L'irrationalité parmi les facteurs à l'origine des échecs de l'Angola, déplore un évêque catholique

Il a ensuite imploré : « Que ce jour, en rentrant chez vous, vous ressentiez la différence entre celui qui a prié et celui qui ne l’a pas fait. Si la prière ne nous transforme pas, elle devient une véritable perte de temps. »

Dans le diocèse catholique de Viana, hôte du Jubilé des Familles du 1er juin pour l’Église d’Angola, aux côtés de l’archidiocèse de Luanda et du diocèse de Caxito, Mgr Maurício Agostinho Camuto s’est exprimé sur les conflits violents en Angola.

Des cas d’intolérance politique sont rapportés entre des partisans du parti au pouvoir, le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), et ceux du principal parti d’opposition, l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA).

Le 30 mai, une délégation de responsables de l’UNITA aurait été prise en embuscade dans la municipalité de Galanga, province du Huambo, par des membres du parti au pouvoir, qui « ont eu recours à la violence pour tenter d’empêcher l’exercice libre et pacifique de l’activité politique », selon Ver Angola.

Le Secrétariat Exécutif du Comité Permanent de la Commission Politique de l’UNITA a attribué cette action à des « individus identifiés comme membres du MPLA » et a exigé que les auteurs soient tenus pour responsables.

Dans son homélie du 1er juin, Mgr Camuto a qualifié les attaques de Galanga de « honteuses » et a critiqué le silence des autorités.

« Nous approchons des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance avec haine, ressentiment, absence de réconciliation et de paix. Cela ne devrait pas être le cas. Les chrétiens doivent aider leurs frères à se réconcilier », a-t-il déclaré lors de la célébration eucharistique à la cathédrale Saint-François-d’Assise du diocèse de Viana.

L’ordinaire du lieu du diocèse de Caxito a interpellé les chrétiens en ces termes : « Nous, chrétiens, sommes des instruments de paix, de réconciliation et de pardon. Le Seigneur nous appelle à annoncer la repentance et le pardon des péchés. »

« Les familles chrétiennes ne doivent pas participer à des actes d’intolérance, d’absence de réconciliation, de haine ou de ressentiment », a encore dit Mgr Camuto, lançant cet appel : « N’adoptez pas de comportements qui nuisent à l’unité et à la paix. Nous avons tous besoin de conversion. »

« Nos actes, notre manière de vivre, ne reflètent pas le Christ que nous prétendons porter en nous. Ils ne montrent pas que nous sommes ressuscités avec le Christ. Voilà pourquoi notre pays, notre Angola, reste dans cet état », a déploré l’ordinaire de Caxito.

Par ailleurs, Mgr Pio Hipunyati, évêque du diocèse catholique d’Ondjiva, a dénoncé l’apparition soudaine de nouveaux partis politiques quelques mois avant les élections, qualifiant cela de « manque de sérieux ».

Mgr Hipunyati a reconnu l’importance du multipartisme pour la guérison nationale, mais a appelé à des efforts sincères de réconciliation entre les acteurs politiques.

« Il est bon que des partis politiques émergent — et encore mieux s’ils le font de manière anticipée. Je ne fais pas confiance aux partis qui surgissent à la veille des élections. Les vrais partis, ceux qui veulent servir la nation et qui ont une véritable vision, n’apparaissent pas six mois avant les élections. Un candidat sérieux n’entre pas en course six mois avant — un tel projet ne peut pas être crédible », a-t-il déclaré.

L’évêque a salué l’émergence de nouveaux acteurs politiques comme un signe positif de réconciliation nationale, tout en avertissant : « Nous entendons encore des discours peu constructifs. Il manque un vrai dialogue — surtout entre politiciens. »

L’évêque catholique de 60 ans a déploré le manque de fraternité entre les partis politiques, affirmant : « Souvent, on a l’impression qu’il n’y a aucune fraternité entre eux. Cela devient évident quand des individus de partis différents ne peuvent même pas coexister, ne serait-ce que pour partager un même événement public ou une même célébration nationale. »

« Il est rare de voir nos hommes politiques ensemble. La véritable réconciliation exige encore un long chemin à parcourir. Cela démontre que nous avons encore du chemin à faire. Il est rare de voir des hommes politiques dans une même pièce donner une interview conjointe, partager des vues sur un enjeu national. La société doit réagir face à cela », a-t-il dit.

Mgr Hipunyati a conclu : « L’histoire a laissé de profondes blessures, surtout entre les partis traditionnels, mais les nouveaux partis peuvent aider à construire la compréhension mutuelle et à atténuer les anciennes hostilités. »