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L'archevêque de Nairobi interdit la bénédiction des unions irrégulières et explique le "concept de bénédiction"

Mgr Philip Anyolo, archevêque de l'archidiocèse de Nairobi au Kenya. Crédit : Archidiocèse de Nairobi Mgr Philip Anyolo, archevêque de l'archidiocèse de Nairobi au Kenya. Crédit : Archidiocèse de Nairobi

Les membres du clergé du territoire couvert par l'archidiocèse catholique de Nairobi au Kenya ont été empêchés d'appliquer la Fiducia Supplicans in the Metropolitan See, la déclaration du Vatican sur la possibilité de bénir les "couples de même sexe" et les couples dans d'autres "situations irrégulières".

Dans une déclaration de deux pages en huit points datée du samedi 23 décembre, l'Ordinaire local de Nairobi, Mgr Philip Anyolo, s'exprime sur le document que le Dicastère du Vatican pour la Doctrine de la Foi (DDF) a publié le 18 décembre, et qui a suscité des réactions mitigées et de profondes divisions parmi les évêques catholiques du monde entier.

Depuis la publication de Fiducia Supplicans, les membres du clergé, les religieux et religieuses et les laïcs de l'archidiocèse de Nairobi ont soulevé "de nombreuses questions", a déclaré Mgr Anyolo, ajoutant qu'il publie cette déclaration "en tant que votre pasteur actuel et successeur de l'Apôtre".

"Il est interdit à tous les membres du clergé résidant et exerçant leur ministère dans l'archidiocèse de Nairobi de bénir des relations ou des unions irrégulières ou des couples de même sexe", a déclaré l'archevêque catholique kenyan.

Cette directive, explique-t-il, vise à "garantir le respect des positions doctrinales fondamentales affirmées dans la déclaration (du Vatican) et des enseignements permanents de l'Église sur le mariage".

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Il ajoute que "toute forme de bénédiction des unions et activités homosexuelles irait à l'encontre de la parole de Dieu, des enseignements de l'Église, des traditions culturelles africaines, des lois de nos nations, et serait scandaleuse pour les fidèles"

Faisant allusion à la nécessité pour les personnes vivant dans des unions homosexuelles et des relations irrégulières de changer de style de vie et de comportement, Mgr Anyolo déclare que "l'Évangile du Christ continue d'appeler tout le monde à la conversion du cœur" et que l'invitation à la conversion "est une expression de la miséricorde de Dieu envers chacun".

La directive interdisant la mise en œuvre de la Fiducia Supplicans dans le siège métropolitain de Nairobi intervient quelques jours après que les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) ont exprimé leur soutien à la déclaration de la DDF.

Dans sa déclaration du 20 décembre, la KCCB a indiqué que la Fiducia Supplicans "n'approuve en aucune façon les "mariages entre personnes de même sexe" et n'essaie pas de reconnaître une telle union de manière détournée. Elle ne cherche pas à obtenir une 'bénédiction d'union' alternative pour remplacer un mariage sacramentel".

"Ce document ne change en rien la compréhension du mariage comme sacrement dans l'Église, une union indissoluble entre un homme et une femme, pour la vie", ont déclaré les évêques catholiques du Kenya dans leur déclaration de trois pages que le président de la KCCB, Mgr Martin Kivuva Musonde, de l'archidiocèse de Mombasa, a signée.

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Concept de bénédiction

Dans sa déclaration du 23 décembre, l'archevêque Anyolo explique qu'il comprend le concept de "bénédiction" comme signifiant "l'approbation, la permission, ou même une commission pour un certain type d'action et de mission".

Le fait de bénir un couple de même sexe et des couples en "situation irrégulière de mariage" est donc compris comme une "permission de pécher" et une manière de "normaliser" le style de vie consistant à pratiquer l'homosexualité, dit-il.

Tout comme l'affirmation du paragraphe 9 de Fiducia Supplicans selon laquelle "d'un point de vue strictement liturgique, une bénédiction exige que ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu", l'archevêque catholique de Nairobi affirme que "même la bénédiction en dehors du rite liturgique exige (que) ce qui est béni (soit) conforme à la volonté de Dieu".

Selon lui, "la notion de bénédiction des couples de même sexe ou des unions irrégulières peut être perçue comme une légalisation de ces relations, ce que l'Église n'a pas l'autorité de faire en fidélité à l'Évangile et à l'institution du mariage".

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"À la lumière de la miséricorde de Dieu, l'Église donne sa bénédiction aux personnes individuelles qui luttent contre le péché et s'efforcent de faire la volonté de Dieu, déterminées à conformer leur vie à l'enseignement de l'Église. Cela se fait principalement dans le sacrement de la pénitence et de la réconciliation", explique Mgr Anyolo, qui ajoute : "De telles bénédictions sont non seulement permises, mais fortement encouragées".

Le sens de Fiducia Supplicans

L'archevêque catholique de 67 ans, qui a commencé son ministère épiscopal en février 1996 en tant qu'évêque du diocèse de Kericho au Kenya, souligne les aspects de la Fiducia Supplicans qu'il approuve.

Fiducia Supplicans, dit-il, "énonce et affirme correctement la doctrine catholique traditionnelle sur le mariage et la famille, y compris la désapprobation de l'Église catholique à l'égard des unions homosexuelles".

Les déclarations du DDF, poursuit-il, "confirment et réitèrent l'enseignement pérenne de l'Église selon lequel le mariage doit être affirmé comme 'l'union exclusive, stable et indissoluble d'un homme et d'une femme, naturellement ouverte à la génération d'enfants'", ainsi que le fait que "l'Église n'a pas le pouvoir de bénir les unions de personnes du même sexe".

Fondement de l'enseignement de l'Église sur le mariage

 


Mgr Anyolo souligne que l'enseignement de l'Église sur le mariage est fondé sur l'Écriture, la Tradition, ainsi que "sur la loi naturelle inscrite dans le cœur de chaque être humain".

Les pratiques pastorales de l'Église concernant le mariage et la famille sont toujours fondées sur l'Évangile du Christ... et sur les pratiques durables de l'Église enracinées dans la Tradition apostolique. C'est pour cette raison que l'Église exclut ceux qui vivent des situations irrégulières de mariage de la pleine participation sacramentelle à la vie de l'Église, alors qu'ils sont invités à remédier à leur situation objectivement pécheresse et qu'ils sont accompagnés par des soins pastoraux."

"Les unions homosexuelles sont contraires à la raison, à la nature et à la tradition culturelle africaine. La parole de Dieu condamne aussi fermement de telles unions", souligne le chef de l'Église catholique kényane, à la tête de l'archidiocèse de Nairobi depuis novembre 2021, en citant les lettres de saint Paul aux Romains, aux Corinthiens et à Timothée.

Les traditions culturelles africaines, note Mgr Anyolo, "détestent également" l'homosexualité "car elle va clairement à l'encontre de la transmission de la vie"

"Que l'Esprit Saint éclaire nos esprits et nos cœurs en embrassant la vérité de l'Évangile du Christ par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, la Mère du Seigneur et l'Épouse de l'Esprit Saint", conclut-il.

Consultations continentales

La direction du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) a entamé des consultations à travers le continent en vue de publier une "déclaration synodale unique" sur la Fiducia Supplicans.

"En tant que bergers de l'Église en Afrique, il nous incombe de fournir une clarté sans équivoque sur cette question, offrant une orientation définitive à notre communauté chrétienne", a déclaré le président du SCEAM, le cardinal Fridolin Ambongo, dans un communiqué adressé le 20 décembre aux présidents des conférences épiscopales catholiques d'Afrique et de ses îles.

Une déclaration pastorale du SCEAM, a déclaré le cardinal Ambongo, "fournirait des lignes directrices complètes pour toutes les Églises locales de notre continent".

Le membre congolais des Frères Mineurs Capucins (O.F.M Cap) a donné aux Présidents des Conférences épiscopales catholiques jusqu'au "début de la seconde moitié du mois de janvier" pour soumettre leurs perspectives au Secrétariat général du Symposium basé à Accra-Ghana.

"Votre réponse en temps voulu sera déterminante pour l'élaboration de cette importante directive", a déclaré le Président du SCEAM depuis février aux évêques catholiques à la tête des Conférences d'Afrique et de ses îles.