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Un évêque catholique et une entité de paix condamnent le meurtre d'un militant des droits de l'homme à Eswatini

Thulani Maseko Thulani Maseko

L'évêque du diocèse catholique de Manzini et la fondation humanitaire catholique, l'Institut Denis Hurley pour la paix (DHPI), ont condamné, dans des déclarations séparées, le meurtre de Thulani Maseko, un avocat des droits de l'homme qui serait un "opposant influent" au Royaume d'Eswatini.

Dans la nuit du samedi 21 janvier, M. Maseko a été abattu à bout portant, apparemment par la fenêtre de sa maison, par des hommes armés qui n'ont pas encore été identifiés, à environ 50 kilomètres de Mbabane, la capitale exécutive du pays qui s'appelait auparavant le Swaziland.

Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique lundi 23 janvier, Mgr José Luis Ponce de León déclare qu'il est regrettable que de nouveaux meurtres aient eu lieu dans le royaume depuis l'assassinat de deux policiers en octobre de l'année dernière.

Mgr Ponce de León ajoute en référence à M. Maseko : "Son meurtre montre ceux qui font le choix de la violence, de la mort, de la peur et de l'exclusion comme fondements de notre avenir commun."

Le membre des Missionnaires de la Consolata (IMC), né en Argentine, affirme que la publicité donnée au meurtre de M. Maseko par des déclarations nationales et internationales "parle du type de personne qu'il était et de son rôle dans le moment présent de notre pays".

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Le militant assassiné, dit-il, "était préoccupé par les niveaux de violence subis et l'impact qu'ils ont sur la vie de nombreuses personnes."

Mgr Ponce de León ajoute que le président du Forum multipartite du Swaziland (MSF) "était convaincu que seul un dialogue national ouvert à tous pouvait constituer une base solide pour l'avenir de notre pays."

L'évêque catholique qui est à la tête du diocèse de Manzini depuis son installation en janvier 2014 met en garde le peuple Emaswati contre une réaction violente à la nouvelle du meurtre de M. Maseko.

"Répondre à son meurtre par la violence ira à l'encontre de ce qu'il représentait. Cela montrera également que 'ce qui fait la paix' est caché à nos yeux", déclare l'Ordinaire local du seul diocèse catholique d'Eswatini.

Il lance un appel à la prière : "En ce moment critique pour notre pays, j'appelle chaque personne du diocèse de Manzini à prier quotidiennement pour le don de la paix de Dieu, mais aussi à s'engager personnellement et concrètement à être un 'artisan de la paix' (Matthieu 5:9), à rendre la paix possible sans trouver d'excuses pour dire que le moment n'est pas propice ou qu'il n'est pas possible de résister à la tentation de la violence."

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Dans sa déclaration de deux pages datée du 23 janvier, Mgr Ponce de León plaide en faveur de l'action, déclarant : "Que cela se fasse par nos paroles et nos actions, car les deux, paroles et actions, ont le pouvoir de construire et de détruire. Nous ne devrions jamais les sous-estimer. Que l'Esprit du Seigneur ressuscité nous donne la sagesse et le courage de trouver les moyens de briser le cycle de la violence."

"Nos cœurs se tendent dans la prière vers la famille de Thulani Maseko, ses amis, et tous ceux qui pleurent sa mort. Que le Dieu de toute consolation leur accorde la paix et la force. Que Jésus, le bon berger, l'accueille à la maison", implore l'évêque catholique de 61 ans.

Maseko est bien connu pour avoir été parmi ceux qui ont demandé des réformes électorales en Eswatini.

En 2021, Maseko et d'autres représentants des sociétés civiles d'Eswatini ont rejeté l'invitation du roi Mswati III à discuter de la crise politique du pays lors d'une assemblée générale nationale annuelle connue sous le nom de Sibaya.

"Sibaya ne peut pas et n'est pas un lieu approprié pour un dialogue inclusif et n'a pas de valeur significative pour façonner notre destin et en tant que peuple. Nous avons depuis longtemps perdu tout espoir dans de tels forums, et par conséquent, NOUS NE PARTICIPERONS PAS à la réunion", ont déclaré les représentants des sociétés civiles d'Eswatini dans une déclaration signée par Maseko.

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L'avocat des droits de l'homme avait intenté une action en justice contre le roi Mswati III pour avoir renommé le Swaziland en Eswatini par décret, affirmant que cela était contraire à la Constitution.

Dans un message séparé partagé avec ACI Afrique lundi 23 janvier, le directeur de DHPI, Johan Viljoen, déclare que les membres de DHPI ont été "choqués d'apprendre l'assassinat de l'éminent avocat des droits de l'homme et président du Forum des parties prenantes multiples à Eswatini."

La mort de M. Maseko "a réduit au silence une voix cruciale représentant l'opinion de nombreux citoyens d'Eswatini, et fait monter les niveaux de peur et de tension", déclare M. Viljoen.

Il ajoute : "Nous exprimons nos condoléances à son épouse, à sa famille et à ses proches. Nous prions pour que sa mort ne soit pas vaine, mais souligne l'urgence de trouver une solution négociée à la situation d'agitation."

La direction du DHPI appelle les autorités d'Eswatini à "ne négliger aucune piste dans la recherche des auteurs de l'attentat."

"Nous continuons à prier pour la paix, la justice et la réconciliation en Eswatini", déclare M. Viljoen dans la déclaration partagée avec ACI Afrique le 23 janvier.