"Même dans ce cas, notre prêtre et l'évêque conçoivent toujours pour nous des matériaux spirituels, y compris pour la communion, et ils nous rappellent toujours de ne pas être tristes de ne pas recevoir la Sainte Communion. Ils nous disent que le Christ habite en nous éternellement lorsque nous lisons la Bible, lorsque nous prions et lorsque nous accomplissons l'acte de la communion spirituelle", dit Mme Musi.
Dans une réflexion intitulée "Journeying with Our People During this Hard Time of Covid-19", qui a été partagée avec l'ACI Afrique, le père Francis a noté que l'épidémie de COVID-19 avait changé la manière de pratiquer le culte dans le contexte africain.
"Pour beaucoup d'entre nous, l'église a été comme notre deuxième maison, un lieu où nous nous rendons pour nous réconforter quand les temps sont durs, un lieu où nous nous sentons libres et à l'aise pour passer du temps et interagir avec nos compagnons chrétiens et parfois même après le service, nous aimons nous retrouver pour créer des liens entre nous tout en nourrissant notre esprit de famille", dit le Père Francis.
Selon le prêtre né au Kenya, le dimanche a été pendant de nombreuses années un jour d'obligation, "un jour mis à part pour le culte de Dieu et nous nous réveillons naturellement orientés vers l'église".
"Puis le virus Corona est arrivé et nos services religieux ont été suspendus. Le gouvernement a imposé des restrictions sur les rassemblements et les voyages et le peuple de Dieu n'a pas su quoi faire, rompant ainsi une longue tradition... Se réveiller un dimanche matin sans savoir quoi faire, où aller ou comment passer la journée était la chose la plus ennuyeuse qui puisse arriver un dimanche", dit-il.
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Pour que les fidèles restent engagés même s'ils ne vont pas à la messe publique, le père Francis, avec son confrère de la paroisse Saint-Pierre-et-Paul, a épinglé les noms des paroissiens sur les bancs de la paroisse d'une manière qui, dit-il, leur donnera le sentiment de ne pas être oubliés même s'ils manquent la messe publique.
"Nous avons demandé à tous nos paroissiens de nous envoyer leurs noms. Nous avons demandé les noms de toutes les âmes de notre paroisse, du plus jeune enfant au plus âgé de la communauté. En quatre jours, presque tous les noms avaient été soumis et, le samedi, 405 noms étaient déjà épinglés sur nos bancs paroissiaux", a déclaré le père Francis.
Il ajoute : "L'idée était de faire savoir à nos concitoyens qu'ils ne sont pas oubliés. Que même s'ils ne pourront pas s'asseoir sur leurs bancs favoris du dimanche, leurs noms seront là à leur place et que la messe sera toujours offerte pour eux. La présence de ces noms épinglés sur les bancs est un signe du désir de notre peuple de faire partie de la célébration, mais en raison des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, ils ne peuvent être là qu'en esprit".
Dans une interview accordée à ACI Africa le jeudi 9 avril, le clerc de la Consolata, né au Kenya, a déclaré que le nombre de noms était passé à plus de 500 car les catholiques de sa paroisse ressentaient le besoin de se connecter avec les autres dans la prière.
Les prêtres ont également demandé aux fidèles laïcs de Saint-Pierre-et-Paul "de garder sacré le temps de la messe du dimanche sans le remplacer par autre chose".
Ainsi, tous les dimanches entre 9 et 10 heures, tous nos paroissiens sont appelés à se joindre à la célébration depuis leurs lieux respectifs en suivant une ligne directrice que les prêtres leur ont envoyée sur les canaux des médias sociaux.
"Il était très intéressant d'entendre les partages de certains membres concernant leur expérience, en particulier le sentiment et la connaissance qu'en priant chez eux, ils sont unis à de nombreux autres paroissiens et que dans leurs prières, ils sont également unis dans la célébration de la messe que les prêtres offrent pour eux à la paroisse où leur nom est épinglé", raconte le père François.
Le temps d'adoration à la paroisse a également été renforcé, passant d'un mois à une semaine, à tous les jeudis entre 19h et 20h, où la communauté paroissiale se réunit spirituellement pour adorer le Christ dans le Saint-Sacrement en suivant une ligne directrice.
Les prêtres de la paroisse envoient également des réflexions aux chrétiens tous les lundi, mercredi, vendredi et dimanche.
"Ces réflexions sont basées sur les lectures du jour et sont destinées à les aider dans leur cheminement spirituel. Nous espérons que ce temps d'éloignement nous aidera à trouver plus de temps pour être avec Dieu dans la prière et dans sa Parole", dit le père Francis.
Mais le plus grand revers de toutes ces initiatives, selon le prêtre de la Consolata, est l'incapacité à atteindre certains groupes de chrétiens qui ont un accès limité aux plateformes de médias sociaux. Il s'agit notamment des pauvres qui n'ont pas les moyens de s'offrir des appareils électroniques fonctionnant sur Internet, des enfants et des malades.
En outre, la conduite des prières familiales est une tâche ardue au Swaziland où la cellule familiale est faible dans de nombreuses exploitations, selon le père François qui a été à Saint-Pierre-et-Paul ces trois dernières années.
"L'unité familiale que nous avons ici au Swaziland est différente de celle que nous avons au Kenya et dans de nombreux autres pays d'Afrique. Ici, il est courant de trouver des membres d'une même famille appartenant à des confessions différentes. Il devient donc difficile de se réunir en famille pour prier", explique le natif de l'archidiocèse de Kisumu, au Kenya.
Parmi les autres lacunes spirituelles que le père Francis a du mal à combler, citons les conseils spirituels, les visites aux malades et les confessions pour ceux qui ont besoin du sacrement de la réconciliation.
Il dit que la situation de COVID-19 est particulièrement difficile pour les personnes dont la seule satisfaction dans la vie est d'aller à l'église tous les jours.
"Il y a des gens qui se contenteraient d'aller à l'église et qui seraient satisfaits de se mettre à genoux sur les bancs et de regarder Jésus crucifié sans dire un mot. Ce sont ces gens qui souffrent le plus et c'est un vide que nous ne pouvons pas combler pour eux", dit le père Francis.
Néanmoins, l'ecclésiastique missionnaire ajoute : "comme le disent les sages, un demi pain vaut mieux qu'aucun pain du tout. Nous vivons dans l'espoir et la confiance que cette situation disparaîtra bientôt et que le peuple de Dieu reviendra occuper ses bancs où, pour l'instant, seuls ses noms sont épinglés".