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Un responsable catholique au Nigeria plaide pour la libération des prisonniers «repentis» en cette Année jubilaire 2025

L’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique constitue une opportunité pour les responsables ecclésiaux de plaider en faveur de la libération des prisonniers « repentis » et de venir en aide à ceux qui sont « injustement détenus », a déclaré le Secrétaire général du Secrétariat catholique du Nigeria (CSN).

Dans un entretien accordé à ACI Afrique en marge de la retraite nationale 2025 des dirigeants laïcs et des aumôniers au Nigeria, le Père Michael Banjo a souligné la nécessité de vivre cette Année jubilaire de manière concrète.

« Le Jubilé est un temps de libération, un temps de miséricorde, un moment où les captifs sont libérés et les dettes remises. Ce n’est pas qu’un symbole ; c’est censé être concret », a-t-il déclaré le 12 juillet.

Selon lui, « en tant que responsables de l’Église, nous devons réfléchir à comment libérer ces prisonniers, tant physiquement que spirituellement ».

Il a déploré la situation de milliers de détenus dans les prisons nigérianes, souvent incarcérés depuis longtemps sans procès. « Le système judiciaire est surchargé, marqué par l’inefficacité, le manque de représentation légale et des retards bureaucratiques. »

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« Certains sont enfermés pour des délits mineurs ; d’autres sont victimes d’arrestations abusives, et croupissent depuis des années dans des conditions inhumaines et surpeuplées », a-t-il ajouté.

Le Père Banjo a exhorté les communautés catholiques à faire preuve de miséricorde concrète. « Plaidons pour la libération des repentis. Et lorsque cela est possible, payons la caution de ceux qui sont injustement ou inutilement détenus. Ce n’est pas qu’un acte de miséricorde ; c’est un impératif évangélique. »

Il a encouragé les responsables paroissiaux, les groupes apostoliques et les institutions catholiques à collaborer avec les juristes au sein de leurs communautés pour faciliter les procédures de libération.

« Il y a des avocats parmi vous. Consultons-les. Il s’agit de libérer ceux qui sont réellement repentis et peuvent réintégrer la société », a-t-il insisté.

Le responsable du CSN a dénoncé les conditions difficiles dans les établissements pénitentiaires : surpopulation, insalubrité, manque de soins médicaux, pénurie alimentaire, qu’il a qualifiées de « crise humanitaire invisible derrière des murs que la plupart d’entre nous choisissent de ne pas voir ».

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Il a salué les efforts des mouvements laïcs catholiques engagés dans la pastorale carcérale, notamment les Chevaliers de Saint Mulumba et les Chevaliers de Saint Jean International du Nigeria, ces derniers ayant déjà lancé un programme en réponse à son appel.

« C’est ce que nous attendons : des actions enracinées dans l’amour, la justice et la miséricorde concrète », a-t-il affirmé.

Dans son entretien du 12 juillet, le prêtre nigérian a souligné que libérer des prisonniers repentis ne suffit pas. « Si la personne libérée n’a ni emploi, ni soutien, ni orientation, elle risque de retomber dans les mêmes travers. Il ne suffit pas de dire ‘Pars en paix’, il faut aussi dire ‘Voici comment vivre en paix’ », a-t-il expliqué.

Il a invité les groupes laïcs à étudier des modèles de réinsertion réussis et à collaborer avec des organisations pour offrir un soutien durable. « C’est ainsi que nous bâtirons une Église véritablement attentive aux besoins de la société. »

Élargissant sa réflexion, le Père Banjo a évoqué la souffrance des personnes déplacées internes (PDI) dans des régions affectées par la violence comme les États de Benue, Plateau et Kaduna.

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« Des familles entières fuient sans rien – même pas une couverture. L’Église ne peut rester indifférente à cette souffrance », a-t-il déclaré, appelant les groupes laïcs à organiser un soutien humanitaire : vivres, vêtements, chaussures, argent, à canaliser via les diocèses concernés.

« La compassion doit se vivre, pas seulement se prêcher », a-t-il insisté.

Il a exprimé l’espoir que la retraite jubilaire marquera un tournant spirituel et apostolique pour l’Église du Nigeria. « Qu’elle soit le début d’un engagement renouvelé en faveur de la justice, de la miséricorde et de la guérison nationale. Qu’elle ravive en nous un nouveau courage apostolique, enraciné dans la foi et guidé par la sagesse. »

Menaces internes et jeunesse en danger

S’exprimant également à ACI Afrique durant cette retraite, le Directeur du Département des agents pastoraux du CSN, le Père Augustine Okochi, a identifié des menaces internes affaiblissant l’apostolat laïc catholique au Nigeria.

Il a pointé du doigt le sécularisme, le matérialisme et l’ambition personnelle comme des dangers majeurs. « Ce ne sont pas des menaces abstraites. Elles ont infiltré même nos associations religieuses. Les idéaux spirituels sont minés par l’obsession de la richesse, du statut et du succès mondain. »

Ces influences, selon lui, génèrent des conflits internes, notamment quand des cas de fraude ou de détournement sont couverts par le tribalisme au lieu de faire l’objet de sanctions justes.

« Ce dont nous avons besoin, c’est d’une unité dans la vérité, non d’une unité fondée sur les sentiments », a-t-il affirmé.

Le Père Okochi s’est également dit préoccupé par le manque de formation spirituelle des jeunes catholiques, souvent absorbés par les contenus en ligne et éloignés des communautés de foi.

« Si nous n’investissons pas en eux, nous perdrons la prochaine génération de catholiques », a-t-il averti, plaidant pour des retraites fréquentes, des ateliers éducatifs et des programmes de mentorat ciblant prioritairement la jeunesse.

« Une Église qui néglige sa jeunesse prépare sa chute spirituelle », a-t-il conclu.

Pour une gestion responsable et crédible

De son côté, le président national par intérim du Conseil des Laïcs Catholiques du Nigeria (CLCN), le juriste Mathias Braimo, a appelé à une gestion transparente, responsable et durable au sein des associations ecclésiales et de la société en général.

« Si nous ne pouvons pas rendre compte de nos ressources et agir avec transparence, nos membres ne pourront pas nous faire confiance. La mauvaise gestion financière détruit les structures et sape la crédibilité », a-t-il déclaré à ACI Afrique le 12 juillet.

Abah Anthony John