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"Un chemin glissant vers l'anarchie" : Les évêques catholiques du Kenya s'expriment sur les déclarations et les actions des politiciens

Les évêques catholiques du Kenya ont mis en garde le gouvernement et les politiciens de l'opposition de ce pays d'Afrique de l'Est contre les déclarations et les actions qui incitent les citoyens à la violence.

Dans leur déclaration du 18 mars transmise à ACI Africa, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) avertissent que les "acteurs politiques" entraînent les Kenyans, déjà confrontés à "trop de problèmes", sur la "voie glissante de l'anarchie".

"Nous devons être prêts à quitter ceux qui nous incitent à la violence, afin de détruire l'avenir de nos enfants. En tant que pays, nous devons décider que nous ne retournerons pas sur ce chemin glissant qui mène à la violence", ont déclaré les membres du KCCB.

Les évêques catholiques du Kenya réagissent à l'appel lancé par les leaders de l'opposition, réunis au sein de la coalition Azimio One Kenya, en faveur de manifestations anti-gouvernementales le lundi 20 mars dans tout le pays, que le leader de l'opposition, l'ancien Premier ministre Raila Amolo Odinga, a qualifié d'"action de masse".

Les manifestations organisées par l'opposition, que M. Odinga a déclaré devoir avoir lieu tous les lundis, visent, selon lui, à contraindre le président William Samoei Ruto à réduire le coût de la vie pour les Kenyans.

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Les membres du KCCB réagissent également à la décision du président Ruto de nommer 50 secrétaires administratifs en chef (CAS), au lieu de 23, une décision qui est critiquée pour l'augmentation exponentielle de la masse salariale du gouvernement. Les CAS suppléent les secrétaires de cabinet dans les ministères.

Dans leur déclaration du 18 mars, les évêques catholiques du Kenya "s'inquiètent de l'imminence de l'appel à manifester le 20 mars 2023", faisant référence à une réunion des chefs religieux du pays, le 13 mars, au cours de laquelle les chefs religieux "ont lancé un appel passionné aux dirigeants de ce pays et à l'opposition".

"Nous souhaitons réitérer la grave préoccupation exprimée par tous les chefs religieux quant à la tournure que prennent les tensions d'origine politique", déclarent les membres du KCCB, qui ajoutent : "Nous avertissons que nous courons un réel danger de nous engager sur la voie glissante de l'anarchie, provoquée par l'incitation des acteurs politiques".

Le peuple de Dieu au Kenya est accablé par "beaucoup trop de problèmes", disent-ils, soulignant "la famine et la faim, et (l'augmentation) du coût de la vie".

"Alors que nous essayons de les résoudre (les problèmes des Kényans), nous ne souhaitons pas non plus les aggraver par le risque de violence", déclarent les évêques catholiques du Kenya.

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Ils reprochent au gouvernement dirigé par le président Ruto "d'avoir eu l'inopportunité de gonfler davantage nos dépenses publiques en nommant un nombre considérable de secrétaires administratifs en chef, alors que les Kényans luttent pour leur survie".

"Comment pouvons-nous attendre des Kenyans qu'ils répondent à l'appel du gouvernement à contribuer au soutien de ceux qui souffrent de la faim ? Les évêques catholiques du Kenya posent en réaction à la nomination de 50 CAS, contre 23 auparavant.

Pour aller de l'avant, les membres de la KCCB invitent les politiciens kényans à prendre en considération le message du pape François aux dirigeants africains lors de son voyage apostolique du 31 janvier au 5 février en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud.

Lors de sa visite en RDC et au Soudan du Sud, le Saint-Père a "lancé un appel à tout le continent africain, pour un leadership différent : Un leadership de service et non un leadership intéressé", rappellent les évêques catholiques du Kenya.

Ils expliquent : "Un leadership de dialogue et de moyens non violents pour trouver des solutions à nos problèmes. Dans tout cela, il (le pape François) s'adressait à nous tous".

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Dans leur déclaration de deux pages signée par le président du KCCB, Mgr Martin Kivuva Musonde de l'archidiocèse de Mombasa, les responsables de l'Église catholique plaident pour l'État de droit et des mesures conformes à la Constitution du pays.

"Les évêques catholiques du Kenya déclarent : "Nous devons nous attaquer à de très nombreux problèmes méritoires" et ajoutent : "Nous devons critiquer les maladies, remettre en question les promesses non tenues, mais cela doit se faire dans les limites de notre Constitution, dans le respect du peuple kenyan, de la vie et de chacun des dirigeants.

Ils prônent également "la discussion et le dialogue" dans un esprit d'humilité et "dans le cadre des dispositions de notre Constitution".

"Nous lançons un appel à tous les dirigeants kenyans, au-delà des clivages politiques, pour qu'ils fassent preuve d'humilité et s'assoient, discutent et dialoguent afin de trouver des solutions", déclarent les membres du KCCB, qui ajoutent : "La voie à suivre pour résoudre les problèmes de notre pays doit être exclusivement celle des dispositions de notre Constitution".

Ils reprochent aux politiciens de l'opposition d'avoir appelé à des actions de masse : "Nous ne devrions pas laisser la place à des manifestations qui risquent de devenir violentes, ni à des matches qui visent à l'insurrection et à la mutinerie. De telles actions ne feraient que nier les droits et l'autorité même de leurs revendications.

Les dirigeants de l'Église catholique exhortent "le très honorable Raila Odinga et tous les dirigeants lésés à chercher d'autres moyens de régler les problèmes qui méritent d'être résolus".

"La Constitution prévoit des rassemblements et des piquets de grève, mais ceux-ci ne peuvent avoir pour objectif de prendre le pouvoir par la force ou de déstabiliser un gouvernement constitutionnel. Ces rassemblements doivent mettre en lumière les problèmes et chercher des solutions, et non les aggraver ! Ne militons pas contre la misère ! affirment les membres du KCCB.

Ils poursuivent : "Dans le même souffle, nous demandons instamment au président et à son gouvernement de répondre aux demandes du peuple kenyan en détresse. Une quantité suffisante de nourriture doit parvenir à ceux qui sont confrontés à la famine et le coût de la vie doit être maîtrisé.

Les évêques catholiques du Kenya s'adressent à "tous les Kenyans" pour favoriser la paix, comme ils l'ont fait lors des élections générales qui se sont tenues en août de l'année dernière.

"Nous avons eu des élections pacifiques l'année dernière. De plus, en dépit d'une grande provocation, nous avons maintenu la paix après la décision de la Cour suprême sur l'appel concernant les élections présidentielles. Cela prouve que les Kenyans ont massivement voté pour la paix". affirment les membres du KCCB.

Ils lancent un appel : "Nous, Kenyans, devons donc refuser d'être attirés par les politiques passées de confrontation, de violence et de recherche de la "justice" par le pillage et la destruction des biens. Nous, les Kenyans, devons rejeter le venin de la haine qui devient monnaie courante dans la bouche de nos politiciens".