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Comment saint Ignace de Loyola est devenu le saint patron des soldats

Statue de saint Ignace de Loyola datant du XVIIe siècle et réalisée par le sculpteur espagnol Juan Martínez Montañés. | Jl FilpoC via Wikimedia (CC BY-SA 4.0). Statue de saint Ignace de Loyola datant du XVIIe siècle et réalisée par le sculpteur espagnol Juan Martínez Montañés. | Jl FilpoC via Wikimedia (CC BY-SA 4.0).

Fondateur de l'un des plus grands ordres religieux du monde et auteur des "Exercices spirituels", saint Ignace de Loyola est également le saint patron des soldats. Voici comment ce soldat ibérique devenu prêtre et missionnaire a été canonisé et est devenu le protecteur et le patron des soldats du monde entier.

Le soldat
Ignace était le plus jeune de 13 enfants, né dans un château en 1491. Bien que nous le connaissions sous le nom d'Ignace, son véritable nom basque était Iñigo López de Oñaz y Loyola. Naître dans une famille noble basque dans ce qui est aujourd'hui le nord-est de l'Espagne signifiait une vie de guerrier.

Au dire de tous, Ignace a embrassé cette vie de bon cœur et semble l'avoir appréciée. Il fut anobli en 1517 et connu comme un combattant robuste et un noble quelque peu vaniteux.

Alors que les grands royaumes espagnols d'Aragon et de Castille venaient de s'unir et commençaient à se tourner vers les nouvelles terres lointaines découvertes par Christophe Colomb, les royaumes basques et navarrais de l'extrême nord, farouchement indépendants, luttaient pour le maintien de leur indépendance.

Au sud, les "rois catholiques" - Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon - menacent, tandis qu'au nord, les forces françaises tentent constamment de s'infiltrer.

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À 30 ans, Ignace est posté à la citadelle de Pampelune. Il est chargé de repousser une force d'invasion française nettement supérieure en nombre. Ignace et ses compagnons tiennent vaillamment la forteresse jusqu'à ce qu'il soit frappé par un boulet de canon qui lui brise la jambe.

Avec leur chef à terre, la défense s'effondre et la citadelle tombe.

Ignace est ramené à Loyola où il subit une douloureuse opération pour tenter de remettre sa jambe en place et de la guérir. Bien qu'il ait choisi de subir une seconde intervention pour tenter de restaurer sa jambe, il n'a jamais été complètement guéri et on dit qu'il a marché en boitant jusqu'à la fin de sa vie.

C'est au cours de cette terrible période de sa vie qu'Ignace, cloué au lit et s'ennuyant désespérément, a commencé à lire les seuls livres à sa disposition : un livre sur la vie du Christ et un autre sur la vie des saints.

En lisant ces ouvrages, Ignace en est venu à réfléchir à sa propre vie et à ses ambitions mondaines. Il s'est rendu compte que tous ses exploits à la recherche de la gloire terrestre n'étaient que de vaines tentatives pour combler un vide qui ne pouvait être véritablement comblé que par Dieu.

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Ignace s'est probablement senti convaincu par la même question que celle qu'il posera plus tard à saint François Xavier : "Que servirait-il à un homme de gagner le monde entier et de perdre son âme ?"

Lorsqu'il fut suffisamment guéri pour quitter son lit, la trajectoire de toute la vie d'Ignace avait changé. Plutôt que d'essayer de poursuivre sa propre gloire, Ignace a décidé de devenir un champion du Christ pour la gloire de Dieu.

Un homme avec une mission
En 1522, Ignace devient pèlerin, donne tous ses vêtements et ses biens aux pauvres et se consacre à la prière et à la contemplation.

Il est rempli d'un zèle pour convertir d'autres personnes aveugles à l'amour de Dieu, comme il l'a été lui-même. Il se rendit même jusqu'en Terre Sainte pour prêcher Jésus-Christ aux musulmans.

Tout au long de ses voyages, Ignace a maintenu une vie de prière profonde et contemplative. Il se rend compte de l'importance de maintenir sa relation avec Dieu au milieu de l'agitation et de la précipitation de la vie.

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Entre 1522 et 1524, Ignace a composé les "Exercices spirituels", aujourd'hui mondialement pratiqués, comme un guide permettant d'entretenir sa santé spirituelle comme on le ferait pour son corps physique.

Tout comme les soldats doivent constamment s'exercer pour maintenir un haut niveau de prouesses et de capacités physiques, les guerriers de Dieu doivent eux aussi s'exercer dans leur vie spirituelle.

Bien que ses jours de combat pour les rois et les armées terrestres soient terminés, ses jours en tant que soldat de Dieu ne font que commencer.

Les forces spéciales de Dieu
À l'âge de 38 ans, Ignace commence à fréquenter l'université de Paris pour en apprendre davantage sur Dieu. C'est là qu'il rencontre un noble basque, François Xavier, et un autre ami qui sera canonisé en 2013 sous le nom de saint Pierre Faber.

Frappés par les solides enseignements et le saint exemple d'Ignace, François et Pierre, avec quelques autres compagnons, ont formé la Compagnie de Jésus, aujourd'hui connue sous le nom de Jésuites.

Aux côtés de François Xavier, Ignace est ordonné prêtre en 1537.

En 1540, les Jésuites reçoivent l'approbation officielle du pape Paul III.

La société devient rapidement la force de réaction du pape. Il les envoie d'abord prêcher dans les régions les plus difficiles d'Europe, où le protestantisme se répand comme une traînée de poudre. C'est en grande partie grâce aux Jésuites que le luthéranisme, le calvinisme et bien d'autres hérésies ont pu être endigués.

Dès le début, les Jésuites, tels qu'ils ont été établis par Ignace et ses compagnons, ont adopté un état d'esprit militariste de dévouement et de service à Dieu et à son Église.

Outre les vœux religieux habituels de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, les membres de la société prononçaient un quatrième vœu : "l'obéissance à l'égard de la mission". Par ce vœu, les premiers jésuites s'engageaient à être prêts à accepter toute mission à laquelle Dieu, par l'intermédiaire du pape, les appellerait.

Ces vœux ont permis aux jésuites de prêcher le message de Dieu dans tous les coins du monde, même dans les endroits les plus dangereux. Le père Isaac Jogues, prêtre jésuite, a été brutalement torturé, partiellement écorché vif et finalement décapité par des indigènes iroquois dans les forêts du Canada en 1646.

Pendant des siècles, les jésuites d'Ignace n'ont pas eu peur de porter hardiment l'Évangile du Christ partout où ils étaient appelés.

D'une certaine manière, le nouvel ordre d'Ignace aurait pu être considéré comme les "forces spéciales" de Dieu.

Ad Maiorem Dei Gloriam
En 1541, Ignace a été élu premier supérieur général des Jésuites, poste à partir duquel il a dirigé l'ordre jusqu'à la fin de sa vie.

Pendant toute la période où il a dirigé les Jésuites, Ignace a appelé ses frères à être intrépides et forts pour la gloire de Dieu. Il leur disait de "partir et de mettre le feu au monde".

Une autre invocation célèbre d'Ignace à ses frères était sa prière :

Donner sans compter, combattre sans se soucier des blessures, peiner sans chercher le repos, travailler sans demander de récompense, si ce n'est celle de savoir que nous faisons ta volonté.

Ignace est mort le 31 juillet 1556, à l'âge de 64 ans. Avec François Xavier, il a été canonisé en 1609 et est devenu le patron des retraites, des Jésuites et, bien sûr, des soldats.

Bien qu'il n'ait jamais remporté les glorieuses victoires militaires dont il avait rêvé dans sa jeunesse, Ignace est considéré comme un véritable soldat du Christ.

En tant que saint patron des soldats, en particulier des soldats catholiques, il sert à la fois d'intercesseur pour la protection et la sécurité face au danger et de rappel pour chaque soldat que notre véritable mission est de servir Dieu.

La vie d'Ignace peut peut-être être résumée par sa phrase la plus célèbre : "ad maiorem Dei gloriam", c'est-à-dire "tout pour la plus grande gloire de Dieu".