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Le pape François, bon samaritain de notre temps : l’évêque d’Eswatini salue sa compassion

Mgr José Luís Gerardo Ponce de León du diocèse catholique de Manzini, au Royaume d'Eswatini, a rendu hommage au défunt pape François comme un homme proche des souffrants, notamment des migrants et des réfugiés, incarnant l’esprit du Bon Samaritain raconté dans l’Évangile selon saint Luc.

Dans son homélie lors de la messe commémorative du défunt pontife, inhumé le 26 avril, Mgr José a utilisé la parabole du Bon Samaritain pour expliquer l’impact que le pape François a eu sur les souffrants à travers le monde.

« En repensant à ses douze années comme évêque de Rome, j’ai tendance à croire que le pape François s’est inspiré de la parabole du Bon Samaritain et s’est fait lui-même Bon Samaritain », a-t-il déclaré lors de la messe du souvenir du mercredi 30 avril.

Mgr José a rappelé les gestes symboliques du pontife défunt illustrant sa proximité avec les souffrants, notamment lorsqu’il a embrassé les pieds des dirigeants politiques sud-soudanais en avril 2019, sa solidarité avec les migrants et les réfugiés, ainsi que les appels répétés qu’il passait à l’abbé Gabriel Romanelli, curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Gaza.

« À travers chacun de ces gestes et bien d’autres, il a ouvert nos yeux aux souffrances de ceux que la vie a malmenés : les migrants, les prisonniers, les nations divisées, les pays déchirés par la guerre », a déclaré ce membre argentin de l’Institut des Missionnaires de la Consolata (IMC), à propos de son compatriote défunt.

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Le pape François, a poursuivi Mgr José, a mis les souffrants « juste devant nos yeux pour que nous décidions si nous allions avoir de la compassion ou traverser de l’autre côté de la route ».

« À l’époque de Jésus, il n’était pas facile d’accepter qu’un Samaritain puisse être bon. Aujourd’hui, personne ne remet cela en question », a-t-il déclaré.

« Mais nous pourrions avoir du mal si nous racontions à nouveau la parabole en disant : ‘Mais un migrant sans papiers fut pris de compassion, ou un prisonnier récemment libéré, ou un membre d’une autre foi, une personne sans abri, une personne transgenre…’ tous ceux qui ne font pas partie de mon groupe et envers qui je n’ai pas toute confiance », a poursuivi Mgr José.

Il a ajouté : « Il était très fort de voir que le corps du pape François a été accueilli à la basilique Sainte-Marie-Majeure – où il est enterré – par des migrants, des prisonniers, des sans-abri et des personnes transgenres, chacun tenant une rose blanche. »

Mgr José a exprimé ses regrets face au fait que « nous vivons dans un monde qui génère des migrants et des réfugiés en finançant les guerres, à travers des politiques financières qui privilégient le profit aux personnes ».

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Il a également souligné que les migrants et les réfugiés sont générés par l’indifférence au changement climatique, des systèmes politiques qui instaurent la peur chez ceux qui pensent différemment, et l’usage de médias qui présentent les migrants sous un jour négatif, entre autres facteurs.

Au lieu de s’attaquer aux causes de la migration, le responsable catholique a déploré que « notre monde choisisse de construire des murs, de durcir les politiques migratoires, de blâmer les migrants pour tous les problèmes et de dépenser davantage dans la sécurité ».

Le monde actuel ne croit plus au pouvoir de la miséricorde, a-t-il observé, ajoutant que le monde « devient impitoyable ».

« Il se pourrait bien que certains de ceux qui louaient le pape François pour son “qui suis-je pour juger” soient en réalité parmi les plus prompts à juger les autres », a déclaré Mgr José, faisant référence à la réaction à la conférence de presse en vol de 2013, lorsque le défunt pape avait répondu à une question sur son expérience comme confesseur de personnes homosexuelles. Le pontife avait alors demandé de façon rhétorique : « Qui suis-je pour juger cette personne ? », une réponse qu’il expliquera plus tard dans un entretien de 2016 publié sous forme de livre.

Mgr José, évêque de l’unique diocèse catholique de cette nation enclavée d’Afrique australe, anciennement connue sous le nom de Swaziland, s’est également exprimé sur la violence dans le monde, rendant hommage au pape François comme un artisan de paix et de non-violence.

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« Nous vivons dans un monde qui ne croit pas à la non-violence. Pensez simplement à notre troisième guerre mondiale en morceaux (comme François l’appelait), au niveau de violence basée sur le genre dans le monde, et à la manière dont nous nous traitons les uns les autres sur les réseaux sociaux », a-t-il affirmé dans son homélie du 30 avril.

Pour Mgr José, la messe commémorative du 266e pontife catholique n’était pas seulement l’occasion de lui dire au revoir et de prier pour lui parce qu’il était un pape proche du peuple, mais aussi parce que son message de miséricorde et de compassion, « manifesté par des gestes concrets et clairs, nous a fait réfléchir sur notre manière de vivre ».

La « voix et les gestes inattendus du pape François ont été pour nous une lumière dans l’obscurité que nous traversons », a déclaré Mgr José.

Et de conclure par une prière : « Que la Parole que nous avons partagée et le témoignage du pape François nous encouragent à devenir les prochains les uns des autres, en particulier des personnes que la vie, nos attitudes et nos politiques ont profondément blessées. »

Silas Isenjia