Le pape François exprime ses "inquiétudes" au sujet de la voie synodale allemande, estimant qu'elle menace l'unité de l'Église

Dans sa lettre, le pape souligne que ce type d'"organe consultatif et décisionnel", tel qu'il est actuellement proposé, "n'est pas conforme à la structure sacramentelle de l'Église catholique". Il fait référence à une lettre du 16 janvier adressée par de hauts responsables du Vatican aux évêques allemands, qu'il a expressément autorisée, et qui interdisait explicitement la création du Conseil synodal.

Un comité de dirigeants de la Voie synodale s'est récemment réuni les 10 et 11 novembre à Essen pour jeter les bases du Conseil synodal, qu'ils souhaitent mettre en place au plus tard en 2026.

Quatre évêques allemands ont voté en juin pour bloquer le financement du comité préparatoire, et huit des 27 ordinaires allemands étaient absents de la réunion des 10 et 11 novembre.

Dans sa récente lettre, le pape François a proposé une voie différente pour l'Église en Allemagne.

Au lieu de chercher le "salut" dans des "comités en constante évolution" ou dans des "dialogues égocentriques ressassant les mêmes thèmes", le pape a souligné la nécessité pour l'Église catholique en Allemagne de s'enraciner dans "la prière, la pénitence et l'adoration".

Il a également appelé les catholiques allemands à "s'engager avec nos frères et sœurs" en marge de la société, en particulier les malades, les prisonniers et ceux qui se trouvent "au seuil des portes de nos églises".

"Je crois fermement qu'en ces lieux, le Seigneur nous guidera", a écrit le pape François.

La lettre était adressée aux théologiennes Katharina Westerhorstmann et Marianne Schlosser, à la journaliste Dorothea Schmidt et à la philosophe religieuse Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz. Les quatre laïques allemandes étaient auparavant déléguées à la Voie synodale, mais elles ont démissionné en février en signe de protestation. Elles ont écrit au pape le 6 novembre pour lui faire part de leurs inquiétudes quant à l'orientation de l'Église catholique en Allemagne.

Dans sa réponse, le pape a exhorté les quatre femmes à prier pour lui et "pour notre cause commune d'unité".

Le théologien allemand Martin Brüske a décrit la lettre du pape comme un signal clair et fort pour arrêter le travail du comité synodal.

"Le vaisseau amiral de Pierre a donné à l'Église allemande un coup de semonce", a déclaré Brüske dans une déclaration fournie par New Beginning, un groupe de catholiques allemands critiques à l'égard de la Voie synodale. "Ceux qui ne veulent pas l'entendre et le voir en porteront l'entière responsabilité s'ils finissent par disparaître dans le maelström de la division".

La direction de la Voie synodale allemande a récemment présenté ses efforts pour établir le Conseil synodal comme étant cohérents avec l'accent mis par le pape François sur l'augmentation de la synodalité dans l'Église catholique, y compris la récente assemblée du Synode sur la synodalité au Vatican.

Dans une déclaration du 29 octobre, Thomas Söding, vice-président du Comité central des catholiques allemands (ZdK), a décrit l'assemblée du Vatican comme "une confirmation de la [voie] synodale en Allemagne". Il a ajouté que les projets allemands de création d'un conseil synodal permanent étaient conformes à l'appel à une plus grande décentralisation lancé dans le rapport synodal d'octobre.

La Voie synodale allemande, un effort conjoint de la Conférence épiscopale allemande et du ZdK, a été lancée en 2019. Le processus non canonique a conclu sa phase initiale en mars, en adoptant des résolutions visant non seulement à établir un Conseil synodal, mais aussi à bénir les unions entre personnes de même sexe et à promouvoir l'ordination des femmes au niveau de l'Église universelle.

Ce n'est pas la première fois que le pape commente la voie synodale dans sa lettre aux quatre laïques. En janvier, il a critiqué le processus comme étant "élitiste" et "ni utile ni sérieux". Avant le début de la Voie synodale, il a écrit une lettre en juin 2019 au "peuple pèlerin d'Allemagne", appelant à se concentrer sur l'évangélisation face à "l'érosion et la détérioration croissantes de la foi".

Cet article a été mis à jour à 7h55 EST avec des déclarations de New Beginning et du Comité central des catholiques allemands (ZdK).