Advertisement

«L’Église doit être présente dans les prisons»: Un évêque à l’Île Maurice lors du lancement du Jubilé des prisonniers

L’année jubilaire 2025 de l’Église catholique offre une occasion pour l’Église d’être plus proche des prisonniers, a déclaré Mgr Jean Michaël Durhône, évêque du diocèse catholique de Port-Louis à l’Île Maurice.

Lors de son homélie du dimanche 20 juin, prononcée à l’occasion du lancement du Jubilé des prisonniers dans son diocèse, Mgr Durhône a appelé à la compassion, à l’inclusion et à une dignité renouvelée pour les détenus, dont beaucoup sont, selon lui, de jeunes personnes aux prises avec une dépendance à la drogue.

Pour Mgr Durhône, le Jubilé des prisonniers se distingue parce que l’Église n’attend pas que les prisonniers fassent un pèlerinage, mais c’est elle qui leur apporte le pèlerinage.

« Nos frères et sœurs en prison ne doivent pas venir à l’Église. L’Église doit être présente dans les prisons. C’est pourquoi il y a la foi au ciel, mais il y a aussi la foi en enfer, celui de la prison », a-t-il déclaré lors de la célébration eucharistique qui s’est tenue à la paroisse du Sacré-Cœur de Beau-Bassin, siège épiscopal.

Tout au long de l’année 2025, les diocèses du monde entier organisent des événements liés à cette initiative spirituelle annuelle que le pape François a officiellement lancée à la veille de Noël 2024 avec l’ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre.

Advertisement

À Port-Louis, chaque mois est dédié à un groupe différent de la société, notamment les familles, les malades, les jeunes et les travailleurs. Le mois de juillet est consacré aux prisonniers, que Mgr Durhône a décrits comme « souvent marginalisés et oubliés ».

Il a souligné l’urgence d’apporter espoir et réinsertion, citant des statistiques alarmantes.

« Sur les 2 877 détenus dans les prisons mauriciennes en mai 2025, 52 % ont entre 18 et 30 ans, et 96 % sont des hommes. Beaucoup de ces jeunes détenus sont victimes d’une crise croissante de la drogue. La majorité sont en prison à cause de la drogue », a déploré Mgr Durhône.

Il a ajouté : « Les accueillir comme le Christ, c’est écouter leur souffrance, la douleur de leurs familles, et les regarder non pas avec jugement, mais avec miséricorde. »

Le prélat mauricien, nommé évêque de Port-Louis en août 2023, a décrit la honte et le silence que subissent souvent les familles des détenus, appelant la société à briser ce stigmate et à reconnaître la dignité de chaque personne incarcérée.

Plus en Afrique

La mission de l’Église, a-t-il dit, n’est pas seulement spirituelle, mais aussi sociale : construire des ponts vers la réhabilitation et remettre en question les systèmes qui maintiennent les anciens prisonniers en marge.

Il a notamment abordé la réinsertion professionnelle, appelant à un dialogue avec les décideurs pour réformer la délivrance des certificats de moralité aux anciens détenus.

« Si une personne, même après avoir purgé sa peine, ne peut pas accéder à un emploi à cause de son casier judiciaire, alors la peine continue bien après la prison », a averti Mgr Durhône.

Il a également mis en lumière des initiatives déjà en cours dans les prisons, telles que la formation professionnelle et les expositions artistiques, qui, selon lui, aident les détenus à retrouver leur estime de soi et à contribuer positivement.

« La prison n’est pas seulement un lieu de confinement. Elle peut être un lieu de résurrection », a-t-il affirmé.

Advertisement

Le mercredi 23 juillet, le diocèse doit organiser un événement public axé sur la réinsertion et la reconstruction de vies après l’incarcération. Cet événement devrait inclure des témoignages d’anciens détenus et de familles affectées par la prison.

Mgr Durhône a souligné l’importance d’écouter — les prisonniers, leurs familles, ainsi que les réalités qui poussent les personnes dans le cycle de la criminalité et de la dépendance.

Il a lié ce travail du ministère en prison au message central de Matthieu 25 : « J’étais en prison et vous êtes venus me voir. »

Le chef de l’Église catholique a également salué la collaboration continue entre l’Église, la société civile et l’administration pénitentiaire.

Il a rappelé que le Jubilé offre une indulgence plénière — une grâce spirituelle — aux prisonniers, et a encouragé à réfléchir sur la possibilité que les gouvernements montrent des actes similaires de miséricorde durant cette année jubilaire.

« C’est un chemin d’espérance. Que ce Jubilé nous réveille à l’appel du Christ, lui-même condamné et emprisonné, mais qui a ouvert la voie à la résurrection et à la dignité pour tous », a-t-il imploré.

Le Jubilé des prisonniers doit se poursuivre jusqu’au dimanche 27 juillet, avec des visites pastorales, des sessions d’écoute, des confessions et des messes spéciales organisées dans tous les établissements pénitentiaires de Maurice et Rodrigues.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.