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Pour contrer la "troisième guerre mondiale", le pape François propose "vérité, solidarité et liberté"

Le pape François s'adresse à des diplomates internationaux au Saint-Siège le 9 janvier 2023, dans la salle des bénédictions du Vatican. | Vatican Media Le pape François s'adresse à des diplomates internationaux au Saint-Siège le 9 janvier 2023, dans la salle des bénédictions du Vatican. | Vatican Media

La communauté mondiale est engagée dans une "troisième guerre mondiale" marquée par une peur accrue, des conflits et un risque de violence nucléaire, mais un réengagement envers "la vérité, la justice, la solidarité et la liberté" peut fournir un chemin vers la paix, a déclaré le pape François aux diplomates internationaux lundi.

Citant la guerre en cours en Ukraine, mais s'appuyant également sur des conflits en Syrie, en Afrique de l'Ouest, en Éthiopie, en Israël, au Myanmar et dans la péninsule coréenne, le Saint-Père a déclaré que cette lutte mondiale est menée "au coup par coup", mais qu'elle est néanmoins interconnectée.

"Aujourd'hui, la troisième guerre mondiale se déroule dans un monde globalisé où les conflits n'impliquent directement que certaines zones de la planète, mais en fait, ils les impliquent toutes", a déclaré le pape François, s'exprimant dans le palais apostolique du Vatican.

Le pape a fait ces remarques dans le cadre de son discours annuel au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège. Le pape François a qualifié ce discours d'"appel à la paix dans un monde qui connaît des divisions et des guerres accrues".

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Dans le cadre de cette intensification des tensions, le pape a mis en garde contre la menace accrue de guerre nucléaire, en attirant particulièrement l'attention sur le blocage des négociations de l'accord sur le nucléaire iranien. Il a déclaré aux diplomates réunis que la possession d'armes nucléaires est "immorale" et a appelé à mettre fin à une mentalité qui vise à dissuader les conflits en développant des moyens de guerre toujours plus meurtriers.

"Il est nécessaire de changer cette façon de penser et de s'orienter vers un désarmement intégral, car aucune paix n'est possible lorsque les instruments de mort prolifèrent", a déclaré le pape.

Pour proposer un chemin vers la paix mondiale, le Saint-Père s'est largement inspiré de Pacem in Terris ("Paix sur la terre"), l'encyclique papale promulguée par saint Jean XXIII en 1962. Le pape François a déclaré que les conditions qui ont poussé le "bon pape" à publier Pacem in Terris il y a 60 ans présentent une similitude frappante avec l'état du monde actuel.

En particulier, le Saint-Père s'est inspiré de ce que Jean XXIII a décrit comme les "quatre biens fondamentaux" nécessaires à la paix : la vérité, la justice, la solidarité et la liberté, des valeurs qui "servent de piliers pour réguler les relations entre les individus et les communautés politiques."

Concernant la "paix dans la vérité", le Saint-Père a souligné le "devoir primordial" des gouvernements de protéger le droit à la vie à chaque étape de la vie humaine.

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La paix exige avant tout la défense de la vie, un bien qui est aujourd'hui mis en danger non seulement par les conflits, la faim et les maladies, mais aussi trop souvent dans le sein de la mère, par la promotion d'un prétendu "droit à l'avortement"", a déclaré le pape François, qui a également appelé à la fin de la peine de mort et de la violence contre les femmes.

Parlant de la nécessité de la liberté religieuse pour la paix, le Saint-Père a noté non seulement la persécution religieuse généralisée contre les minorités chrétiennes, mais aussi la discrimination dans les pays où le christianisme est une religion majoritaire.

"La liberté religieuse est également menacée partout où les croyants voient leur capacité à exprimer leurs convictions dans la vie de la société restreinte au nom d'une conception erronée de l'inclusion", a-t-il déclaré.

En ce qui concerne la justice, le Saint-Père a appelé à "repenser en profondeur" les systèmes multilatéraux tels que les Nations unies afin de les rendre plus efficaces pour répondre à des conflits tels que la guerre en Ukraine. Mais il a également critiqué les organismes internationaux qui "imposent des formes de colonisation idéologique, en particulier aux pays les plus pauvres" et a mis en garde contre le risque croissant de "totalitarisme idéologique" qui promeut l'intolérance envers ceux qui ne sont pas d'accord avec certaines positions censées représenter le "progrès"."

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Le Saint-Père a également parlé de la nécessité d'approfondir le sentiment de solidarité mondiale, citant quatre domaines d'interconnexion : l'immigration, l'économie et le travail, et le soin de la création.

"Les chemins de la paix sont des chemins de solidarité, car personne ne peut être sauvé seul. Nous vivons dans un monde interconnecté qui, en définitive, les actions de chacun ont des conséquences pour tous."

Enfin, concernant la "paix dans la liberté", le pape François a mis en garde contre "l'affaiblissement de la démocratie" dans de nombreuses régions du monde et l'augmentation de la polarisation politique. Il a déclaré que la paix n'est possible que si "dans chaque communauté, il ne prévaut pas cette culture d'oppression et d'agression dans laquelle notre voisin est considéré comme un ennemi à attaquer plutôt que comme un frère ou une sœur à accueillir et à embrasser".

Le discours du Saint-Père au corps diplomatique, qui comprend les représentants des 91 pays et entités ayant une chancellerie d'ambassade accréditée auprès du Saint-Siège, a également été l'occasion de passer en revue les faits marquants de l'année écoulée et les attentes pour l'année à venir.

Parmi les étapes importantes, citons la signature de nouveaux accords bilatéraux tant avec la République démocratique de São Tomé-et-Príncipe qu'avec la République du Kazakhstan. Le Saint-Père a également brièvement mentionné l'accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, convenu pour la première fois en 2018 et renouvelé en 2022 pour deux années supplémentaires.

"J'ai l'espoir que ce rapport de collaboration puisse s'accroître, au bénéfice de la vie de l'Église catholique et de celle du peuple chinois."

Le prochain marqueur important sur le registre diplomatique du pape : Son voyage en République démocratique du Congo à la fin du mois en tant que "pèlerin de la paix", suivi d'une visite conjointe au Soudan du Sud avec l'archevêque de Canterbury et le chef de l'Église presbytérienne d'Écosse.