Advertisement

En France, le clergé catholique doit porter une carte d'identité indiquant qu'il est en règle

Église du Sacré-Cœur à Bordeaux, France. | Crédit : Olivier432 - Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0) Église du Sacré-Cœur à Bordeaux, France. | Crédit : Olivier432 - Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

Le clergé catholique français portera bientôt une carte d'identité normalisée, reliée à une base de données nationale, qui indiquera s'il est en règle et s'il peut célébrer la messe et entendre les confessions.

"Cette mesure vise à empêcher les imposteurs [faux prêtres ou diacres] de continuer à agir au détriment des fidèles et des sacrements", peut-on lire sur le site de la Conférence des évêques de France le 5 mai. Elle rappelle que les documents papier actuels peuvent être falsifiés.

Les membres du clergé ont toujours porté sur eux un document attestant qu'ils sont autorisés à célébrer la messe, appelé "celebret". Ce document, délivré par un évêque ou un supérieur religieux, est valable un an. Il indique que le prêtre est autorisé à célébrer la messe et à entendre les confessions. Le site web des évêques catholiques français compare cette carte à une carte de presse pour les journalistes ou à une carte d'identité pour les professionnels du droit.

Les évêques catholiques de France ont approuvé pour la première fois la mise à jour de la carte d'identité du clergé lors de leur assemblée plénière de novembre 2021. Les évêques ont procédé à ce changement afin d'uniformiser les documents entre les diocèses et les communautés religieuses et de fournir des mises à jour en temps réel sur les autorisations et les restrictions.

Dans un communiqué publié le 10 mai, la Conférence des évêques de France a décrit ce changement comme faisant partie d'un vaste ensemble de mesures "destinées à poursuivre et à intensifier la lutte contre les violences sexuelles au sein de l'Église", à la suite du rapport d'octobre 2021 de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église.

Advertisement

Ce rapport n'a toutefois pas formulé de recommandations concernant les cartes d'identité. Le dossier de presse des évêques français sur la carte ne mentionne pas non plus explicitement la prévention des abus.

Tous les évêques et les prêtres sont concernés par les nouvelles cartes d'identité, de même que les diacres permanents. Les membres du clergé basés en France et ceux qui vivent en France dans le cadre de leur mission religieuse doivent posséder une carte d'identité.

Les pouvoirs du clergé doivent être vérifiés par les personnes qui supervisent un événement ou un rassemblement religieux, y compris les pèlerinages ou les messes.

"Si le ministre ordonné refuse de présenter sa carte, il ne pourra pas célébrer la messe", peut-on lire sur le site web des évêques français.

Le système est opérationnel pour les évêques français, qui ont reçu leur carte lors de leur assemblée plénière de mars. La collecte des données est en cours pour 13 000 prêtres et 3 000 diacres. Les cartes d'identification seront délivrées à l'issue du processus.

Plus en Afrique

Le nouveau document "celebret" comprend un code QR lié à un répertoire national sécurisé. La base de données nationale peut être consultée en scannant le code QR sur la carte d'identité à l'aide d'un téléphone ou en saisissant le nom et le numéro d'identification personnel de l'ecclésiastique sur le site web correspondant.

Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes et vice-président de la Conférence des évêques de France, a expliqué lors d'une conférence de presse tenue le 10 mai que lorsque le code QR de la carte est scanné, l'application affiche une couleur verte, jaune ou orange en fonction des autorisations du prêtre.

Il s'agit d'une indication non spécifique permettant de savoir si le ministre ordonné a ou non des restrictions spécifiques à son ministère. Par souci de confidentialité, l'utilisateur doit saisir le code de confidentialité à quatre chiffres de l'ecclésiastique pour afficher les détails spécifiques.

Les autorisations ou restrictions peuvent s'appliquer à la célébration publique de l'Eucharistie, à la prédication, aux baptêmes, aux confessions, aux conseils pastoraux individuels, à la préparation et à la célébration des mariages et à la capacité de présider des funérailles.

L'absence d'autorisation n'est pas nécessairement due à un défaut de l'ecclésiastique. Les prêtres nouvellement ordonnés ne sont pas immédiatement autorisés à entendre des confessions, dans l'attente d'une formation complémentaire, a rapporté France24 News.

Advertisement

Les supérieurs du clergé peuvent parfois leur interdire de faire des apparitions dans les médias, de sorte que la carte d'identification indiquera si l'ecclésiastique est autorisé à participer à des programmes diffusés à la radio, à la télévision ou sur l'internet.

Certaines restrictions semblent pertinentes pour la prévention des abus. Les membres du clergé peuvent être autorisés ou restreints à superviser des groupes de jeunes lorsqu'ils sont seuls ou à être seuls avec un mineur, même dans un espace visible.

Des cas particuliers de restrictions ou d'autorisations peuvent également être affichés.

Les diocèses sont responsables de la mise à jour des informations pour leurs prêtres, tandis que les supérieurs religieux sont responsables de la mise à jour des informations pour le clergé religieux. Les informations seront mises à jour une fois par an, mais immédiatement en cas de faute grave, a précisé Mme Joly.

Certains membres du clergé qui ont été suspendus de leur ministère se présentent toujours comme des membres du clergé. Pire, certaines suspensions ont tout simplement été oubliées.

Dans un scandale, le prêtre français Marie-Dominique Philippe a été condamné par le Vatican en 1957 pour complicité d'agressions sexuelles, mais lui et son frère Thomas ont quand même pu fonder ou cofonder plusieurs communautés ou associations religieuses, a rapporté France24.

Mme Joly a noté dans Oest France qu'il n'y a pas d'habitude générale de vérifier les références d'un prêtre.

"J'ai les miennes depuis 25 ans ; la première fois qu'on m'a demandé de le faire, c'était à l'étranger, lors des Journées mondiales de la jeunesse à Toronto", a-t-il déclaré, en référence à l'événement de 2002.