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Un "moment quintessentiellement ecclésial" : Le nonce apostolique en Éthiopie sur le processus synodal

Le représentant du Saint-Père en Éthiopie a mis en garde contre d'éventuelles interprétations erronées des préparatifs en cours pour le Synode sur la synodalité.

Dans son discours du jeudi 2 mars lors de la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée plénière des membres du Symposium des Conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) à Addis-Abeba, en Éthiopie, Mgr Antoine Camilleri a déclaré que le processus synodal doit être compris comme un "moment ecclésial" et non comme "un groupe d'étude ou une assemblée parlementaire".

"Nous sommes tous conscients que cette rencontre synodale n'est pas un événement pour théoriser sur les questions et les problèmes ; ce n'est pas non plus un congrès de l'Église, un groupe d'étude ou une assemblée parlementaire", a déclaré Mgr Camilleri jeudi 2 mars, le premier jour complet de l'assemblée plénière du SCEAM du 1er au 6 mars.

Il a ajouté : "Le processus synodal qui nous réunit aujourd'hui et qui a fait l'objet de notre attention particulière en tant qu'Église universelle au cours des deux dernières années est un moment ecclésial par excellence, au sens étymologique du terme."

Le nonce apostolique dans la Corne de l'Afrique a décrit un synode comme "un rassemblement de ceux qui ont été appelés ou convoqués pour faire l'expérience et réfléchir à ce que signifie être synode, avant tout en prenant le temps de rencontrer le Seigneur et les uns les autres".

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L'archevêque Camilleri a ensuite décrit le processus synodal en cours comme "un moment spécial et privilégié dans le voyage que nous avons entrepris pour approfondir notre expérience et redécouvrir le synode comme une dimension constitutive de l'Église, une partie intégrante de sa nature même et le modus vivendi et operandi spécifique de la communauté des croyants en Jésus-Christ".

L'Assemblée plénière qui se tient en Éthiopie, poursuit l'archevêque originaire de Malte, "souligne le fait que ce moment de réflexion et de partage est, d'une certaine manière, un retour aux origines afin de retrouver ce sens profond de l'unité, de la fraternité, de la communion dans la foi, l'espérance et la charité qui est vital pour notre être d'Église".

L'archevêque de 57 ans, qui représente également le Saint-Père à Djibouti, a ajouté : "Le processus synodal auquel nous sommes tous invités à participer a commencé il y a deux ans et il n'est peut-être pas surprenant qu'un certain sentiment de fatigue ou d'impatience ait pu commencer à s'installer."

La synodalité, a-t-il poursuivi, "n'est pas une nouvelle structure ou un autre ensemble de formalités qu'il faut adopter ou appliquer : plutôt que de se demander quoi d'autre ou quoi de plus à faire, il s'agit de faire les choses que nous avons faites et que nous accomplissons quotidiennement avec un esprit évangélique renouvelé, que le concept de synodalité est censé exprimer."

"La synodalité est censée imprégner les structures, inspirer les événements et informer les processus. Et elle est destinée à inspirer les gens à rêver de l'Église que nous sommes appelés à être", a déclaré Mgr Camilleri.

Plus en Afrique

Il a ensuite souligné certains des défis qui constituent une menace pour le processus synodal en Afrique, en déclarant : "Pour l'Église en Éthiopie, ainsi que dans d'autres pays africains, les récents événements qui ont dominé notre réalité politique et sociale se sont avérés être des défis importants, ainsi que des opportunités, pour vivre et opérer concrètement dans un esprit de synodalité."

"La synodalité se traduit par la solidarité, le soutien, la guérison, la réconciliation, le dépassement des obstacles pour continuer le chemin ensemble dans la paix et l'harmonie", a-t-il dit.

La synodalité, a-t-il poursuivi, "exige de nous le courage et l'humilité de mettre de côté la cacophonie de nos auto-justifications et de nos intérêts personnels et de rechercher ce qui constitue le bien de tous, même au prix de devoir demander et recevoir le pardon de notre prochain."

Mgr Camilleri, qui est également délégué apostolique en Somalie, a déclaré aux délégués de l'assemblée plénière du SCEAM que leur réunion ne consiste pas à "prononcer des discours rhétoriques, à ne voir que les problèmes qui nous entourent ou à essayer de faire taire les voix que nous considérons comme dissonantes par rapport au courant dominant ou majoritaire."

"Le processus synodal ne doit pas être un processus qui crée de la peur, de la lourdeur ou de la désorientation, mais qui donne un sentiment de soulagement aux gens et apporte de la joie dans leurs cœurs", a déclaré le Nonce apostolique aux délégués, qui doivent préparer le projet de Document du Synode africain.

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Faisant référence au thème du Document de la scène continentale (DCS), "Elargis l'espace de ta tente", il a déclaré qu'"il y a beaucoup plus de place dans l'Eglise que nous pouvons choisir de le croire, (et) qu'il n'y a pas d'indésirables qui sont destinés à l'exclusion".

Le nonce apostolique a plaidé pour une "Église synodale", qu'il a qualifiée de "signe prophétique, surtout dans le contexte actuel où la communauté des nations semble incapable de proposer un projet commun à travers lequel rechercher le bien de tous, y compris de la création."

Mgr Camilleri a averti que l'initiative synodale prise par le pape François "ne doit pas être lue séparément du riche magistère dont il a doté l'Église dans ses encycliques Laudato Si' et Fratelli Tutti."

"Nous sommes responsables de notre maison commune et nous sommes responsables de tous nos frères et sœurs, quels qu'ils soient. C'est dans ce contexte que l'Église s'efforce dans ce synode", a-t-il déclaré.