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L'armée mozambicaine empêche les civils de "fuir" l'insurrection : selon une entité catholique pour la paix

Une route menant à Macomia, un district en proie à l'insurrection dans la province septentrionale de Cabo Delgado, au Mozambique. Crédit : Denis Hurley Peace Institute (DHPI) Une route menant à Macomia, un district en proie à l'insurrection dans la province septentrionale de Cabo Delgado, au Mozambique. Crédit : Denis Hurley Peace Institute (DHPI)

L'Institut Denis Hurley pour la paix (DHPI), une entité de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), a lancé un appel aux troupes qui combattent les insurgés dans le nord du Mozambique pour qu'elles permettent aux personnes touchées par la violence de fuir et de se mettre en sécurité ailleurs.

Les forces de sécurité rwandaises qui combattent aux côtés d'autres troupes au Mozambique tenteraient d'empêcher les civils de fuir la ville de Mocímboa da Praia dans la province septentrionale de Cabo Delgado, où l'État islamique (ISIS) a intensifié ses attaques.

Dans une interview accordée mercredi 17 janvier à ACI Afrique, le directeur du DHPI, Johan Viljoen, a appelé les militaires opérant à Mocímboa da Praia à renforcer la sécurité dans la région assiégée ou à permettre à ceux qui ne se sentent plus en sécurité de fuir.

"Nous sommes préoccupés par le fait que les soldats empêchent les gens de fuir alors que les insurgés ont intensifié leurs attaques à Mocímboa da Praia. Si les soldats ne sont pas en mesure de protéger les civils contre les attaques, ils devraient les laisser partir. Il est inutile de retenir des personnes dans des villages où elles sont vulnérables aux attaques", a déclaré M. Viljoen.

Il trouve regrettable que les membres des forces armées mozambicaines mettent en danger la vie des civils uniquement "pour sauver leur image".

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M. Viljoen a déclaré à ACI Afrique que les insurgés ont organisé une série d'attaques à Mocímboa da Praia depuis le début du mois de janvier, plongeant les civils de la province plus large de Cabo Delgado qui a subi sa première attaque d'insurgés en octobre 2017 dans un désespoir plus profond.

Le 5 janvier, les insurgés auraient organisé une attaque qui a tué cinq personnes, dont un promoteur de santé de l'organisation humanitaire Médecins sans frontières, à Chibanga, un village de Mocímboa da Praia.

Le 11 janvier, les insurgés ont revendiqué trois attaques dans les districts de Mocímboa da Praia et du district voisin de Macomia. À Chinda, un village de Mocímboa da Praia, les islamistes auraient rasé 10 maisons, faisant plusieurs blessés parmi les civils.

Dans le village d'Anotadora, également dans le district de Mocímboa da Praia, les habitants auraient été contraints de fuir lorsque les insurgés ont attaqué, brûlant plus de 30 maisons.

Le DHPI a rapporté que les habitants de plusieurs villages de Mocímboa da Praia fuyaient à bord de véhicules chargés de divers biens ménagers, défiant les instructions des autorités qui avaient érigé des barrages aux principaux points de sortie de la région.

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Dans l'interview accordée le 17 janvier à ACI Afrique, M. Viljoen s'est dit préoccupé par l'escalade de la violence dans ce pays d'Afrique australe, qui a forcé plus de 850 000 personnes à fuir à Cabo Delgado.

Pire encore, il a déclaré que la situation humanitaire se détériorait dans la région en raison de la pénurie de l'aide mondiale.

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a récemment décrit Cabo Delgado comme "la province du Mozambique où l'insécurité alimentaire est la plus forte", exprimant la crainte que l'agence des Nations unies ne soit contrainte de suspendre l'aide aux personnes souffrant de la faim en raison d'une pénurie de fonds.

Appelant les agences humanitaires à intensifier leur soutien aux victimes de la violence à Cabo Delgado, M. Viljoen a déclaré : "Avec l'augmentation des attaques en janvier, il est clair que la guerre est loin d'être terminée. La situation humanitaire à Cabo Delgado se détériore. C'est le pire moment pour arrêter l'aide dans cette région".

Le responsable de l'entité de paix SACBC s'est dit préoccupé par le fait que les partenaires de mise en œuvre de l'aide des Nations unies abordent la nouvelle année sans ressources pour aider les personnes déplacées à Cabo Delgado.

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