Soudan du Sud à 14 ans : les évêques catholiques appellent à se concentrer sur la construction de la nation

« Nous sommes un peuple oint par l’espérance, fortifié par la souffrance, envoyé pour guérir ensemble notre terre brisée », a-t-il ajouté.

Dans son message pour le 14ᵉ anniversaire, intitulé : « Fortifiés par la grâce, équipés pour la mission, unis dans l’espérance », Mgr Hiiboro a insisté sur l’importance des valeurs fondamentales telles que la vérité, l’amour, la coexistence pacifique et l’esprit de service.

« Aujourd’hui, ne brandissons pas seulement nos drapeaux, mais élevons aussi des cœurs remplis de courage, des mains prêtes à servir et des voix qui proclament la paix, la vérité et l’amour. Notre avenir n’est pas un rêve, c’est une tâche, et ensemble, nous pouvons l’accomplir. »

Dans un autre message vidéo, partagé avec ACI Afrique en amont des célébrations, ce responsable ecclésial de 61 ans a reconnu les défis du pays, soulignant l’importance de confier continuellement la nation à Dieu.

Pour Mgr Hiiboro, remettre sans cesse le Soudan du Sud entre les mains de Dieu est essentiel pour aider les citoyens à cultiver « la discipline de préserver l’image de Dieu, de respecter la dignité de chacun », et pour les encourager « à œuvrer pour la paix, l’harmonie et la reconstruction des parties brisées de notre pays. »

Il a reconnu que « beaucoup de choses n’ont pas bien marché » depuis l’indépendance en juillet 2011, mais que la nation « a atteint sa maturité », et que son peuple « ne peut plus se lamenter éternellement. »

« Nous ne pouvons pas continuer à pleurer », a-t-il lancé, appelant ses compatriotes à « se lever sérieusement, avec force et courage, pour renouveler la République. »

Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis 2011, n’a joui que de deux années de paix avant de sombrer dans une guerre civile en décembre 2013, après des tensions entre le président Salva Kiir et son vice-président d’alors, Dr. Riek Machar.

Ce conflit, ayant opposé deux factions gouvernementales fidèles à chacun des deux leaders, a rapidement dégénéré en une guerre civile sanglante, provoquant le déplacement de centaines de milliers de civils dès début 2014.

Suite à l’Accord de paix revitalisé signé à Addis-Abeba en septembre 2018, un gouvernement de transition a été mis en place en février 2020. Mais des tensions persistent encore aujourd’hui, notamment après l’arrestation rapportée du premier vice-président, Dr. Machar, en mars 2025.

À la suite de cet incident, le président Kiir a rencontré des leaders religieux, dont le cardinal Stephen Ameyu Mulla, archevêque de Juba, réaffirmant son engagement pour la paix.

Alors que la nation célèbre son 14ᵉ anniversaire, Mgr Alex Lodiong Sakor Eyobo, évêque du diocèse de Yei, a souligné la nécessité pour les Sud-Soudanais de reconnaître et de chérir le don divin de l’indépendance.

« Nous devons reconnaître le don que Dieu nous a fait en nous donnant une nation indépendante, et c’est ce que nous devons chérir », a-t-il déclaré dans un message du 9 juillet.

Il a ajouté que, lorsque les citoyens apprécieront davantage ce don, les conflits violents qui minent le pays depuis des années « disparaîtront ».

« Revenons à nos racines et souvenons-nous pourquoi nous avons combattu pendant 21 ans. C’était pour l’autodétermination et pour obtenir une nation. Dieu a béni cette quête, et nous avons une nation. » Il a invité les citoyens à « la construire plutôt que de la détruire. »

De son côté, Mgr Christian Carlassare, évêque du diocèse de Bentiu et administrateur apostolique du diocèse de Rumbek, a qualifié les célébrations de cette année de « fête empreinte de fierté pour ce qui a été accompli » mais aussi « pleine d’espérance ».

« Oui, nous célébrons avec espoir, en cette Année de l’Espérance », a-t-il déclaré, faisant référence à l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique.

Il a souligné que l’espérance « maintient le peuple de Dieu en vie » et a encouragé les citoyens à reconnaître que « tous les dons viennent de Dieu », et à œuvrer, dans l’amour, à « transformer l’âme de leur pays » et à « renouveler leur relation avec Dieu et entre eux. »

Dans le diocèse de Wau, Mgr Mathew Remijio Adam a exprimé l’espoir que ce 14ᵉ anniversaire d’indépendance marque l’avènement d’une paix durable et d’une cohabitation harmonieuse entre les Sud-Soudanais.

« Je souhaite que cette année soit remplie de bénédictions et de toutes les grâces nécessaires pour que le peuple du Soudan du Sud vive en paix et en harmonie », a déclaré ce membre des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus dans une vidéo diffusée avant les célébrations du 9 juillet.

« J’espère que cette fête nous unira tous, que nous mettrons nos différences de côté, et que nous nous sentirons tous filles et fils d’une même nation : la République du Soudan du Sud », a-t-il conclu.