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Le Vatican à propos de l'amendement français sur l'avortement : Il ne peut y avoir de "droit" à prendre une vie humaine

Lundi, la France est devenue le premier pays au monde à inscrire le droit à l'avortement dans sa loi fondamentale, une décision à laquelle les évêques français et le Vatican se sont fermement opposés.

L'Académie pontificale pour la vie rappelle que, précisément à l'ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de "droit" à supprimer une vie humaine", écrit l'Académie dans un communiqué publié le 4 mars par la Conférence des évêques de France à la suite de ce vote historique.

L'Académie pontificale pour la vie (PAV) poursuit en appelant "tous les gouvernements et toutes les traditions religieuses à faire de leur mieux pour que, dans cette phase de l'histoire, la protection de la vie devienne une priorité absolue, avec des mesures concrètes en faveur de la paix et de la justice sociale, avec des mesures efficaces pour l'accès universel aux ressources, à l'éducation et à la santé".

Tout en notant que "la protection de la vie humaine est le premier objectif de l'humanité", l'académie du Vatican a reconnu la myriade de difficultés socio-économiques et personnelles auxquelles sont confrontées certaines familles et certaines femmes. Ces "situations de vie et les contextes difficiles et dramatiques de notre époque" doivent être abordés par les gouvernements et la société civile, mais d'une manière qui soit "au service de la personne humaine et de la fraternité" et qui protège "les plus faibles et les plus vulnérables", poursuit la déclaration de la PAV.

Avant le vote de lundi, l'évêque de Versailles, Mgr Luc Crepy, s'est joint à la Conférence des évêques de France pour exprimer sa "tristesse" et sa "profonde opposition à cette évolution".

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Le prélat français a réitéré l'appel au respect de la vie "de sa conception à sa mort naturelle", qui, a-t-il ajouté, "doit être reconnue comme faisant partie du socle commun sur lequel repose notre société".

"Je veux encourager les parlementaires réunis à Versailles à résister à toute pression médiatique ou politique, à voter en conscience et avec sérieux, et à faire preuve de courage comme certains - que je remercie - l'ont déjà fait", poursuit l'évêque dans sa déclaration du 2 mars.

La France dispose d'un parlement bicaméral composé d'une chambre basse, l'Assemblée nationale, et d'une chambre haute, le Sénat. En janvier, l'Assemblée nationale a voté la révision constitutionnelle sur "la liberté des femmes de recourir à l'avortement, qui est garantie". "Le Sénat a voté une mesure similaire le 1er mars.

Le lundi 4 mars, le Parlement, réuni en séance commune, a adopté le projet de loi par 780 voix contre 72, ce qui a été suivi d'une longue ovation.

Plus tard dans la soirée, la Tour Eiffel s'est illuminée des mots "mon corps, mon choix", tandis que des spectateurs en liesse célébraient l'événement, une scène qui s'est répétée dans tout le pays.

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L'amendement a été défendu par le président Emmanuel Macron en 2023 et a reflété un consensus plus large au sein de la population française.

Selon un sondage réalisé par YouGov à la fin du mois de février, 66 % des Français sont favorables à un amendement constitutionnel pour la protection de l'avortement, la plus grande partie du soutien venant des 18-34 ans (76 %) et des femmes (71 %).

Alors que certains ont suggéré que le soutien de Macron à l'amendement était motivé par des raisons politiques, d'autres ont estimé que le vote était dû à un sentiment de "panique" partagé par les femmes françaises, citant en exemple la décision de la Cour suprême des États-Unis de juin 2022 d'abroger l'arrêt Roe v. Wade.

"On a importé un débat qui n'est pas français puisque les Etats-Unis ont été les premiers à retirer cela de la loi avec l'abrogation de Roe v. Wade... Il y a eu un effet de panique de la part des mouvements féministes, qui souhaitaient graver cela dans le marbre de la constitution", a déclaré Pascale Moriniere, présidente de l'Association des familles catholiques.

Mathilde Panot, présidente du parti politique de gauche "La France insoumise" et l'une des principales forces à l'origine du projet de loi, a partagé ce sentiment dans une déclaration à Politico.

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"Il est impossible de dire si le droit à l'avortement ne sera pas remis en question à l'avenir en France", a-t-elle déclaré. "Il est important de capitaliser lorsque nous avons le public de notre côté.

La France a dépénalisé l'avortement en 1975 et, en 2022, la limite du stade gestationnel pour l'avortement a été étendue à 14 semaines de grossesse.

Le pape François est depuis longtemps un fervent opposant à l'avortement, qu'il qualifie de "meurtre" et dont il dit qu'il équivaut à "engager un tueur à gages". Dans sa lettre du 4 mars, la PAV a cité les paroles du pape lors de l'audience générale du 25 mars 2020 : "La défense de la vie n'est pas une idéologie, c'est une réalité, une réalité humaine qui concerne tous les chrétiens, précisément parce qu'ils sont chrétiens et parce qu'ils sont humains.

Alors que la France a longtemps porté l'épithète de "fille aînée de l'Église", la foi a connu un fort déclin au cours des dernières décennies.

Selon un sondage de l'Institut national de la statistique et des études économiques, seuls 29 % des Français âgés de 18 à 59 ans se déclarent catholiques, tandis que parmi les croyants, on estime à 8 % le nombre de ceux qui assistent régulièrement à la messe.