L’Église catholique du Nigeria forme les agents pastoraux à défendre les droits des migrants et réfugiés

Le prêtre nigérian a précisé que le soutien de l’Église allait au-delà des prières et liturgies. « Nous organisons des dévotions, administrons les sacrements et proposons des enseignements pour aider les migrants à voir leur parcours à travers les yeux de la foi. Ce sont des actions concrètes pour les aider à faire face aux traumatismes et à l’incertitude », a-t-il expliqué.

Le secrétaire de l’Unité des Migrants et Réfugiés du CSN a également évoqué les effets psychologiques et émotionnels de la migration, en soulignant la situation des victimes de la traite et de manipulations spirituelles.

« De nombreuses victimes de la traite et de la contrebande ont été soumises à des liens spirituels à travers des charmes et des pactes. Elles attendent de l’Église qu’elle les libère et les protège. Les visites régulières des agents pastoraux dans les camps et lieux d’accueil des migrants montrent que l’Église reste proche d’eux », a-t-il affirmé.

L’atelier d’une journée a rassemblé des participants issus des 60 diocèses catholiques du Nigeria, grâce à la collaboration d’organisations allemandes partenaires de l’Église dans les actions humanitaires et de développement, notamment Misereor et Missio Aachen.

« Il s’agit d’un programme à l’échelle nationale. Nous formons des coordinateurs et des agents pastoraux pour soutenir les personnes spirituellement, émotionnellement, psychologiquement et économiquement. Il s’agit de bâtir des capacités pour un service durable à long terme », a affirmé le Père Akhogba.

Il a salué l’approche multiforme de l’Église pour soutenir les migrants et réfugiés, présente à l’échelle des diocèses, des paroisses et des structures nationales, avec des plans pour atteindre les bénéficiaires dans les camps et dans les communautés hôtes.

« Nous espérons mobiliser les ressources nécessaires pour offrir un soutien significatif partout où se trouvent les migrants. Cela inclut non seulement l’accompagnement spirituel mais aussi l’aide concrète en matière de moyens de subsistance, de conseils et de réintégration », a-t-il déclaré.

Il a également évoqué le partenariat du CSN avec les agences gouvernementales telles que l’Agence nationale pour la lutte contre la traite des personnes (NAPTIP), ajoutant que « ce partenariat renforce notre action et approfondit notre impact ».

Malgré les difficultés logistiques et financières, le Père Akhogba a insisté sur l’importance de l’optimisme. « Nous jetons les bases d’une structure nationale de soutien durable. Ce n’est que le début », a-t-il confié à ACI Afrique.

Les sessions de l’atelier ont couvert des thématiques telles que le conseil post-traumatique, la résolution des conflits, la réponse humanitaire et le développement de compétences, qu’il a décrites comme des outils essentiels pour ceux qui travaillent avec les populations déplacées.

« Nous agissons avec compassion, coordination et une mission claire. C’est un moment décisif. L’Église est aux côtés des déplacés, leur offrant dignité, espoir et accompagnement », a déclaré le Père Akhogba.

S’adressant également à ACI Afrique le 22 mai, Mme Julia Krojer, responsable du Service de dialogue et de partenariat de Misereor au Nigeria, a identifié certaines causes des déplacements : « le changement climatique, l’insécurité et le chômage en sont les principaux moteurs ».

« Nos partenariats à long terme aident à s’attaquer à ces causes profondes par des initiatives de consolidation de la paix, d’agriculture et d’accès à l’eau », a-t-elle précisé.

Pour sa part, le Père Paul Nse Abium de l’archidiocèse catholique de Calabar, participant à l’atelier, a indiqué que la cupidité, les conflits fonciers et les violences communautaires déclenchent souvent les déplacements.

Il a salué les efforts de l’Église pour changer les mentalités et promouvoir le développement local. « Nous voulons que les gens croient qu’ils peuvent prospérer là où ils sont. La foi, l’agriculture et les compétences pratiques peuvent aider les jeunes à construire une vie stable sans être contraints à migrer », a-t-il confié à ACI Afrique.

Le Père Paul a appelé à un changement des valeurs sociétales, affirmant : « La surestimation des emplois de bureau a laissé de nombreux jeunes désabusés. Encourager l’entrepreneuriat, l’agriculture et la créativité pourrait réduire la migration et les troubles sociaux. »