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"Nous sommes obligés de demander à Dieu de guérir notre monde" : Un évêque nigérian pendant la messe chrismale.

Mgr Emmanuel Badejo bénissant les huiles pendant la messe chrismale à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption d'Oyo, le 7 avril 2020. Diocèse d'Oyo Mgr Emmanuel Badejo bénissant les huiles pendant la messe chrismale à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption d'Oyo, le 7 avril 2020.
Diocèse d'Oyo

L'appel à l'intervention divine pour guérir le monde, y compris le peuple de Dieu touché par COVID-19, une pandémie qui a entraîné des restrictions sans précédent, est un point fort du message de la messe chrismale de Mgr Emmanuel Badejo pour les prêtres de son diocèse d'Oyo, au Nigeria.

"Nous sommes obligés de demander à Dieu de guérir notre monde, de guérir notre terre et de guérir son peuple afin que nous puissions revenir au meilleur des temps dans le culte qu'Il nous rend", déclare Mgr Badejo dans son message partagé avec l'ACI Afrique mardi 7 avril.

Faisant référence aux limitations occasionnées par COVID-19, Mgr Badejo déclare : "C'est une atmosphère très inhabituelle dans cette cathédrale lors de la messe chrismale de cette année que nous devons célébrer avec un très petit nombre représentatif du peuple de Dieu à cause de la pandémie de Coronavirus. 

Il a ajouté : "Je pense que ce jour est comme un anniversaire de la fraternité sacerdotale que nous souhaitons célébrer au mépris de COVID-19 et d'autres maladies et problèmes qui nous assaillent. Nous préférons prier pour la guérison de notre monde, de notre pays et de nos peuples malades, afin que Dieu nous rende visite bientôt et nous restaure".  

 "Nous prions pour les autorités, pour les médecins, les pharmaciens, les infirmières, les soignants, les prêtres donateurs et tous ceux qui travaillent dur pour arrêter les maladies et en particulier les coronavirus", a déclaré le prélat nigérian, qui a ajouté : "Que Dieu les renforce et les fasse réussir dans leur travail".

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Il y a 238 cas confirmés de COVID-19 au Nigeria, dont 35 guérisons et 5 décès, selon un rapport.

La nation ouest-africaine, a demandé 6,9 milliards de dollars aux prêteurs multilatéraux pour lutter contre l'impact de la pandémie de coronavirus dans le pays, a déclaré le ministre des finances lundi 6 avril.

Le pays le plus peuplé d'Afrique et le plus grand producteur de pétrole du continent, qui se remet encore d'une récession causée par la dernière période de faiblesse des prix du pétrole, a imposé une série de mesures pour contenir la propagation de la maladie, y compris un confinement de deux semaines pour la plus grande ville du pays, Lagos, l'État voisin d'Ogun ainsi que la capitale politique du pays, Abuja.

Le confinement a touché environ 25 millions de personnes, en majorité travailleurs occasionnels qui ont été mis au chômage.

S'adressant aux fidèles lors de la messe chrismale à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption d'Oyo, Mgr Badejo, qui dirige le Comité épiscopal panafricain pour la communication sociale (CEPACS), a déclaré : "Ce n'est un secret pour personne que tant de choses dans notre vie ont dû changer ces dernières semaines".

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"L'Église a respecté toutes les restrictions des experts et des autorités civiles, non par lâcheté mais parce que COVID-19 menace la vie humaine qui est un don de Dieu et qui est sacrée", a souligné le prélat et poursuivi, "L'Église est sans regret pro-vie et ferait tout pour préserver et protéger la vie. C'est à cause de son fondateur qui a dit : "Je suis venu leur donner la vie, la vie en plénitude (Jn. 10,10)".

Soulignant l'importance de la messe chrismale où les prêtres "célèbrent et renouvellent leurs voeux", l'Ordinaire du lieu d'Oyo a invité les clercs à "rappeler avec joie l'esprit de Dieu par lequel nous avons été appelés et oints".

Dans le même temps, Mgr Badejo a rappelé aux prêtres que pour être qualifié de serviteur de Dieu, "il faut servir dans le moule de celui qui est venu "pour ne pas être servi et pour donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mc 10,45).

Faisant référence au récent discours du pape François lors d'une conférence parrainée par la Congrégation pour le clergé à l'occasion du 50e anniversaire des décrets Presbyterorum ordinis [décret sur le ministère et la vie des prêtres] et Optatam Totius [décret sur la formation des prêtres] de Vatican II, le prélat nigérian a déclaré : "Nous ne sommes pas prêtres pour notre propre bien, et notre sanctification est étroitement liée à celle de notre peuple, notre onction à son onction".

Dans cette optique, il a encouragé les clercs à être "autoritaires, non autoritaires ; fermes, mais pas durs ; joyeux, mais pas superficiels... en bref, des bergers, pas des fonctionnaires".

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"Le bien que les prêtres peuvent faire vient principalement de leur proximité et de leur tendre amour pour leur peuple", a-t-il dit et ajouté, "Ils ne sont pas des philanthropes ou des fonctionnaires, mais des pères et des frères". 

Le chef de l'Église a encouragé les prêtres à rester fermes dans leur foi, leur sacrifice et dans le service du peuple de Dieu, car malgré les difficultés, il y a aussi de grands témoignages à célébrer.

L'évêque d'Oyo s'est également réjoui de l'acquittement par la plus haute juridiction australienne du cardinal George Pell, qui avait été emprisonné à tort pour des accusations de maltraitance d'enfants.

Bien qu'il ait passé plus d'un an en prison, le cardinal Pell a déclaré à sa libération qu'il ne voulait pas aggraver le préjudice et les dommages déjà causés par son incarcération et qu'il renonçait à tout remords contre ses accusateurs, a noté Mgr Badejo.

"Le pape François ne nous a-t-il pas demandé, en tant que bons bergers, de sentir l'odeur de nos moutons", a demandé le prélat de 58 ans, avant de poursuivre : "Mes frères, c'est en soi un exemple visible de ce que nous sommes vraiment, des prêtres pris parmi le peuple pour offrir des sacrifices pour lui. Comme les autres chrétiens, nous sommes fiers de représenter le bon berger qui n'abandonne jamais ses moutons. Nous ne faisons pas comme d'habitude parce que les temps ne sont pas normaux".

Il a ajouté : "Alors que nous bénissons aujourd'hui les huiles sacrées, engageons-nous à nouveau à le faire dans la prière, la conscience et la joie".

Rappelant les paroles du Pape François qui disait que les prêtres ne peuvent pas se permettre d'être tristes ou nerveux et doivent créer la sérénité", l'évêque d'Oyo a exhorté les fidèles, les religieux, les hommes, les femmes, les jeunes et les enfants à "ne pas (avoir) peur".

"Que notre foi et notre espérance nous voient traverser ces temps difficiles pour revenir à une communauté plus sainte, plus forte et plus heureuse du peuple de Dieu, prête à rencontrer notre sauveur et Seigneur, Jésus-Christ annoncé aujourd'hui dans le livre des Révélations", a conclu Mgr Badejo.