tels que les rencontres, les négociations patientes et le dialogue, qui est l'oxygène du vivre ensemble".

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Les responsables de l'Église catholique disent qu'ils trouvent regrettable que les jeunes qui sont l'espoir d'un Mozambique pacifique soient au centre de la violence qui déchire le pays.

"Nous reconnaissons que l'une des principales raisons qui poussent nos jeunes à se laisser séduire et à rejoindre les diverses formes de déviance est l'expérience de l'absence d'espoir d'un avenir favorable", déplorent-ils.

Les membres du CEM affirment que les jeunes sont facilement attirés par la violence parce qu'ils n'ont pas "d'opportunités pour construire une vie digne", et ajoutent : "Il est facile d'attirer des gens qui sont pleins de vie et de rêves, mais sans perspectives."

Si les jeunes ne reçoivent pas de garanties sur la manière de réaliser leurs rêves, les évêques catholiques affirment que la nation entière verra son "rêve d'être le protagoniste de son avenir compromis."

Dans leur déclaration collective datée du 11 novembre, les évêques catholiques du Mozambique se disent également préoccupés par le coût élevé de la vie, qui "continue d'entraîner dans l'extrême pauvreté des hommes et des femmes qui souffrent déjà et qui doivent affronter un véritable martyre pour mettre du pain sur la table".

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Ils attribuent le coût élevé de la vie au changement climatique, aux mesures restrictives visant à prévenir le COVID-19, à la guerre en Ukraine et à ce qu'ils appellent les "dettes cachées".

Les membres du CEM affirment que les inégalités sociales et économiques contribuent au coût élevé de la vie, qui se manifeste par "l'écart grandissant" entre les riches et les pauvres.

Il faut des "politiques courageuses pour combler ce fossé grandissant", disent-ils, et ils ajoutent : "Sans une distribution équitable et juste des ressources et des opportunités, sans une réelle inclusion sociale, notre paix et notre cohésion sociale seront toujours menacées. Aucune paix ne survit aux exclusions et aux injustices sociales."

Les dirigeants de l'Église catholique ont également identifié la corruption comme un autre obstacle au bien-être du pays, contribuant aux défis auxquels le pays est confronté.

Ils déclarent : "Malgré les efforts et les proclamations dans la lutte contre ce fléau social, une culture de la corruption s'est établie dans le pays, conduisant les gens à penser que c'est normal, que c'est ainsi que les choses fonctionnent ; que ça ne peut être que comme ça."

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Les membres du CEM décrient la corruption en affirmant qu'elle conduit à canaliser les ressources publiques vers un usage privé, créant ainsi une sorte d'inégalité qui ne favorise que quelques personnes.

"La corruption se manifeste par les 'kickbacks' (rafraîchissements) constants que les fonctionnaires doivent payer pour recevoir un service qu'il est de leur devoir de fournir, par le détournement de fonds publics à des fins et intérêts privés, par le népotisme et la clientèle", disent-ils.

Les évêques catholiques affirment en outre que la cupidité, qui, selon eux, est la recette de la corruption dans le pays, a conduit "à favoriser les grands projets économiques des capitaux étrangers, mis en œuvre pour extraire les ressources naturelles sans la participation réelle et transparente des populations intéressées."

"Des milliers de familles continuent d'être retirées de leurs terres fertiles pour faire place à ces investissements, dont elles ne tirent pratiquement aucun bénéfice", disent-ils, ajoutant : "Souvent, dans leurs régions, ces communautés ne trouvent pas d'espace pour donner leur avis, car elles sont empêchées de s'exprimer, par des mécanismes de contrôle social qui bloquent leur participation."

Les membres de la CEM affirment qu'un changement d'attitude et un engagement à la conversion sont nécessaires pour les Mozambicains si les défis soulignés doivent être surmontés.

"Nous invitons chacun à s'engager à se convertir, à changer d'attitude, à rejeter toute forme de radicalisme, à surmonter l'intolérance entre les groupes sociaux, tribaux, politiques, économiques, religieux et raciaux qui nous divisent", disent-ils.