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"Pas surpris", dit une organisation caritative catholique à propos de l'initiative de paix rejetée par le gouvernement camerounais

Selon des sources locales au Cameroun, l'Institut Denis Hurley pour la paix (DHPI), fondation catholique de bienfaisance et pour la paix, s'attendait au rejet par le gouvernement camerounais d'une initiative proposée pour mettre fin à la violence dans ce pays d'Afrique centrale.

Depuis le 20 janvier, les Camerounais ont reçu différentes informations concernant les violences en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, où environ 6 000 personnes auraient été tuées.

Le 20 janvier, le ministère canadien des Affaires étrangères a annoncé que les parties belligérantes de la crise anglophone avaient accepté d'entrer dans un processus visant, selon elle, à résoudre le conflit.

Trois jours plus tard, le gouvernement camerounais a mis en cause le Canada, le décrivant comme une "entité externe" qui n'a pas le mandat de régler la crise camerounaise.

Dans un rapport partagé avec ACI Afrique le jeudi 26 janvier, une source du DHPI à Bamenda déclare à la fondation pour la paix que le rejet de l'initiative "n'a pas été une surprise pour de nombreux Camerounais anglophones."

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La source dit qu'il n'attend pas grand-chose de l'accord de paix proposé, d'autant plus que le gouvernement s'en est distancé.

"Je sais qu'il n'en sortira rien parce que c'est l'initiative du gouvernement canadien et non celle du président camerounais", déclare la source au DHPI, et ajoute : "En fait, les pourparlers de paix proposés sont un non-événement ici. Personne n'en parle et les gens ne s'y intéressent pas. Le gouvernement camerounais insiste pour résoudre le problème par lui-même, comme une affaire interne."

Affirmant que le gouvernement canadien a été mandaté par toutes les parties prenantes (y compris le gouvernement camerounais et la faction indépendantiste) pour faciliter le processus, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, a publié une déclaration annonçant un processus de paix qui, selon elle, vise à résoudre la crise actuelle dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

"Les civils font les frais de la crise en cours au Cameroun, avec plus de 6 000 personnes ayant perdu la vie depuis 2017. En outre, près de 800 000 personnes ont été déplacées en raison de cette crise, et 600 000 enfants n'ont pas pleinement accès à l'éducation ", a déclaré Mme Joly.

Elle a ajouté : " Le Canada se réjouit que les parties aient accepté d'entrer dans un processus visant à parvenir à une résolution globale, pacifique et politique du conflit. Les parties ont également convenu de former des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de confiance."

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"L'accord pour entrer dans un processus formel est un premier pas essentiel vers la paix et un avenir plus sûr, plus inclusif et plus prospère pour les civils touchés par le conflit", a déclaré le fonctionnaire canadien.

Un communiqué publié par le porte-parole du gouvernement camerounais le lundi 23 janvier a toutefois déclaré : "Le gouvernement de la République du Cameroun n'a confié à aucun pays étranger ou entité extérieure un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest."

"Il appartient d'abord et avant tout au peuple camerounais, aux institutions et aux dirigeants qu'il a librement choisis, de rechercher les voies et moyens appropriés pour résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté", a encore déclaré le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.

Dans une interview accordée jeudi 26 janvier à ACI Afrique, le directeur du DHPI, Johan Viljoen, a déclaré que l'entité chargée d'enquêter sur les six années de violence n'avait pas encore vérifié les raisons du rejet par le gouvernement camerounais de l'initiative de paix canadienne.

Le directeur du DHPI a noté que l'entité de paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC) soutient les chefs religieux du pays qui ont accueilli favorablement l'initiative de paix proposée.

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"Nous soutenons la position de nos partenaires, les chefs religieux du Cameroun, et celle du Saint-Père qui espèrent que des efforts sont faits pour restaurer la paix au Cameroun. Il est encourageant de voir que de nombreuses personnes se manifestent et sont prêtes à participer à des pourparlers pour mettre fin à un conflit", a déclaré M. Viljoen.

Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique mardi 24 janvier, les chefs religieux des régions anglophones du Cameroun ont salué l'annonce du Canada et ont exhorté les parties en conflit dans la région assiégée du Cameroun à poursuivre les négociations en toute "honnêteté".

"Ayant été les témoins directs des ravages de la guerre et des maux qui ont accompagné la lutte armée dans ces deux régions du Cameroun et en tant que défenseurs de la paix, nous, les chefs religieux des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, accueillons cette déclaration comme une étape majeure vers la recherche d'une paix véritable, durable et viable dans ces deux régions", ont déclaré les chefs religieux.

Ils ont ajouté : "C'était notre prière et nous sommes reconnaissants à Dieu qu'un couloir d'espoir commence à s'ouvrir pour un dialogue inclusif qui devrait conduire à une résolution pacifique de la crise sociopolitique douloureuse dans les régions anglophones du Cameroun."

Et le 22 janvier, après la prière de l'Angélus, le Pape François a tourné ses pensées vers divers lieux de conflits dont le Cameroun.

Le pape a exprimé l'espoir que des progrès soient réalisés vers une résolution du conflit dans les régions anglophones du Cameroun.

"J'encourage toutes les parties signataires de l'accord à persévérer sur la voie du dialogue et de la compréhension mutuelle car l'avenir ne peut être planifié que dans la rencontre", a déclaré le Saint-Père.